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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise - Le leader du PSP secoue le cocotier Joumblatt contre la reconduction... de la cohabitation présidentielle

Une fois de plus, Walid Joumblatt fait sensation. En lançant de multiples pavés dans la mare. Allant à contre-courant, dans des déclarations au Safir, il fait front à cette vague reconductionniste renaissante dite (par Frangié) des 60 %. Mouvement qui a pris corps à la faveur des concertations préélectorales engagées à Damas avec diverses personnalités libanaises par le président Assad. Au sujet de la « libanisation », Joumblatt observe qu’après un signal donné dans ce sens il y a deux mois, on prend aujourd’hui le chemin inverse. Il en veut pour preuve, justement, les propos tenus par le ministre de la Santé. Dont les indications reflètent, à son avis, tout le contraire de la libanisation. Joumblatt doit être consulté à son tour au palais des Mouhajirine comme un grand, en même temps presque que les présidents. Il prend donc les devants. Il proclame haut et fort que la reconduction, ou la prorogation, du mandat du président Émile Lahoud mènerait tout droit à l’abattement, à l’affaissement. Usant de ce terme d’« ihbat » appliqué à la déprime de l’Est politique depuis Taëf. Pour le leader de la Rencontre démocratique, chef du troisième bloc parlementaire en nombre, le respect de la Constitution implique qu’il ne doit pas y avoir, en principe, de reconduction. Allant plus loin, il affirme que le maintien simultané de Lahoud et de Rafic Hariri au pouvoir signifierait la prorogation de la crise intérieure pour six nouvelles années. Ce qui serait absolument catastrophique, martèle-t-il. Il se montre tellement monté contre ce qu’on appelle (à tort) la cohabitation qu’il jure de n’engager son groupe dans aucun cabinet Hariri qui ferait suite à une éventuelle reconduction du mandat présidentiel. Mais en pratique, comment réagirait-il à un amendement de la Constitution ? Joumblatt répond en indiquant qu’il préfère jouer la surprise au niveau de l’attitude que son bloc adopterait à la Chambre. Il n’écarte pas la possibilité d’une abstention de vote, comme en 1998. En répétant qu’il ne veut rien dévoiler, rien gâcher de ce qu’il annonce comme une surprise. Pour souligner ensuite avec force que, pour lui, l’important, « c’est qu’on ne vienne pas nous dire : c’est ou Lahoud ou... ». Trois points de suspension équivalant à une menace qu’on lui lancerait. Il prévient qu’il prendrait un tel langage pour « une offense ». Joumblatt réitère son attachement au décalogue de conditions produit par son mouvement à l’adresse des candidats. Il insiste sur la protection de la Résistance, comme sur le refus d’envoyer l’armée dans la zone frontalière du Sud. Pour préciser qu’aucun postulant ne lui a encore fourni de réponse à ce questionnaire indirect. Assainissement de la relation avec Damas Débordant sur le thème majeur de la relation avec la Syrie, qu’il qualifie de stratégique, le leader du PSP souhaite la voir dépouillée de détails oiseux. De ces interventions fragmentées qui, à son avis, contribuent à susciter un climat populaire hostile. Il souligne qu’il est indispensable « de bien définir où se situent les intérêts stratégiques de la Syrie au Liban. Ainsi, du reste, que les intérêts stratégiques communs libano-syriens. Cela sur base d’une première nécessité : la protection de la Résistance, sa préservation face à l’offensive israélo-américaine. C’est bien après que viendraient les questions partielles, fractionnées, dans lesquelles le Syrien s’engouffre, s’implique. C’est d’ailleurs nous, à savoir la majeure partie de la classe politique libanaise, qui l’y avons introduit ». Il déplore vivement que ces petits jeux aient, en fait, pris le pas sur la ligne stratégique fondamentale. Un phénomène qui, répète-t-il, entraîne au niveau du climat populaire un malaise qui ne sert pas la cause de la relation avec la Syrie. Joumblatt constate à ce propos que, d’une manière générale, le camp chrétien rejette la présence syrienne. Pour se hâter de préciser qu’à la longue, les dérives relationnelles, qui altèrent ce qu’il appelle la ligne stratégique, risquent de plonger le camp mahométan dans le même état d’esprit négatif que le camp chrétien. Ce qui serait, à son sens, d’une extrême gravité. Les erreurs de trajectoire Passant à quelques considérations particulières, Joumblatt reconnaît que le président Lahoud a su représenter la meilleure des garanties nationales, ou panarabes, pour la Syrie. Mais il lui reproche aussitôt d’avoir mis sur pied « une équipe sécuritaire déterminée. Qui a perturbé l’Administration et la justice. Et dont l’action s’est recoupée avec certains intérêts syriens étroits ». Pour lui, il n’y a aucune raison de privilégier le choix Émile Lahoud. « Car il existe de nombreuses personnalités maronites qui présentent les mêmes qualités quand il s’agit de respecter les intérêts stratégiques de la Syrie au Liban. » Et qui, même, le feraient en laissant de côté les dérapages préjudiciables au pays. Il insiste : dire que seule la reconduction préserverait les intérêts de la Syrie procède, à son avis, d’une « logique erronée. » Pour soutenir enfin qu’entre la syrianisation et l’américanisation, il choisit pour sa part la libanité... arabe.
Une fois de plus, Walid Joumblatt fait sensation. En lançant de multiples pavés dans la mare. Allant à contre-courant, dans des déclarations au Safir, il fait front à cette vague reconductionniste renaissante dite (par Frangié) des 60 %. Mouvement qui a pris corps à la faveur des concertations préélectorales engagées à Damas avec diverses personnalités libanaises par le...