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Actualités - CHRONOLOGIE

Coopération - Week-end chargé pour l’administrateur du Pnud, en visite à Beyrouth depuis vendredi Marc Brown à « L’Orient-Le Jour » : « Il ne faut pas négliger le problème de la pauvreté au Liban » (photo)

Dans le cadre de la visite officielle qu’il effectue au Liban, depuis vendredi, l’administrateur du Pnud, Marc Malloch Brown, s’est rendu samedi au Chouf, où il a inspecté deux projets soutenus par le Pnud, la bibliothèque nationale de Baakline et la réserve naturelle du Chouf. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, M. Brown a indiqué que « même si le Liban a progressé de trois places dans le classement du rapport mondial sur le développement humain, beaucoup reste à faire sur le plan socio-économique », soulignant que « le Liban est un pays à revenus moyens, mais il n’en demeure pas moins qu’on ne peut pas passer outre le problème de la pauvreté ». Se penchant sur les obstacles au développement dans le monde arabe, il a cité « le manque de liberté politique et de démocratie ainsi que la situation complexe en Irak, en Israël et dans les territoires palestiniens ». Marc Malloch Brown est anglais. Il est d’ailleurs le premier non-Américain à occuper le poste d’administrateur du Pnud. Une tâche qu’il assume depuis juillet 1999. L’actuel administrateur du Pnud cumule un autre poste au sein des Nations unies : à la demande du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, il a été chargé de mettre en place une politique de développement commune à toutes les agences onusiennes afin de parvenir à relever les défis du millénaire, notamment éradiquer l’extrême pauvreté avant 2015. M. Brown, qui s’est déjà rendu dans plusieurs pays arabes, effectue sa première visite officielle au Liban. Mais notre pays n’est pas une terre inconnue pour l’administrateur du Pnud. Il y a séjourné alors qu’il était étudiant en 1973. À cette époque, il avait fait « la Turquie, la Syrie et le Liban, en auto-stop ; j’étais un simple étudiant anglais », raconte-t-il. De plus, en 1977, au début de sa carrière aux Nations unies, M. Brown était en charge, au sein du bureau du Pnud à New York, des contacts avec l’antenne de l’agence onusienne à Beyrouth. « J’ai toujours été fasciné par le Liban », dit-il, relevant qu’il est venu certes pour prendre part à la réception consacrée à Yves de San, le représentant permanent du Pnud au Liban, dont la mission s’achève prochainement. « De plus, nos projets au Liban sont assez importants, il était nécessaire donc de venir sur le terrain, dit-il. Et quand on occupe un poste aux Nations unies, il est impossible que l’on ne s’intéresse pas au Moyen-Orient, où il faudrait que l’on passe beaucoup plus de temps ». L’administrateur du Pnud expose la particularité des projets de l’organisme onusien au Liban. « Ça fait une quinzaine d’années que la guerre s’est achevée, ce qui nous a permis d’effectuer beaucoup de travail relatif à la gouvernance, à la modernisation des administrations et au soutien des ministères », indique-t-il, ajoutant que « dans l’élaboration de nos projets, l’accent est mis également sur la pauvreté ; car même si le Liban est un pays à revenus moyens, on ne peut pas passer outre ce problème. » « Le Liban est aussi important dans le cadre des programmes de développement socio-économique dans les zones anciennement en conflit », poursuit-t-il. Mais le Liban, pays à revenus moyens, a-t-il vraiment besoin de l’aide du Pnud, alors que d’autres États plus pauvres ont besoin urgemment de l’assistance internationale ? « Le Pnud est présent dans plus de 140 États du monde, parmi lesquels figurent plusieurs pays à revenus moyens qui font face, comme le Liban, à beaucoup de problèmes en matière de développement », indique l’administrateur de l’organisme onusien. « Ici par exemple, la guerre a empêché le pays d’évoluer dans certains domaines, notamment la modernisation de l’administration, et elle a accru également les problèmes économiques et sociaux », relève-t-il. Et de souligner : « Le Pnud a encore beaucoup de travail à effectuer dans ce pays. » « De plus, le Pnud était opérationnel au Liban tout au long de la guerre; il était le premier à amorcer les projets de développement, bien avant la Banque mondiale ou l’Union européenne, voire bien avant d’autres agences onusiennes », relève M. Brown qui qualifie « d’excellentes » les relations entre le Pnud et le gouvernement libanais. Une chute compréhensible À la question de savoir pourquoi le Liban a dégringolé de plus de vingt places durant trois ans au classement de l’indice du développement humain, créé par le Pnud, pour finalement regagner trois places en 2004, M. Brown a brièvement évoqué la manière de mesurer les indices, l’importance des statistiques et surtout le manque de données chiffrées au Liban. Expliquant la manière de mesurer l’indice du développement humain qui a pour bases trois critères, la croissance, l’espérance de vie et le taux d’alphabétisation, l’administrateur du Pnud a indiqué qu’« il est dommage qu’au Liban - qui bénéficie d’indices d’espérance de vie et d’éducation assez élevés - les richesses ne soient pas équitablement distribuées ». Et de poursuivre que la chute du Liban au classement est « compréhensible quand on combine les indicateurs de croissance avec les indicateurs sociaux ». « Même si le pays a récupéré cette année quelques places au classement, beaucoup reste à faire, que ce soit sur le plan économique ou social », note-t-il. Le Pnud, qui publie depuis une quinzaine d’années ses rapports mondiaux sur le développement, a lancé il y a trois ans un rapport régional pour le monde arabe. Une publication qui fait scandale chaque année. Le document 2004 sera publié en octobre et aura pour thème « La démocratie et la liberté d’expression dans le monde arabe ». L’incompréhension entre l’Orient et l’Occident n’est-elle pas suffisante, faut-il encore y ajouter un sujet de controverse ? « L’idée de ce rapport vient de notre directrice régionale pour la zone, Rima Khalaf, qui est elle-même arabe et qui a voulu que les intellectuels de cette zone s’expriment sur leur propre région », explique l’administrateur du Pnud. « Pour que le monde arabe écoute, il fallait que des intellectuels de la zone fassent l’autocritique ; pour une fois, ce n’est pas l’Occident qui émet un jugement sur le Moyen-Orient, mais c’est comme si les intellectuels arabes prenaient un miroir pour regarder les problèmes en face, pour juger leur propre situation », ajoute-t-il. Est-ce que depuis la publication de ce rapport, le monde arabe a évolué ? « L’importance de ce document réside dans le fait que des milliers de personnes dans la région le discutent et qu’il stimule les changements. Il peut être considéré comme un précurseur de la réforme dans cette zone. Ce rapport ouvre la porte à la discussion et sème les grains du changement », indique l’administrateur du Pnud. À la question de savoir quelles sont les plus importantes difficultés auxquelles le Pnud fait face au Moyen-Orient, M. Brown souligne plusieurs points : « L’histoire de cette région qui n’a jamais été bien intégrée dans l’ensemble de l’économie mondiale, la situation politique et économique, l’absence de coexistence pacifique, notamment en Irak, en Israël et dans les territoires autonomes, le manque de démocratie et de liberté politique. » « Il y a des choix à faire pour réussir le développement », conclut-il. Patricia KHODER
Dans le cadre de la visite officielle qu’il effectue au Liban, depuis vendredi, l’administrateur du Pnud, Marc Malloch Brown, s’est rendu samedi au Chouf, où il a inspecté deux projets soutenus par le Pnud, la bibliothèque nationale de Baakline et la réserve naturelle du Chouf. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, M. Brown a indiqué que « même si le Liban a progressé...