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À Mousseytbé et Mazraa, c’était le calme plat (photo)

Un taux de participation relativement faible, notamment en milieu sunnite, un enthousiasme beaucoup plus prononcé pour la désignation des moukhtars que pour celle du conseil municipal, et beaucoup de bouchons dans les ruelles, d’ailleurs trop étroites. S’il faut choisir quelques caractéristiques pour désigner le processus électoral qui s’est déroulé hier dans les secteurs de Mousseytbé et de Mazraa, c’est bien celles-là. Un calme plat a prévalu dans cette partie de la capitale, engagée dans un duel bipolaire au niveau du conseil municipal entre la liste du président sortant, Abdel Menhem Ariss, et celle de l’opposition, emmenée par MM. Khaled Daouk, Sélim Yassine et les candidats aounistes, wakimistes et communistes. On est loin de la fièvre électorale qui a gagné des régions comme le Metn ou le Chouf. À Mousseytbé comme à Mazraa, tout au long de la matinée et jusqu’à 15h, les bureaux de vote sont restés pratiquement vides un peu partout, sauf peut-être du côté de la communauté grecque-orthodoxe, un peu plus motivée. De prime abord, le terrain semblait acquis d’avance au Premier ministre Rafic Hariri, dont les portraits tapissent les murs de Mazraa. Des dizaines de calicots lui rendant hommage sont accrochés un peu partout. Et même autour des bureaux de vote, c’est la machine électorale du Premier ministre qui est omniprésente, main dans la main avec celle du Hezbollah, qui fait la loi devant les urnes réservées aux électeurs chiites. Les calicots de la liste d’opposition sont nettement moins nombreux. Les habitants de Beyrouth refusent systématiquement de dire pour qui ils sont venus voter. Il est clair qu’ils ont fait leur choix à l’avance, et qu’ils savent en faveur de qui ils se sont déplacés, que ce soit en faveur de l’opposition ou de la liste loyaliste. Devant l’école secondaire de Fakhreddine, rue Abdel Ghani Ariss, l’un des bureaux de vote réservé aux électeurs sunnites à Mousseytbé, une femme voilée s’approche de l’un des scrutateurs communistes de l’opposition et l’interpelle : « Heureusement que j’avais ma liste préparée à l’avance. Je n’ai vu aucun de vos scrutateurs à l’intérieur du bureau. Il n’y en a pas, alors que vos adversaires distribuent leur liste sur place. » Si, à Zokak el-Blatt, on a ressorti pour l’occasion les hymnes nationalistes arabes, à Mousseytbé, près de l’école baptiste, bureau de vote principal des électeurs grecs-orthodoxes, on diffuse des chansons de Feyrouz, des frères Rahbani et de Wadih el-Safi. Beyrouth, métropole polyvalente, offre tour à tour différents visages. Mais on est loin d’Achrafieh. Ici, pas l’ombre d’un portrait du général Michel Aoun, ou, à plus forte raison, d’une croix FL. Les scrutateurs de la liste d’opposition sont rarement aounistes. Et lorsqu’ils sont membres du Courant patriotique libre, ils ne font pas d’exhibitionnisme. Ils sont cependant reconnaissables grâce à leurs petits brassards, sur lesquels est représentée la lettre grecque « Oméga », qui symbolise pour eux le signe de la résistance. De temps en temps, une voiture diffusant des chansons de Magida el-Roumi sillonne les rues. À Mousseytbé, quartier autrefois d’obédience nassérienne et de gauche, les scrutateurs de la liste d’opposition sont plutôt des sympathisants du Mouvement du peuple de l’ancien député Najah Wakim, ou du Parti communiste libanais. Mazraa semble de son côté être un fief haririen, si l’on se fie à l’étalage de portraits et au nombre de bureaux électoraux du Premier ministre. À l’intérieur des bureaux de vote, l’usage de l’isoloir est strictement respecté. Mais dans certains bureaux, les personnes chargées du dépouillement réclament étrangement à certains électeurs de ne pas fermer hermétiquement les enveloppes avant de les déposer dans les urnes. Des consignes qui ne sont – heureusement – pas toujours respectées. En définitive, à Mousseytbé, la bataille électorale est loin d’avoir déchaîné les passions et n’a apparemment que peu mobilisé les Beyrouthins. Aussi, la seule inconnue qui puisse susciter de l’intérêt reste-t-elle l’importance du vote chrétien en faveur de la liste d’opposition. Michel HAJJI GEORGIOU
Un taux de participation relativement faible, notamment en milieu sunnite, un enthousiasme beaucoup plus prononcé pour la désignation des moukhtars que pour celle du conseil municipal, et beaucoup de bouchons dans les ruelles, d’ailleurs trop étroites. S’il faut choisir quelques caractéristiques pour désigner le processus électoral qui s’est déroulé hier dans les secteurs...