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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Le représentant de Moqtada Sadr à Beyrouth déplore le silence des régimes arabes Cheikh Hassan Zarkani : « Les Américains comptent envoyer les Moujahidis Khalq à Najaf » (photo)

Installé depuis quatre mois au Liban, cheikh Hassan Zarkani, représentant de sayyed Moqtada Sadr, avait commencé par s’y faire très discret. Mais au fur et à mesure que la situation se compliquait dans la ville sainte de Najaf, il a entamé une série de contacts et commencé à faire des déclarations aux médias arabes dans une volonté évidente d’expliquer la position du chef de l’Armée du mehdi, dans les milieux de Beyrouth, qui reste selon lui un havre de démocratie et un lieu de rencontre entre toutes les tendances religieuses et politiques. De Beyrouth donc, cheikh Zarkani déplore le silence des Arabes et adresse un vibrant hommage au pape, tout en se promettant de se rendre très bientôt auprès des dignitaires religieux chrétiens libanais. Le décor est sobre : deux portraits du leader chiite Mohammed Sadek Sadr (père de Moqtada) assassiné par Saddam Hussein, une télé branchée sur al-Jazira et une salle dépouillée où des enfants entrent et sortent, intrigués par les visiteurs étrangers. Cheikh Hassan Zarkani affirme ne pas s’être réellement installé à Beyrouth, mais pour l’instant il fait comme si, en attendant une mission dans un autre pays, ou le retour à Bagdad. Ancien responsable du bureau d’information de Moqtada Sadr à Bagdad et fondateur du quotidien al-Haouza que « Paul Bremmer a fermé en mars dernier », tient-il à préciser. L’homme a dû quitter les lieux à la suite des vagues d’arrestations et d’assassinats des membres de l’Armée du mehdi dans la capitale irakienne. C’est alors que le jeune responsable a estimé que sa présence serait plus utile dans un autre pays, notamment au Liban, où la communauté chiite est très active et où la tolérance reste le mot d’ordre général. D’ailleurs, l’ayatollah Sistani a un bureau à Beyrouth, ainsi que l’imam Khamenei, l’ayatollah Bahr el-Ouloum et les principaux recours religieux chiites. De prochains contacts avec les religieux chrétiens L’arrivée de cheikh Hassan Zarkani à Beyrouth a quasiment coïncidé avec « la marche des linceuls » organisée par le Hezbollah en avril dernier. Mais cheikh Zarkani, qui reconnaît qu’il s’agit là d’un élan de solidarité extraordinaire avec Najaf, nie l’existence de liens particuliers entre l’Armée du mehdi et le Hezbollah. Il ne comprend pourtant pas les critiques dont a fait l’objet le Hezbollah à la suite de la « marche des linceuls », puisqu’il s’agissait, selon lui, d’une mobilisation en faveur des lieux saints de Najaf, et il considère qu’entre le Liban et l’Irak, il y a de nombreux points communs. « Nous souffrons tous les deux d’une occupation et, nous autres, nous ne faisons pas de différence entre l’occupation américaine et celle des Israéliens, souligne-t-il. De plus, le Liban a vécu une expérience similaire à celle que nous vivons actuellement, et l’Irak, comme le Liban, est un pays d’ouverture et de tolérance. Ce sont les occupants qui tentent de nous monter les uns contre les autres. Ce sont eux qui, d’une façon ou d’une autre, sont derrière les attentats contre les églises en Irak. Auparavant, en provoquant des conflits entre sunnites et chiites, ils voulaient susciter une guerre civile. Mais avec les attentats contre les chrétiens, qui sont une minorité ayant d’excellentes relations avec toutes les composantes de la société irakienne, ils souhaitent adresser un message à l’Europe et au monde occidental afin de les empêcher d’intervenir dans le dossier irakien. » Cheikh Zarkani a donc eu à Beyrouth des contacts avec le président de la Chambre Nabih Berry, avec sayyed Mohammed Hussein Fadlallah, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, le député Marwan Farès. Il compte bientôt rencontrer M. Hussein Husseini ainsi que les dignitaires religieux chrétiens pour les remercier de la position du Vatican et du rôle qu’ils jouent dans le dialogue entre les civilisations. Pour lui, c’est clair, les Américains veulent liquider l’Armée du mehdi parce qu’elle a osé dénoncer leurs manigances et leur mainmise sur le