Les milieux chiites appellent à une solution pacifique Le Hezbollah et Fadlallah stigmatisent « les massacres perpétrés par les forces US »

Le Hezbollah a exhorté hier les Irakiens à œuvrer de concert pour une solution pacifique à Najaf, où les combats font rage entre miliciens et forces américaines, et jugé nécessaire une action immédiate des États arabes et musulmans. « Les horribles massacres commis par les forces d’occupation américaines (...) nécessitent le plus haut degré d’unification et le rassemblement des facteurs qui permettront de les repousser et de défendre nos lieux sacrés », a estimé le Hezbollah dans un communiqué. « Toutes les parties irakiennes doivent agir efficacement avec sérieux afin d’empêcher les Américains de profiter de certaines circonstances pour réaliser leurs objectifs, et parvenir, en coopération avec les parties sincères, à une solution pacifique à Najaf et les autres villes irakiennes », a-t-il ajouté. Sans identifier les parties en question, le Hezbollah s’aligne visiblement sur la position du grand ayatollah Ali Sistani, figure emblématique des chiites d’Irak, qui a indiqué hier œuvrer avec toutes les parties concernées pour mettre un terme aux combats. La situation « nécessite une action des États arabes et musulmans pour faire cesser les massacres perpétrés par les forces d’occupation en Irak sous des prétextes illusoires », a ajouté le Hezbollah. Selon lui, « l’objectif des Américains est de faire tomber les symboles sacrés des musulmans, notamment dans la ville sainte de Najaf. La situation est très délicate et pourrait avoir de dangereuses conséquences, la moindre étant le règne du chaos ». Commentant les événements de Najaf, le guide spirituel des chiites, sayyed Mohammed Hussein Fadlallah, a insisté à son tour sur la nécessité de recourir aux moyens politiques et non à la force, rappelant que ce sont les méthodes pacifiques et notamment « l’intervention de personnalités religieuses, qui avaient contribué auparavant à résoudre le problème ». Sayyed Fadlallah a affirmé que « l’occupation en Irak a fini par entraîner l’Administration américaine dans une impasse politique issue de l’impasse sécuritaire, les États-Unis n’ayant pas pu remplir les promesses faites aux Irakiens ». Soulignant que les Américains « œuvrent désormais à protéger leurs soldats plutôt que d’assurer la sécurité du peuple irakien », il a indiqué que le problème majeur au sein de l’Administration US réside dans le fait que, « la situation politique actuelle, notamment dans la région du monde arabo-islamique et plus particulièrement en Irak, dépend étroitement des élections présidentielles ». Le dignitaire chiite a en outre fait remarquer que, « pour la première fois dans l’histoire, le gouvernement irakien intérimaire a donné le feu vert aux forces d’occupation pour envahir la ville de Najaf », qui, a-t-il dit, « représente le lieu saint le plus sacré chez les musulmans après La Mecque et Médine ». Stigmatisant le bombardement des « lieux de culte sans aucune réserve » et la politique musclée utilisée par l’armée américaine pour « prendre contrôle des lieux sacrés de manière directe ou indirecte », il a indiqué que le problème ne saura être résolu que par les moyens pacifiques, notamment en recherchant un terrain d’entente entre les différentes parties en présence. Selon lui, l’invasion de Najaf créera un problème grave non seulement en Irak, mais dans l’ensemble du monde islamique. Le chef religieux a enfin appelé tous les dignitaires musulmans, notamment chiites, à user de tous les moyens de pression afin de pacifier cette ville.