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Actualités - OPINION

Hariri tente de se faire plébisciter, comme en 2000

Ce fromage qu’on veut lui arracher, Hariri s’y accroche. En revêtant, à cette fin, plusieurs casquettes. D’abord, l’homme d’État qui fait appel au sens civique des citoyens, en les appelant à voter en masse. Ensuite, le champion de la coexistence qui demande que les panachages éventuels ne biffent pas une communauté déterminée. Enfin, et surtout, le leader politique. Qui, dans un acte de foi un peu étrange, invite les Beyrouthins à ne pas voter pour la liste coalisée qu’il parraine, tout en votant pour elle. C’est-à-dire que, précise-t-il, le oui doit aller, avant tout, à une ligne politique déterminée (la sienne bien entendu) et non à un quelconque plan de développement trivialement urbain. Une pierre (de plus) donc dans le jardin du régime, qui ne cesse de mettre en avant le caractère apolitique, essentiellement de développement, des municipales. Hariri y va de tout cœur et se dépense sans compter, en multipliant les meetings, les rencontres populaires plus ou moins improvisées. Il cherche manifestement à se faire plébisciter, comme aux législatives de l’an 2000. Pour conforter ses espérances de se succéder à lui-même au Sérail. Et pour colmater un peu les brèches ouvertes récemment avec le puissant concours des décideurs, dans son leadership national et sunnite. Il doit cependant redoubler d’efforts pour garder l’équilibre, car les peaux de banane qu’on glisse sous ses pieds ne manquent pas. Il a dû de la sorte se livrer à des acrobaties diplomatiques pour récupérer les six partis, dont l’initiative visait à sortir de son orbite propre. Habilement, il a évité toute réaction impulsive de rejet de l’initiative présentée au départ par ces formations. Il a négocié, en ne présentant qu’un seul veto, dirigé contre les Kataëb de Pakradouni. De plus, Hariri a accepté la candidature, pour un siège maronite, de Georges Tyan. Qui est apparenté à Gemayel, autre ennemi juré de Pakradouni. Le message adressé au camp dont le ministre phalangiste se réclame est on ne peut plus clair : no pasaran… Ni aux municipales ni à la présidentielle, côté reconduction. Il semble d’ailleurs que la coopération entre le Premier ministre et l’ancien président de la République ait été poussée plus loin. Jusqu’à Jbeil, plus précisément. Où les membres de la liste soutenue par Jean-Louis Cardahi affirment que Hariri est intervenu dans la bataille. En mobilisant contre le ministre proche du régime nombre d’habitants sunnites de la cité. Il aurait également sollicité le concours des électeurs arméniens et des militants du PSNS. La liste parrainée par Cardahi se dit aujourd’hui trahie, tout en soulignant qu’en remportant six sièges sur 15, elle n’a pas subi de déroute. Il reste évident qu’en ferraillant contre Cardahi à Jbeil, tout comme en excluant Pakradouni à Beyrouth, Hariri poursuit sa lutte politique de longue haleine contre le régime. Dont les partisans relativisent les points marqués (de fait ou potentiellement) par le président du Conseil. En faisant valoir qu’ils ont globalement emporté l’épreuve au Mont-Liban, dans le Metn surtout. Où, à leur tour, ils parlent de véritable plébiscite pour un de leurs étendards principaux, Michel Murr. Qui se présente maintenant comme le défenseur d’une ligne chrétienne modérée, inspirée par les vues, par la pensée, du chef de l’État. Cependant, selon ses visiteurs, le président Lahoud souligne sa neutralité totale dans le scrutin. En se félicitant de son bon déroulement, notamment au plan sécuritaire. Toujours selon les mêmes visiteurs, le président Lahoud estime qu’il est déplacé d’établir un lien entre les municipales et la présidentielle. Qu’il est même erroné de vouloir donner un contenu politique à une élection centrée sur le développement des localités. Il n’empêche que les loyalistes gardent la reconduction bien en vue. Constatant que la révision de l’article 49 C (Constitution) est unanimement rejetée, ils proposent non pas une retouche occasionnelle, pour une fois, mais tout bonnement le changement du système. Afin que le président soit désormais élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Philippe ABI-AKL
Ce fromage qu’on veut lui arracher, Hariri s’y accroche. En revêtant, à cette fin, plusieurs casquettes. D’abord, l’homme d’État qui fait appel au sens civique des citoyens, en les appelant à voter en masse. Ensuite, le champion de la coexistence qui demande que les panachages éventuels ne biffent pas une communauté déterminée. Enfin, et surtout, le leader politique....