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FESTIVAL DE BAALBECK - Clôture avec Il Giardino Armonico Vibrante musique baroque (photo)

Dernière soirée du Festival de Baalbeck au temple de Bacchus avec une scène éclairée par une douzaine de candélabres aux branches multiples et l’énergisante présence de l’ensemble Il Giardino Armonico, mais pas toujours au meilleur de sa forme. Une quinzaine de jeunes musiciens, pour faire vivre, dans le haut lieu du dieu de l’ivresse et du vin, toutes les beautés, les nuances, les subtilités, les couleurs et les fastes sonores de la musique baroque. Voyage à travers l’Europe de 1587 à 1788 avec une musique élégante et raffinée, se contentant d’être techniquement correcte mais pas très habitée par une âme, reflétant tout l’esprit d’une époque mêlant les préoccupations de la Renaissance, les atmosphères de cour italienne et allemande, les élans de la foi, le sens chrétien de l’élévation et les paysages de la vie quotidienne entre danse populaire et battement de cœur humain… Le tout sur des partitions aux rythmes mesurés, aux mélodies soyeuses et douces. Voyage sonore par conséquent plaisant et aux éclats limités, puisque la musique de chambre ne permettait pas encore tous les épanchements, les excès et les démesures des romantiques pris par la fièvre et l’angoisse de vivre. Ont été interprétées des pages de Scheidt, Biber, Haendel, Vivaldi, Locatelli, et C.P.E. Bach. Ouverture avec une œuvre (Battaglia à 5) de Samuel Scheidt (un des trois S allemands avec Schütz et Schein !), maître de chapelle à la cour de Brandebourg et qui offre ici un exemple d’une écriture alliant modernité, sens du contrepoint et discrète influence italienne. Pour prendre le relais, passage en Autriche, avec une autre Battaglia (à 10) de Biber qui fut en son temps violoniste virtuose au service du prince évêque d’Olmütz ! Narration vive et véhémente avec un moment de flottement dans la partition avec des notes qui, à un certain moment, dérivent et littéralement gondolent (eh oui, ce n’est pas pour rien qu’ils sont appelés baroques, ces compositeurs !), et tout d’un coup, comme après l’éclaircie d’une tempête, tout rentre dans l’ordre, net et précis, et se déroule, soyeuse et d’une souveraine élégance comme si de rien n’était (à la trappe, la cacophonie !), une mélodie suave. Il est évident que le métier de musicien d’église ne suffisait pas au jeune Haendel (carrière à laquelle J.S. Bach restera totalement fidèle !), et on l’écoute ici dans un vibrant Concerto grosso en si bémol majeur op VI n°7 pour cordes et basse continue, mêlant délicatement une sorte de majestueux préambule dans un « largo » qui ne manque ni de tristesse ni de gravité. De ce prolifique «kapellmeister» de la cour de Hanovre, on savoure dans ce concerto, mené tambour battant, les diverses influences, notamment italienne et, plus légère, anglaise. Bavure du public pour des applaudissements inattendus entre deux mouvements (cela se reproduira, curieuse coïncidence, un peu plus tard, toujours avec du Haendel), mais il faut croire que ces pages ont un quelque chose de brillant qui enthousiasme l’auditoire… Magnifique Vivaldi, qui nous séduit en toute saison. Surtout quand la (petite) flûte a un gazouillis aussi joyeux et innocent avec le maestro Giovanni Antonini, toutefois pas toujours au souffle en diapason et au service de la partition… Du prêtre roux de Venise, on apprécie ce Concerto en do majeur rv444 pour petite flûte, cordes et basse continue qui déploie toutes les finesses de la Cité des Doges avec ses rythmes respirant les barcarolles filant sur les eaux grises de la Sérénissime République… De l’Italie au cœur d’Amsterdam, Pietro Antonio Locatelli, élève doué de Corelli, a trouvé un écrin merveilleux entre ces colonnes et les vieilles pierres, pour son Concerto en mi bémol op VII n°6 (Il pianto di Arianna) où grâce, invention mélodique et délicieux coups d’archet du violon ont une harmonie et une séduction particulières. Juste retour à Georg Friedrich Haendel dans un Concerto grosso en ré majeur (op VI n°5) où, une fois de plus, le public est si emporté dans le flot des notes qu’il lâche spontanément le «niagara» de ses applaudissements après un presto justement prestement enlevé… Pour terminer, une Sinfonia en si mineur wq 182 n°2 de Carl Philipp Emanuel Bach (peut-on décider d’un concert de musique baroque sans inclure un des clans Bach ?), le deuxième des quatre fils musiciens de J.S. Bach. Trois mouvements (allegretto, larghetto et presto) pour traduire les traits d’une personnalité qui s’est singularisée en son temps et qui ne craignait pas de montrer des sentiments et d’ « exposer » une sensibilité. Ardente, vive, animée d’un souffle qui n’a rien d’une froide galanterie, cette narration a du caractère et du tonus. De l’émotion forte dans l’air, c’est presque une porte de sortie pour le damier des notes baroques… Petit bis pour prolonger la magie de la soirée après les applaudissements insistants d’un public charmé. Le Festival de Baalbeck version 2004 a éteint ses bougies, mais les dernières mesures, même sages et douces, ont toujours un parfum pénétrant… Edgar DAVIDIAN
Dernière soirée du Festival de Baalbeck au temple de Bacchus avec une scène éclairée par une douzaine de candélabres aux branches multiples et l’énergisante présence de l’ensemble Il Giardino Armonico, mais pas toujours au meilleur de sa forme. Une quinzaine de jeunes musiciens, pour faire vivre, dans le haut lieu du dieu de l’ivresse et du vin, toutes les beautés, les...