SEPTIÈME ART «Private», de l’Italien Saverio Costanzo, lauréat du Festival de Locarno

Private de l’Italien Saverio Costanzo a obtenu samedi à l’unanimité le Léopard d’or, la plus haute distinction de la 57e édition du Festival international du film de Locarno (Suisse). Le film relate l’histoire d’un Palestinien, Mohammed, qui vit avec sa famille dans une maison située entre un village palestinien et une base israélienne. Lorsqu’une section de l’armée israélienne décide d’investir son domicile, Mohammed refuse de quitter les lieux. Désormais la famille va vivre au salon et les militaires à l’étage supérieur. Inspiré d’un fait divers, le film évoque dans un style proche du documentaire la frustration de la famille palestinienne, sa peur, ses colères et sa résistance face à l’intrusion des soldats. Il s’agit du premier long métrage de fiction de Saverio Costanzo, né en 1975, qui avait déjà réalisé deux documentaires. Le réalisateur a passé six mois en Israël pour élaborer son scénario. Private a également reçu le Léopard de la meilleure interprétation masculine, décerné à son interprète principal Mohammed Bakri. Dix-huit longs métrages venant de 17 pays concouraient cette année pour le Léopard d’or. Le prix spécial du jury a salué Tony Takitani du Japonais Jun Ichikawa. Dans ce long métrage, Tony épouse Eiko, une jeune femme obsédée par les vêtements. Après le suicide d’Eiko, Tony met une annonce pour trouver une femme qui accepte de porter les centaines d’habits de la défunte. Soignant décors et costumes, Jun Ichikawa, dont c’est le 15e film, pose un regard implacable sur la vie d’un homme rongé par la solitude et les regrets. Un Léopard d’argent est allé à En garde de l’Allemande Ayse Polat. Née en 1970, la cinéaste raconte le drame d’Alice, 16 ans: elle souffre d’une maladie de l’audition qui amplifie les bruits environnants. En garde a également reçu le Léopard de la meilleure interprétation féminine, décerné à ses deux jeunes actrices Maria Kwiatkowsky et Pinar Erincin. Un deuxième Léopard d’argent a récompensé Dastan Natamam (Story Undone) de l’Iranien Hassan Yektapanah. Le film met en scène un cinéaste et son cameraman qui cherchent à filmer des émigrants illégaux. Le premier film de ce cinéaste de 41 ans, Djomeh, avait obtenu la Caméra d’or au Festival de Cannes en 2000. Le jury de la compétition officielle était composé du cinéaste français Olivier Assayas, du photographe suisse René Burri, de l’acteur allemand Udo Kier, du critique et historien anglais David Robinson, de la réalisatrice pakistanaise Sabiha Sumar, de la productrice italienne Tilde Corsi et du réalisateur chinois Yu Lik-wai. Le prix du public est allé à The Syrian Bride (La fiancée syrienne) de l’Israélien Eran Riklis, qui décrit avec ironie et humanité le sort des druzes du plateau syrien du Golan annexé par Israël, à travers le problématique mariage d’une jeune fille. Le Léopard de la compétition vidéo a été attribué à Conversations de salon 1-2-3 de la Française Danielle Arbid. Comme cela avait été le cas pour la Palme d’or de Fahrenheit 9/11 de Michael Moore à Cannes, la presse, présente à Locarno, s’est demandée si Private avait été primé pour des raisons d’ordre politique plutôt que pour ses qualités artistiques. «Nous cherchons de bons film (et) les films peuvent être bons parce qu’ils ont une forte histoire, parce qu’ils ont un message politique fort» a répondu David Robinson. Private a été récompensé pour ces qualités formelles, au vu de son originalité stylistique, a déclaré à l’AFP Olivier Assayas. La sélection a une forte coloration de films traitant de sujets politiques d’une façon quelquefois un peu conventionnelle a-t-il toutefois précisé. On est obligé de choisir parmi les films qui ont été sélectionnés.