pays. « C’est vrai qu’au départ, les Américains nous ont débarrassés de Saddam Hussein, mais ils se sont très vite comportés en occupants, commençant là où s’était arrêté Saddam, affirme-t-il. À nos yeux, ils font maintenant pire que lui. Ils veulent combattre tout le peuple irakien, en se dotant de marionnettes et de mercenaires pour faire le sale boulot. Il y a ainsi ce gouvernement qui, de son propre aveu, ne représente pas la totalité du peuple irakien, et les anciens criminels libérés par Saddam qu’ils ont recrutés, ainsi que les “Moujahidis Khalq” (le groupe d’opposition iranien que protégeait Saddam Hussein) que j’appelle les “mounafikis Khalq” qui ont repris du service pour leur compte et qui sont les nouveaux mercenaires du régime. Même si, avec leurs forces conjuguées, l’équilibre n’est pas en notre faveur, nous poursuivrons la lutte jusqu’au bout, parce que tel est notre destin. » De bonnes relations avec l’ambassade au Liban Cheikh Zarkani ne trouve pas que les positions de Moqtada Sadr peuvent paraître incohérentes. « Nous voulons un pays où les citoyens peuvent vivre dignement et en paix, sans occupation ni interférences étrangères, souligne-t-il. Nous sommes forts de l’appui de la population qui a montré sa solidarité avec nos thèses, puisque, dans tous les coins du pays, des manifestations de soutien ont été organisées. Si nous avons accepté les conditions proposées par la délégation venue en mission de médiation, c’est que nous avons voulu montrer notre bonne volonté et la capacité des Irakiens à s’entendre entre eux, tout comme il s’agissait de préserver les lieux saints de Najaf. Mais c’est le gouvernement, qui est l’instrument des Américains, qui a de mauvaises intentions et qui veut empêcher tout accord. Il est déterminé à aller jusqu’au bout et nous n’avons d’autre choix que de résister. » Sur la position de l’ayatollah Sistani, cheikh Zarkani ne veut pas se prononcer. Il affirme être certain que l’uléma n’a pas minuté son intervention chirurgicale en fonction de la situation à Najaf. « De toute façon, il n’y a aucune rivalité entre l’ayatollah et Moqtada Sadr. Le premier est une référence religieuse et le second un jeune leader, et je ne crois pas que l’ayatollah puisse avoir des pensées de ce genre. » Selon lui, la situation est actuellement très grave. Les Américains ayant mobilisé leurs forces à Najaf, ils s’apprêtent à envoyer « leurs mercenaires irakiens pour les combats de rue dans les lieux saints, pour provoquer une guerre interirakienne et imputer aux Irakiens la destruction de ce haut lieu du chiisme. Mais nous comptons beaucoup sur l’éveil populaire. Hier, les tribus d’Irak ont publié un communiqué refusant toute invasion de Najaf et ils s’apprêtent à organiser un sit-in dans les lieux saints ». Cheikh Zarkani affirme avoir de bonnes relations avec l’ambassade d’Irak au Liban. « Je parle avec les responsables de cette ambassade des problèmes des Irakiens détenus au Liban. Bref, nous avons des points en commun. » Il se déclare aussi satisfait du fait que la plupart des chefs de parti et de communauté ont refusé de rencontrer Iyad Allaoui (le Premier ministre irakien) lors de sa visite à Beyrouth. Mais il est prêt à se conformer aux directives des autorités libanaises, pour lesquelles il ne veut surtout pas être un poids. « D’ailleurs, je ne dis rien de plus que ce que disent des leaders de ce pays. » À cet égard, il rend un vibrant hommage au président Bachar el-Assad, qui a osé demander le retrait de l’occupant américain de l’Irak, malgré les pressions exercées sur lui, alors que la plupart des autres pays arabes se taisent même devant les atrocités commises à Najaf. « Mon rôle est justement de tenter de montrer la réalité des faits et d’attirer l’attention des Arabes sur ce qui se passe en Irak et à Najaf en particulier. Mais le chemin est encore long », conclut-il Scarlett HADDAD
Installé depuis quatre mois au Liban, cheikh Hassan Zarkani, représentant de sayyed Moqtada Sadr, avait commencé par s’y faire très discret. Mais au fur et à mesure que la situation se compliquait dans la ville sainte de Najaf, il a entamé une série de contacts et commencé à faire des déclarations aux médias arabes dans une volonté évidente d’expliquer la position du...