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Actualités - OPINION

Pour certains, la foi dans l’indépendance a été remplacée par la banalisation de la soumission L’accoutumance à la servilité, une des causes majeures du mal libanais

La qualité du tissu politique n’a cessé de baisser durant ces vingt dernières années. À partir de ce constat, un prélat relève que les Libanais ne sont plus maîtres de leurs destinées. Qu’ils laissent la décision à autrui. Et que certains même vont le solliciter, le supplier, toute honte bue, pour qu’il foule aux pieds la souveraineté nationale. Ainsi que cette dignité dans l’indépendance, si chère jadis au cœur des Libanais. Une foi perdue, remplacée par la banalisation de la soumission. Ce qui est, évidemment, facilité par le fait que la définition même de la libre autonomie divise le pays. Certains estiment en effet qu’elle n’est en rien altérée, au contraire même à leur avis, par le recours à des forces non libanaises déployées sur le territoire national. Alors que les autres pensent que non seulement il y là violation de souveraineté, mais aussi qu’une sécurité empruntée, fatalement factice, n’apporte aucune garantie de pérennité. Le dignitaire religieux, continuant à mettre le doigt sur la plaie, répète que la démission de volonté propre et d’indépendance s’est banalisée au point que même dans les questions nationales cruciales on fait appel à autrui, dont l’emprise sur la caste politique locale s’exerce par des pressions ou par des cadeaux déterminés. Ainsi, un député gagne son strapontin sans avoir besoin des voix des électeurs. Par la grâce du parachutage. Même le chef de l’État n’est pas vraiment élu, mais son nom impérativement communiqué à la majorité, docile, des députés. Il en va de même pour un ministre, et pour tout responsable ou dirigeant d’ailleurs, qui ne gagne pas ses galons par ses mérites, mais par la faveur insigne des décideurs étrangers. De la sorte, quand des fautes ou des erreurs sont commises, personne n’ose demander des comptes à des coupables qui sont hautement protégés. Dans ce cadre, c’est une bien fausse démocratie qui s’exerce au Liban, où rien n’est valablement contrôlé. Cette personnalité regrette encore une fois la disparition des hommes d’État qui faisaient la fierté du Liban. Des leaders courageux autant que clairvoyants, qui ont su faire face au mandataire français, pour décrocher l’indépendance. Aujourd’hui par contre, selon le prélat, on n’entrevoit plus, en général et à de rares exceptions près, que de pâles ectoplasmes sur la scène politique libanaise. Des êtres sans aucun sens de la volonté nationale. Et qui s’aplatissent même quand il s’agit d’une échéance aussi importante que la présidentielle. En avouant sans vergogne qu’ils sont absolument résolus à se soumettre à tout ce que les décideurs pourraient leur demander. Même quand cela va à l’encontre de leurs convictions propres. Cela sous prétexte de ne pas ébrécher ce qu’ils appellent la ligne nationale. Label qui est d’ailleurs un contresens, puisqu’il s’applique à une orientation dictée par l’étranger et qui n’a rien de national. Une attitude indigne d’adultes qui se présentent comme des mineurs incapables d’assumer leurs responsabilités. Et qui, en fait, courent surtout après leurs intérêts personnels ou particuliers. Citant un exemple de la dignité nationale de jadis, le prélat rappelle que Fouad Chehab avait refusé de se rendre au Caire ou même à Damas auprès de Nasser. Et n’avait accepté de le rencontrer que dans le no man’s land frontalier, à Masnaa. Parallèlement, nombre de pôles libanais s’étaient opposés, toujours au nom de la dignité nationale, au parachutage de Chehab par les Américains. Et il y avait eu vote serré, avec ballottage, entre lui et Raymond Eddé à la Chambre. Par la suite quand Dean Brown avait proposé au Amid la présidence, à condition qu’il accepte les troupes syriennes, il avait refusé le cadeau. Dernier sursaut notable : en 88, le parachutage syro-américain de Daher avait été rejeté. Mais après Taëf, et progressivement, l’aile agréée a lâché les rênes, pour les remettre aux décideurs. En avilissant le pays, conclut cette source. Émile KHOURY
La qualité du tissu politique n’a cessé de baisser durant ces vingt dernières années. À partir de ce constat, un prélat relève que les Libanais ne sont plus maîtres de leurs destinées. Qu’ils laissent la décision à autrui. Et que certains même vont le solliciter, le supplier, toute honte bue, pour qu’il foule aux pieds la souveraineté nationale. Ainsi que cette...