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Interview - « L’unité de l’opposition est la condition même du changement », affirme l’ex-chef du parti Kataëb Élie Karamé : « Le vote à Beyrouth doit exprimer un refus de toutes les manipulations » (photo)

Depuis quelque temps, le chef de l’opposition Kataëb, Élie Karamé, également membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, fait de son mieux pour unifier les rangs de l’opposition. C’est pourquoi, dit-il, « la polémique entre les membres de l’opposition est très regrettable ». « Elle porte atteinte au moral de la population, à son espoir de voir des jours meilleurs, d’aspirer à un changement complet au niveau de la situation politique qui prévaut au Liban depuis plus de douze ans. Elle porte surtout atteinte à l’espoir d’une représentation correcte et juste de la population libanaise, ou tout au moins d’une partie de cette population », estime-t-il. Selon Élie Karamé, l’unité de l’opposition « est indispensable » pour un changement au niveau de la situation, « et les résultats des élections l’ont prouvé ». « Nous avons œuvré et agi depuis plusieurs mois en faveur de la réalisation de cette unité, et nous allons continuer à le faire. L’unité entre les différents courants de l’opposition est la condition même du changement au niveau des prochaines échéances », souligne-t-il. Concernant les municipales de dimanche dernier, celles du Mont-Liban, l’ancien chef du parti Kataëb dresse un constat nuancé, réaliste et empreint de sagesse : « L’unité de l’opposition a fait défaut dans certains endroits, mais il y a eu d’autres facteurs sociologiques qui ont influé, notamment au niveau du tissu familial, des naturalisés, ou encore des facteurs personnels et amicaux. Il s’avère que l’élection d’un membre du conseil municipal ne représente pas, pour beaucoup, un enjeu politique pour les citoyens. De nombreux Libanais opposants ont voté pour des personnes très valables intrinsèquement, mais qui n’étaient pas sur des listes d’opposition. D’autant plus que l’opposition n’avait décidé de participer au scrutin que dans certains endroits déterminés. » Et d’ajouter : « Peut-être était-il encore trop tôt pour politiser une telle échéance au Liban en raison de certains facteurs sociologiques, surtout que le tissu socioculturel libanais est différent du tissu socioculturel des pays d’Europe où les élections se jouent sur des bases politiques partisanes. » Élie Karamé ne veut pas polémiquer concernant les fondements de certains choix qui ont abouti à la désunion de l’opposition. Il pense cependant que « chacun aurait pu apporter sa pierre à l’édifice et faire de petits sacrifices pour permettre à l’unité de se parfaire ». Les municipales ont-elles dilapidé l’ensemble des acquis de la partielle du Metn, de 2002 ? « Non. J’espère que, lorsque les véritables échéances politiques se présenteront, les réflexes nationaux et salvateurs reprendront le dessus. J’appelle les Libanais à ne pas perdre espoir. Le combat se poursuit, au niveau national, vu l’importance et la gravité de l’enjeu. Il s’agit de sauver le Liban de sa déchéance actuelle, et il est du devoir de chacun d’entre nous de contribuer à cela. » Voter pour l’opposition à Beyrouth Concernant les élections de Beyrouth, M. Karamé affirme : « Nous sommes membres de l’opposition et nous avons travaillé pour parvenir à une attitude unie des opposants. À Beyrouth, il y a deux listes principales. L’une regroupe tous les symboles du pouvoir et représente M. Rafic Hariri, les services de renseignements et les partis prosyriens. En face, il y a une liste opposante présidée par M. Khaled Daouk et qui regroupe notamment M. Sélim Yassine et quatre candidats du courant aouniste, et il va de soi que nous l’appuyons. Et ce même si nous avons émis certaines réserves sur un ou deux membres de cette liste. Voter pour cette liste peut être interprété comme un vote protestataire vis-à-vis de la loi électorale, que ce soit au niveau des municipales ou des législatives, loi qui empêche certaines régions de Beyrouth de bénéficier d’une représentation saine et véritable. Et ceci est fait exprès, délibérément, par l’État libanais, qui pratique cette politique de marginalisation au niveau de l’ensemble du Liban depuis plus de douze ans. » Car, poursuit M. Karamé, « une partie du pays n’arrive pas à exprimer son point de vue d’une manière officielle, ce qui est nécessaire pour parvenir à un dialogue fructueux avec les autres parties, à une réconciliation nationale véritable et, partant, à un nouveau pacte national accepté par tout le monde. Les parties de l’autre bord sont empêchées de dialoguer avec Kornet Chehwane et les vrais représentants de la sensibilité chrétienne au niveau du pays ». Interrogé sur l’importance du vote chrétien dimanche à Beyrouth, Élie Karamé répond par un appel lancé à tous les Libanais, sans aucune distinction : « Ils doivent aller voter pour exprimer leur opinion et ne pas céder au désenchantement qu’ont pu susciter les élections du Mont-Liban. Il est absolument indispensable de montrer que nous refusons l’état de fait, que nous sommes contre le fait qu’une personne impose des membres chrétiens non représentatifs au sein du conseil municipal. C’est comme s’il nous fallait mendier un poste politique auprès de ceux qui dominent la situation en raison de lois électorales iniques ! » « Nous sommes des citoyens libres et nous refusons que quiconque nous impose sa volonté. Nous refusons ce que M. Ziyad Baroud a récemment appelé la “culture de la servitude”. Nous refusons d’adopter l’attitude des dhimmis et de nous battre entre nous pour des prébendes qu’on veut bien nous offrir ! Cela va à l’encontre de l’essence même du Liban, interaction entre les notions de liberté, de convivialité et de pluralisme », souligne-t-il. Pour Élie Karamé, le vote à Beyrouth « doit pouvoir exprimer le refus d’une certaine population, refus de toutes les manipulations qui ont abouti à la formation de cette liste ». Une liste qui cherche, selon lui, « à se faire passer pour consensuelle, alors qu’elle regroupe des membres du même bord et qui ont la même obédience. Tous ont le même chef d’orchestre qui manipule tout ce monde-là à sa guise ». M. H. G.
Depuis quelque temps, le chef de l’opposition Kataëb, Élie Karamé, également membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, fait de son mieux pour unifier les rangs de l’opposition.
C’est pourquoi, dit-il, « la polémique entre les membres de l’opposition est très regrettable ». « Elle porte atteinte au moral de la population, à son espoir de voir des jours meilleurs,...