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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidentielle - Washington confirme les discussions avec la France pour une résolution antisyrienne au Conseil de sécurité Les États-Unis entendent « soutenir le droit du Liban à décider de son propre destin » (photo)

Les États-Unis et la France ont des discussions sur une possible résolution du Conseil de sécurité de l’Onu mettant en garde contre toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures libanaises, a confirmé hier une source américaine en se référant implicitement à la Syrie. « Nous discutons avec les Français d’une possible résolution du Conseil de sécurité pour soutenir le droit du peuple libanais à décider de son propre destin », a déclaré à des journalistes un haut responsable du département d’État, sous le couvert de l’anonymat. Le Liban a d’ores et déjà protesté contre un tel projet. Ce dossier pourrait être abordé lors d’une tournée que le secrétaire d’État adjoint chargé du Proche-Orient, William Burns, envisage d’effectuer du 8 au 16 septembre, a ajouté ce responsable. M. Burns compte se rendre en Syrie, au Liban, en Israël, en Égypte, en Jordanie et enfin à Londres pour des entretiens avec des responsables libyens, a-t-il indiqué. Il est attendu à Beyrouth le 12 septembre, mais cette date avait été fixée avant les récents développements dans le cadre du processus de l’élection présidentielle au Liban. De son côté, le porte-parole du département d’État américain, Richard Boucher, a indiqué qu’il y avait « des discussions avec la France et d’autres membres du Conseil de sécurité » sur ce sujet, mais il s’est refusé à donner plus de détail et n’a pas voulu « prédire » ce qui pourrait en sortir. M. Boucher a renouvelé la demande américaine de voir les forces syriennes évacuer le Liban. « Il est temps que toutes les forces étrangères soient retirées du Liban », a-t-il dit, soulignant que « le peuple libanais a le droit de décider de son avenir sans ingérence extérieure ». « Nous sommes très soucieux de l’avenir du Liban. Nous avons des discussions sous différentes formes avec la Syrie. Des responsables vont devoir faire parvenir à nouveau ce message à l’intention de Damas », a-t-il conclu. Les protestations du palais Bustros À Beyrouth, le ministère des Affaires étrangères a pour sa part fait savoir hier qu’il avait protesté auprès de l’Onu contre la préparation, par les États-Unis et la France, d’un projet de résolution demandant à la Syrie de retirer ses troupes du Liban et de ne pas s’ingérer dans la prochaine élection présidentielle. Le palais Bustros a jugé, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, qu’un tel projet constituait « un précédent dangereux qui va à l’encontre des lois et des règles internationales ». La lettre a été transmise par le biais de la délégation permanente du Liban à l’Onu qui avait informé le ministère du projet en gestation qui appelle, en outre, Damas à « cesser son soutien aux groupes terroristes » au Liban. « Ce projet, qui coïncide avec l’élection présidentielle au Liban, pourrait influer moralement sur le processus de cette opération et le Conseil de sécurité de l’Onu aura été utilisé comme instrument d’ingérence dans les affaires intérieures libanaises », estime encore le palais Bustros. Le ministère rappelle que la présence au Liban d’un corps expéditionnaire syrien de quelque 20 000 hommes est lié à l’accord de Taëf et à des accords bilatéraux « supervisés par les institutions légales spécialisées des deux pays ». « Aucune autre institution extérieure n’a le droit de (s’y) ingérer ou d’y imposer des amendements », souligne le texte. « Prétendre que la Syrie soutient des organisations terroristes au Liban va à l’encontre de la vérité car le rôle de la Syrie au Liban a toujours visé au renforcement des institutions sécuritaires officielles », ajoute le ministère. Selon lui, « la tentative de certains États de s’ingérer dans les affaires intérieures libanaises sous prétexte de respecter la Constitution à l’occasion de l’élection présidentielle cache des intentions politiques visant à déstabiliser le pays ». Le ministère demande à M. Annan de faire en sorte que ce projet ne soit pas débattu au Conseil de sécurité pour éviter « un précédent dangereux qui ferait sortir l’Onu de son rôle essentiel et le pousserait à s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays membre ». La Maison-Blanche avait de nouveau exhorté vendredi la Syrie à ne pas s’ingérer dans l’élection présidentielle au Liban qui doit, selon elle, choisir librement son nouveau chef de l’État. Feltman : Les députés doivent satisfaire leurs électeurs, pas l’étranger Toujours à Beyrouth, l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, a longuement évoqué hier la « déception » de son pays à la suite des derniers développements au Liban. « Cela fait un bon moment que les États-Unis ont clairement indiqué leur souhait de voir un Liban pleinement souverain et indépendant, un Liban où les décisions relatives à des élections libanaises reflètent la volonté du peuple libanais sans interférence extérieure dans le processus électoral », a déclaré M. Feltman lors de l’inauguration d’une manifestation économique. « Le Liban a un processus constitutionnel qui régit l’élection de ses dirigeants. Le peuple libanais mérite que l’on respecte cette Constitution. Il mérite de voir sa volonté prise en compte, et même imposée pour ce qui est de savoir qui va le diriger ». « Très honnêtement, les États-Unis ont été déçus par les récents développements », a poursuivi M. Feltman, selon qui la présidentielle « est une question intérieure libanaise ». « Je veux dire clairement que les États-Unis ne prennent aucune position au sujet des candidats à la présidence de la République au Liban. Aucun de nos commentaires ne doit être considéré comme étant pour ou contre telle ou telle personnalité. Tout ce que nous souhaitons, c’est que ce processus électoral, qui est en cours, reflète comme je l’ai déjà dit la volonté du peuple libanais », a-t-il ajouté. « Vous avez une presse très vivante et il est clair qu’il existe au Liban un débat sur les questions qui ont une telle importance nationale. C’est précisément de ce débat que doit sortir l’événement », a-t-il souligné. « Le Parlement libanais fera l’objet d’élections au printemps prochain. Les membres du Parlement sont censés rendre compte de leurs actions aux électeurs qui ont voté pour eux. Il est donc normal de s’attendre à ce que les députés, quand ils débattent de questions telles que l’amendement de la Constitution, votent dans un sens qui reflète ce que leurs électeurs leur disent et non pas ce que des étrangers leur disent », a dit M. Feltman. Prié de dire si les États-Unis comptaient « intervenir » dans le processus ou bien s’ils allaient se contenter d’exprimer leur « déception », l’ambassadeur a répondu : « Nous voulons que les Libanais décident (de l’élection présidentielle). Notre intention est d’adresser des messages à d’autres, pas de nous ingérer dans le processus ». À la question de savoir qui sont ces « autres », le diplomate a dit : « Je crois que vous savez parfaitement de qui je veux parler. Je peux vous assurer que nos messages privés à vos voisins (syriens) sont de la même teneur que nos messages publics ». « Nous croyons qu’il est dans l’intérêt de la Syrie autant que du Liban qu’ils aient des relations positives et constructives. Les deux pays ont une histoire et des intérêts communs. Mais nous pensons que ces relations doivent être basées sur le respect mutuel et la non-ingérence de l’un dans les affaires intérieures de l’autre », a-t-il conclu.
Les États-Unis et la France ont des discussions sur une possible résolution du Conseil de sécurité de l’Onu mettant en garde contre toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures libanaises, a confirmé hier une source américaine en se référant implicitement à la Syrie.
« Nous discutons avec les Français d’une possible résolution du Conseil de sécurité...