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Actualités - OPINION

Berry serait intervenu pour censurer le communiqué des leaders musulmans La suppression du paragraphe « fantôme » de Dar el-Fatwa sur la présidentielle a renforcé son impact

L’affaire du paragraphe « fantôme » qui a été supprimé in extremis lundi du communiqué de Dar el-Fatwa, publié à l’issue d’un « sommet » spirituel sunnito-chiite, suscitait hier beaucoup d’interrogations et de commentaires dans les divers milieux politiques. Le paragraphe en question exprimait le point de vue du mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, et celui du vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, en faveur d’un respect de la Constitution et d’une élection présidentielle fondée sur le consensus. Sa suppression in extremis n’avait pas empêché la plupart des médias d’en prendre connaissance et d’y consacrer leurs manchettes. Les observateurs soulignent d’ailleurs que les initiateurs de cette suppression ont complètement raté leur objectif puisque, loin d’avoir réussi à soustraire ce passage à la connaissance de l’opinion publique, leur action a abouti au contraire à ce que les projecteurs s’y braquent. Certains vont jusqu’à noter que si le texte n’avait pas été censuré de la sorte, son impact aurait été certainement moindre. Pour ce qui est de savoir qui a pris la décision de faire pression en vue du retrait du paragraphe incriminé et pour quelle raison, les spéculations allaient bon train hier, sans que l’on puisse cependant en tirer des conclusions définitives. Des sources informées n’écartent pas que le président de la Chambre, Nabih Berry, soit l’un de ceux qui ont entrepris des démarches dans ce sens. Ces derniers auraient eu pour objectif principal d’éviter que la prise de position issue du « sommet » sunnito-chiite ne soit interprétée comme faisant écho à celle du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, exprimée la veille, contre un amendement constitutionnel ouvrant la voie à une reconduction de l’actuel mandat présidentiel. On pense aussi que les initiateurs de la suppression du paragraphe étaient également animés par la volonté d’empêcher toute possibilité d’assimilition ou d’harmonisation entre le point de vue des chefs spirituels musulmans et celui de l’opposition antisyrienne. Certains expliquent qu’il s’agissait tout simplement d’éviter que les instances spirituelles musulmanes ne soient entraînées dans la polémique en cours dans le pays autour de la présidentielle. Quoi qu’il en soit, il reste l’autre question, celle de savoir pourquoi Dar el-Fatwa et le Conseil supérieur chiite avaient à la base ajouté ce paragraphe sur la présidentielle dans leur communiqué avant d’être amenés à le supprimer. Un homme politique souligne tout d’abord que l’inclusion initiale de ce passage était voulue et que les deux chefs spirituels concernés avaient bel et bien lu le texte tout entier avant sa publication et étaient donc parfaitement conscients de ce qu’il exprimait. Cette certitude conduit un autre politique à déduire que la décision d’inclure ce paragraphe répond à un besoin de faire parvenir à l’opinion un message politique bien déterminé derrière lequel Damas pourrait bien se cacher. Selon lui, la Syrie serait en effet désireuse de rétablir un certain équilibre sur la scène locale, équilibre qui aurait été mis à mal par certains membres du camp reconductionniste un peu trop zélés. Par leur précipitation, ces derniers auraient en effet nui aux tentatives syriennes de remettre à flot l’option de la reconduction, sans toutefois écarter les autres éventualités. C’est simplement le timing du communiqué de Dar el-Fatwa, publié au lendemain de la prise de position du patriarche maronite, qui aurait poussé certaines parties à juger préférable d’en exclure le passage sur la présidentielle, de crainte que celui-ci ne laisse penser qu’un front islamo-chrétien est aujourd’hui constitué contre un amendement constitutionnel. En tout état de cause, il ressort de ces considérations que Damas est jusqu’ici loin d’avoir tranché en faveur d’une option ou d’une autre et que toutes les éventualités demeurent ouvertes. Même si, pour le moment, la Syrie donne l’impression de vouloir placer la reconduction quelque peu en avant par rapport aux autres choix. Philippe ABI-AKL
L’affaire du paragraphe « fantôme » qui a été supprimé in extremis lundi du communiqué de Dar el-Fatwa, publié à l’issue d’un « sommet » spirituel sunnito-chiite, suscitait hier beaucoup d’interrogations et de commentaires dans les divers milieux politiques.
Le paragraphe en question exprimait le point de vue du mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid...