Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

ANALYSE - Les candidats croient tous avoir leur chance pour la présidentielle Pour la Syrie, le choix n’est pas seulement une responsabilité, mais aussi un embarras

Le régime syrien n’a jamais autant mérité le surnom de sphinx. Pour les candidats à la présidentielle libanaise, sa position est un véritable casse-tête. À ses alliés qui viennent le sonder avant de présenter leur candidature, la réponse est identique : « Pourquoi pas, bonne chance. » Chaque candidat croit ainsi avoir de bons atouts pour arriver à la magistrature suprême, d’autant que les responsables américains ont ouvertement déclaré que la présidentielle libanaise est une affaire qui concerne les gouvernements libanais et syrien. Et si la plupart des candidats croient savoir qu’une reconduction ou même une réélection de l’actuel président ont peu de chances de se réaliser, tous reconnaissent toutefois que les responsables syriens n’ont pas encore émis une position claire à ce sujet. La reconduction reste donc une éventualité dont les candidats souhaiteraient réduire les chances, tout en essayant de déchiffrer la véritable position syrienne. Ceux qui connaissent bien les rouages du régime syrien estiment que, coincé de toute part, ce dernier est contraint de donner des signaux d’ouverture à la communauté internationale. Surtout au moment où il cherche à se rapprocher de l’Union européenne et espère accélérer le processus du partenariat euro-méditerranéen dans son volet syrien. Déjà, le changement a commencé dans la terminologie, puisque le président Bachar el-Assad ne parle plus de réforme, mais d’évolution et de modernisation, donnant ainsi la ligne directrice de son action. C’est ainsi qu’il aurait récemment formé un comité pour « moderniser le parti Baas ». On ignore encore quelle sera la véritable mission de ce comité, s’il s’agit par exemple de revoir l’ensemble de l’idéologie, ou simplement les méthodes, mais les observateurs considèrent que cette initiative ne peut qu’être le début d’un processus de longue haleine, visant à permettre à la Syrie d’obtenir l’appui de la communauté internationale. Pour les candidats à la présidence libanaise qui connaissent bien la Syrie, tous ces signaux sont certes intéressants, mais le véritable indice de l’ouverture de la Syrie en vue d’une plus grande démocratisation devrait se concrétiser au Liban, dans le cadre de l’échéance présidentielle. Déjà, l’encouragement tacite à la multiplication des candidats est un premier signe d’ouverture puisqu’il permet de croire qu’il y aura effectivement des élections, avec des candidats aux profils différents et aux chances sans doute inégales, mais avec un point commun, une conviction de la nécessité de maintenir avec la Syrie des liens stratégiques. C’est toutefois la première fois depuis longtemps que l’échéance présidentielle libanaise donne lieu à une telle multiplicité de candidatures. Et les milieux prosyriens ne se sont pas privés de saluer ce « climat démocratique », pour bien montrer le rôle de la Syrie dans cette apparence de libre choix laissé aux Libanais. Un point commun : l’alliance avec Damas Car, en toute logique, une personnalité qui croit n’avoir aucune possibilité d’être élue ne présenterait pas sa candidature. Mais justement, le plus curieux dans le tableau actuel, c’est que la plupart des candidats, déclarés ou non, estiment qu’ils ont de fortes chances de l’emporter. À condition toutefois que l’option de la reconduction ou de la réélection soit écartée. C’est donc sur ce point que se concentrent actuellement leurs efforts. Certains pensent qu’une telle hypothèse est impossible dans le contexte actuel et avec les pressions exercées sur la Syrie par la communauté internationale en vue d’une plus grande démocratisation. Elle irait à l’encontre de la tendance générale en Syrie même et du choix de modernisation des institutions pris par le président Assad. D’autres considèrent qu’un tel choix sera difficile pour la Syrie si le climat général libanais y est hostile, et ils s’emploient à ce qu’il en soit ainsi. D’autres, enfin, s’opposent surtout à l’amendement de la Constitution, affirmant qu’il faut cesser de la bafouer et de la traiter comme un vulgaire arrêté administratif. Les partisans de cette théorie avancent, pour étayer leur thèse, qu’il a fallu des années pour revoir un simple décret accordant la nationalité libanaise à des milliers de demandeurs qui, pour nombre d’entre eux, n’y avaient pas droit, sous prétexte qu’on ne peut pas revoir des décisions ministérielles sans raison valable et à la moindre critique. Que serait-ce alors lorsqu’il s’agit de la Constitution, qui reste une sorte de pacte national, qu’il faut préserver parce qu’elle scelle l’entente des Libanais ? Aussi intéressant soit-il, l’argument ne semble pas avoir convaincu les Syriens, puisqu’ils ne se sont pas encore prononcés. Et les partisans de la réélection du président Émile Lahoud considèrent que l’amendement de la Constitution n’est pas une violation de celle-ci puisque le mécanisme en est prévu dans les textes constitutionnels eux-mêmes. Et, selon eux, il serait temps d’en finir une fois pour toutes avec les problèmes qui se posent à chaque fin de mandat présidentiel, avec l’interdiction pour le président en exercice de briguer un second mandat, alors que ses autres partenaires au sein du pouvoir peuvent être réélus ou renommés indéfiniment. Enfin, pour eux, Émile Lahoud a fait ses preuves en tant que président et a montré que dans le tableau régional complexe, il reste le meilleur allié de la Syrie et un fervent adepte de la lutte contre la corruption. Chaque théorie a donc ses partisans, qui la défendent avec beaucoup de conviction, sans parvenir toutefois à obtenir l’adhésion claire des autorités syriennes, qui, elles, n’ont que l’embarras du choix, entre des candidats, qui, à quelques nuances près, ont des programmes plus ou moins similaires. Et c’est au moment du choix que se posera un véritable problème pour la Syrie. Comment faire avaler la pilule aux autres candidats, qui, jusqu’à présent, croient tous avoir de bonnes chances d’être élus ? Scarlett HADDAD

Le régime syrien n’a jamais autant mérité le surnom de sphinx. Pour les candidats à la présidentielle libanaise, sa position est un véritable casse-tête. À ses alliés qui viennent le sonder avant de présenter leur candidature, la réponse est identique : « Pourquoi pas, bonne chance. » Chaque candidat croit ainsi avoir de bons atouts pour arriver à la magistrature...