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Récession - plus 400 LL à la pompe, le prix astronomique d’une débandade Les protocoles d’échanges, un handicap pudiquement occulté

Le pétrole flambe. Quarante dollars le baril. Un record inégalé en 14 ans. Résultat immédiat : + 400 LL à la pompe. Cela n’a l’air de rien. Mais c’est entre deux fois et demie et quatre fois plus cher que partout ailleurs. Par exemple en Europe l’augmentation est de 8 centimes, soit 144 LL. La différence est d’autant plus marquée que le Liban, pays arabe, bénéficie d’un prix d’ami. Ou de frère. Pourtant, les 20 litres d’essence y sont maintenant à plus de 23 000 LL. Où va l’argent et son surplus ? Principalement, aux deux tiers, à l’État. Pour éponger la dette publique qui frise les 35 milliards de dollars ? Pas du tout. Pour payer l’Administration. Si mal faite. Et ainsi, d’endettement constant en coups durs, nous allons à la dérive vers les chutes du Niagara. Autre bonne nouvelle : le gouvernement signe à tour de bras des protocoles d’échanges économiques ou commerciaux qui favorisent les tiers. Et pénalisent lourdement la production locale. Car le principe courant de réciprocité désavantage, évidemment, le plus faible. Donc, le Liban. Puisqu’il importe à 80 % ses besoins et n’exporte, au mieux, que 20 % de sa production. Un industriel qui fabrique de la céramique et du papier peint (variété fait beauté autant que nécessité) s’en étrangle d’indignation : « Que veulent-ils, que cherchent-ils ? Voir les entreprises fermer ? Décupler le chômage, jeter des milliers de familles à la rue ? » De son côté, le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, rappelle que cette branche proteste, et se plaint, depuis des années sans jamais être entendue. Il souligne qu’en ratifiant, sans consulter les professionnels, les protocoles d’échanges, le pouvoir nuit à l’intérêt économique du pays. D’autant que les producteurs locaux qui tentent d’exporter se heurtent à de lourdes entraves financières. Ainsi, à cause des taxes dites de transit, le transport d’une cargaison en direction du Golfe revient à un Libanais quelque 2 000 dollars. Alors que dans le sens inverse, la facture n’excède pas les 1 400 dollars. De plus, note Abboud, il n’y a pas que les barrières douanières à franchir : il faut pouvoir concurrencer sur un marché arabe, notamment dans le Golfe, une production autochtone dont le coût de revient est de quelque 20 % moins cher. Grâce ou à cause, sans doute, d’un dumping camouflé rendu possible par une politique de subventions, de soutien financier étatique. Ici même, l’État aurait tout intérêt, en principe et s’il y voyait clair, à soutenir la production locale. Ne serait-ce que pour ne pas avoir à entretenir les bouches qu’elle nourrit. Or on laisse si bien aller les choses, que l’inflation a crevé le plafond des 80 % en dix ans, selon l’étude établie par la revue spécialisée al-Eemar wal-Iqtissad. Ce rapport-réquisitoire note que le taux de croissance décennal, depuis 1994, aurait dû être de 8 % et n’a jamais en fait dépassé les 3 % par exercice comptable annuel. Pendant ce temps, les foyers dépensent 11 % de leurs revenus en frais scolaires, contre 2 % en 1966, heureux temps révolu. La revue relève que, normalement, la dette publique, qui flirte avec les 36 milliards de dollars, n’aurait pas dû dépasser les 20 milliards. Mais parler de normalité dans un pays si bien dirigé, ce serait tout à fait anormal. Cependant, consolons-nous : Solidere, ce joyau de la couronne, confirme qu’il a réalisé en 2003 des bénéfices nets de 16,4 millions de dollars. J.I.
Le pétrole flambe. Quarante dollars le baril. Un record inégalé en 14 ans. Résultat immédiat : + 400 LL à la pompe. Cela n’a l’air de rien. Mais c’est entre deux fois et demie et quatre fois plus cher que partout ailleurs. Par exemple en Europe l’augmentation est de 8 centimes, soit 144 LL. La différence est d’autant plus marquée que le Liban, pays arabe, bénéficie...