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Actualités - CHRONOLOGIE

Pierre Gemayel à « L’Orient-Le Jour » : « Je serai le premier manifestant » Plus de 2 500 personnes pour commémorer le 20e anniversaire de la disparition du fondateur du parti Kataëb (photo)

«En 1943, Pierre Gemayel avait exprimé son opposition au haut-commissaire. Aujourd’hui, en 2004 nous exprimons notre opposition au gouverneur de la province. » C’est ce qu’a indiqué hier le député du Metn, Pierre Gemayel, à l’issue d’une messe célébrée à Bickfaya, commémorant le vingtième anniversaire de la disparition du fondateur du parti Kataëb, Pierre Gemayel. Le parlementaire a également appelé à un mouvement populaire contestant la prolongation du mandat du président Émile Lahoud, indiquant à L’Orient-Le Jour qu’il sera « le premier manifestant ». La messe, célébrée en l’église Saint-Michel, a rassemblé les membres de la famille Gemayel, notamment l’ancien président Amine et l’épouse du président disparu Béchir, les députés Farès Souheid, Henri Hélou et Antoine Ghanem, l’ancien député Gabriel Murr, l’ancien président du parti Kataëb, Élie Karamé, et quelques autres personnalités. L’événement a mobilisé un peu plus de 2 500 partisans de la base Kataëb, des fidèles venus de plusieurs régions du pays. Ils se sont massés à l’entrée de Bickfaya, pour se rendre en voiture à la messe, et ensuite à pied, de l’église Saint-Michel au domicile de l’ancien chef d’État. Certains portaient des tee-shirts à l’effigie du président Béchir Gemayel, d’autres du fondateur du parti. Hier, ce n’était pas uniquement des drapeaux aux couleurs de la base Kataëb et des FL ou encore des portraits de Pierre Gemayel (père et petit-fils) que la foule brandissait, mais aussi des banderoles contestant la reconduction du mandat de l’actuel président de la République, tel ce gigantesque calicot porté tout au long de l’office religieux sur le parvis de l’église : « Lahoud Go Home ». La messe a été célébrée par l’évêque maronite de Chypre, Boutros Gemayel, qui a rendu hommage dans son homélie au fondateur du parti Kataëb, « un géant qui a marché en 1943 de Gemmayzé pour retrouver – à la place des Martyrs – des rebelles de Basta, comme Riad el-Solh, afin de refuser le mandat français », a indiqué Mgr Gemayel. « Tout au long de sa vie, Pierre Gemayel a défendu la formule libanaise, il s’est battu pour que le Pacte national soit préservé et pour la sauvegarde du Liban », a relevé l’évêque maronite de Chypre. S’adressant aux pays « voisins, amis et ennemis », il a déclaré : « Il est dans votre intérêt de soutenir, sauvegarder et protéger le Liban, d’empêcher sa destruction et son démembrement qui risquent de vous affecter. » « Nous avons plus que jamais besoin de Pierre Gemayel actuellement ; nous avons besoin de véritables leaders, d’hommes », a-t-il conclu. À l’issue de l’office religieux, le député du Metn a pris la parole sur le parvis de l’église. Son discours a été accueilli tantôt par le slogan « Syrie dehors », tantôt par la phrase « Lahoud dehors ». M. Gemayel a indiqué qu’en « 1943, Pierre Gemayel avait exprimé son opposition au haut-commissaire, aujourd’hui, en 2004 nous exprimons notre opposition au gouverneur de la province », en allusion à l’influence syrienne au Liban. « Nous n’accepterons qu’un président de la République qui préserve la Constitution », a-t-il ajouté. Indiquant que l’élection présidentielle ne devrait pas constituer une occasion supplémentaire pour porter atteinte à la Constitution et à l’unité nationale, le député du Metn s’est dit « persuadé que la prolongation vise à porter un coup à la loi fondamentale, la seule qui nous reste ». M. Gemayel a appelé les parlementaires « à assumer leurs responsabilités » et à « prendre position avec le peuple qui leur demandera des comptes ». Dans le cas contraire, l’histoire les jugera et les désignera comme « des petits, des nains et des esclaves », a-t-il indiqué. « Notre bataille est une bataille nationale », a noté M. Gemayel, appelant « à un mouvement populaire dans toutes les régions du pays, contestant la décision insultante à l’égard de tous les Libanais ; une décision qui nous rappelle des dictatures faisant désormais partie du passé ». Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, le député du Metn a indiqué que malgré le vote en Conseil des ministres de l’amendement de l’article 49 de la Constitution, « rien n’a été joué car la décision a été prise à Damas, et que la rue libanaise ne l’acceptera pas ». Est-ce qu’il sera possible d’obtenir une minorité de blocage ? « Notre Parlement n’est certes pas capable de refléter réellement l’avis du peuple, sachant que beaucoup de députés ont été élus grâce aux bulldozers, mais nous sommes là pour mettre ces parlementaires en garde et les pousser à assumer leur responsabilité », a-t-il dit. « Dans le cas contraire, le président n’aura aucune légitimité et nous œuvrerons pour sanctionner les députés qui ont bafoué la Constitution », a-t-il ajouté. Il y a neuf ans, onze députés uniquement s’étaient opposés à l’amendement de la Constitution pour la prolongation du mandat de l’ancien président Élias Hraoui, pourquoi aujourd’hui un nombre plus élevé de parlementaires sera prêt à dire non ? « C’était une situation exceptionnelle, notamment avec l’occupation israélienne du Liban-Sud, aujourd’hui, la manière avec laquelle la décision d’amender la Constitution a été prise est insultante. C’est comme si le Liban (pays souverain) a été tout simplement annulé, rayé, comme si nous étions devenus une simple province syrienne », a indiqué M. Gemayel. Appelant le peuple à manifester, le député du Metn a indiqué à L’Orient-Le Jour : « J’étais réticent aux manifestations, aujourd’hui je suis sûr que je serai le premier manifestant. Beaucoup d’autres députés seront prêts à descendre dans la rue pour défendre la Constitution. » Dans ce cadre, les pourparlers avec les autres partis auront lieu au plus tôt, afin que des décisions soient prises. M. Gemayel tient encore à une idée : « Ce n’est pas en écrasant le Liban qu’ils vont gagner, notre pays a un rôle important à jouer. » « Le Liban, pays du dialogue, peut aider les autres pays arabes sur ce plan », a-t-il conclu. Patricia KHODER
«En 1943, Pierre Gemayel avait exprimé son opposition au haut-commissaire. Aujourd’hui, en 2004 nous exprimons notre opposition au gouverneur de la province. » C’est ce qu’a indiqué hier le député du Metn, Pierre Gemayel, à l’issue d’une messe célébrée à Bickfaya, commémorant le vingtième anniversaire de la disparition du fondateur du parti Kataëb, Pierre...