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Actualités - OPINION

Vie politique - La Syrie se place dans l’orbite des pourparlers avec Washington Les concertations entamées par Damas visent à calmer le jeu libanais sans l’étouffer

Sélim Hoss puis Négib Mikati, et probablement d’autres un peu avant, à Damas. Deux thèmes dominent le cycle de concertations avec des personnalités libanaises que le président Assad vient d’entamer. D’abord, que toutes les éventualités restent ouvertes. Ce qui induit un jugement d’inutilité, d’inanité, de stérilité des polémiques liées à la présidentielle. Ensuite, que Damas continue à apprécier le président Émile Lahoud, à se féliciter de ses prises de position nationales et panarabes. Les personnalités reçues par le chef de l’État syrien en ramènent la confirmation d’une ferme volonté de renforcer la stabilité et le calme sur la scène locale. Afin que le débat sur l’échéance présidentielle ne produise pas de regrettables distorsions. Et ne provoque pas un surcroît de marasme. Les autorités syriennes multiplient donc les conseils d’apaisement. En souhaitant qu’on laisse de côté la controverse sur la présidentielle. Tout en soulignant que, pour peu que l’on mette de côté toute hargne et toute rancœur, il n’est pas mauvais que ce rendez-vous suscite des mouvements, une activité politique déterminée. Afin qu’on discerne clairement la libanisation du sujet. Cette position nuancée signifie, notamment, que les candidats potentiels peuvent se manifester, étaler leurs vues ou leurs programmes. Sans toutefois diriger leurs flèches contre le régime, en dénoncer les carences, en ignorer les réalisations. Qui, selon ces sources, sont d’autant plus appréciées par les décideurs qu’elles ont été accomplies dans des conditions nettement défavorables, dues principalement aux querelles du pouvoir, aux accrochages cycliques entre les présidents. L’opération tour de table actuelle tend également à montrer que Damas se préoccupe du point de vue des Libanais. Il souhaite connaître les choix des personnalités ou des forces actives qu’il invite à s’exprimer. Mais les derniers visiteurs confirment ce que l’on savait déjà depuis quelque temps : il est peu probable que les Syriens fixent leurs propres options avant la mi-septembre. Pour le moment, le président syrien devrait poursuivre ses rencontres avec les pôles locaux. Et conférer, entre autres, avec divers postulants virtuels, ainsi qu’avec des figures de proue maronites, cette communauté étant concernée au premier chef par la présidentielle. Le calendrier des concertations, estiment les sources citées, devrait prendre fin le 25 du mois en cours. Et englober, il faut le souligner, les problèmes de l’heure régionaux, ou internationaux, aussi bien que les questions purement libanaises ou bilatérales. Il s’agit en effet de faire un peu le point sur les relations, évidemment complexes, avec les États-Unis. Dans le cadre de la préparation de la reprise des pourparlers syro-américains, prévue pour le 27 à Rome. Des échanges dans lesquels le dossier libanais en général, celui de la présidentielle en particulier, a un rôle à jouer. On sait que le dialogue entre les deux puissances, entamé au début du mois à Washington, avait été suspendu le 7. En tout cas, selon des sources fiables, c’est en rapport avec le rendez-vous de Rome que le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, consulte Beyrouth pour remettre au président Lahoud un message circonstancié du président Assad. Qui n’oublie pas, dès lors, d’inclure les hautes autorités de ce pays dans sa quête d’une synthèse des points de vue libanais. Sans dévoiler le fond de sa propre pensée, puisque l’heure des choix n’a pas sonné. Mais des sources informées relèvent qu’au moment même où le chef de l’État syrien s’informe, des parties locales reviennent à la charge. Pour proposer derechef un amendement de l’article 49 de la Constitution. Afin que tout le monde puisse éventuellement se présenter à la présidence de la République. Dans l’esprit donc, apparemment, de la préservation de toutes les éventualités possibles. Dans la ligne de ce que Damas laisse entendre pour l’heure. Ces militants de la révision soulignent qu’en adoptant leur proposition, on ouvrirait la voie également aux hauts fonctionnaires. Ce qui signifie que le commandant en chef de l’armée ou le gouverneur de la Banque centrale pourraient se présenter, aussi bien que le chef de l’État et d’autres. On sait en effet que dans sa forme actuelle, l’article 49 interdit à de grands commis de l’État de postuler s’ils n’ont pas derrière eux, au moins, deux ans d’inactivité officielle, de mise à la retraite ou de démission. Les sources citées répètent que la Syrie attend de voir comment les choses vont se décanter dans la région, Et aussi de voir comment ses rapports avec Washington vont évoluer après Rome. Compte tenu du fait que les USA maintiennent la pression sur Damas. En matraquant, au sujet de la présidentielle, ou du retrait, des thèmes qui permettent de penser que les USA souhaitent voir s’établir un nouveau modus vivendi entre le Liban et la Syrie. Qui la joue cool, comme on dit familièrement. En faisant pression pour calmer le jeu sur la scène libanaise, tout en mettant la présidence de la République à l’abri de se contempteurs. C’est dans ce sens que se situe la visite de Chareh, Damas s’inquiétant des attaques lancées par certains de ses fidèles contre la présidence. Tout cela, selon les mêmes observateurs, afin de garder en main toutes les cartes possibles et imaginables, sans en gâcher aucune. D’une part, pour mieux négocier avec les Américains. Et d’autre part, pour avoir un large éventail de choix quand sonnera l’heure de la décision par rapport à la présidentielle libanaise. Philippe ABI-AKL

Sélim Hoss puis Négib Mikati, et probablement d’autres un peu avant, à Damas. Deux thèmes dominent le cycle de concertations avec des personnalités libanaises que le président Assad vient d’entamer. D’abord, que toutes les éventualités restent ouvertes. Ce qui induit un jugement d’inutilité, d’inanité, de stérilité des polémiques liées à la présidentielle....