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Actualités - OPINION

Présidentielle L’heure des options n’a pas encore sonné du côté des décideurs

Ce politicien chevronné, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la façon de penser du pouvoir syrien, et qui a suivi de près les présidentielles organisées sous l’égide de Damas, se dit convaincu que le président Bachar el-Assad n’a encore rien choisi. Ni la reconduction, ni la prorogation, ni l’élection d’un nouveau chef de l’État, ou son identité. Donc toutes les options restent ouvertes. Opérant par déduction, la personnalité citée relève qu’au cas où le président syrien aurait déjà écarté la possibilité de la reconduction, il n’aura aucun mal à le faire savoir. En s’appuyant sur la proclamation de refus émanant de 45 députés sur 128. Ce qui représente tout simplement une forte minorité de blocage effectif. Puisque l’amendement de l’article 49 de la Constitution nécessite à la Chambre une majorité des deux tiers, voire des trois quarts dans un deuxième temps. Le président Assad aurait sans doute, dans la foulée, engagé des concertations, directes ou indirectes, avec les forces actives du pays, pour effectuer un premier tri des candidats. L’objectif étant de parvenir à une élection consensuelle. De même il aurait probablement prié le président Berry d’organiser le scrutin dans la première tranche du délai légal, entre le 24 septembre et le 24 octobre. Toujours selon la même source informée, le président Assad ne dispose pas encore de toutes les données internationales, régionales ou locales lui permettant de se forger une opinion arrêtée. Il ne prend en compte ni l’opposition des 45 députés ni le large courant populaire favorable à l’alternance démocratique pour le changement. Pour l’heure, il conseille à tous de respecter la trêve, d’éviter les tiraillements, de laisser la polémique de côté au moins jusqu’à septembre. Le temps que le tableau se décante suffisamment pour qu’une décision déterminée puisse être prise. Dans la même logique, poursuit ce professionnel averti, si le président Assad avait déjà opté pour la reconduction, il n’aurait pas invité les Libanais à exprimer leurs vues. Car il est bien placé pour savoir que la majorité des Libanais, Bkerké en tête, ne veut pas de la révision. Il n’aurait pas non plus laissé certains alliés se découvrir en annonçant leur candidature. Mais, au contraire, il leur aurait fait comprendre qu’ils auraient intérêt à rester en dehors de la lice. De plus si la reconduction avait été décidée, le processus constitutionnel aurait dû être déjà entamé. Le gouvernement en place aurait élaboré un projet soit de nouveau bail, soit d’une modification du système ramenant le mandat à quatre ou cinq ans renouvelables une fois. Auquel cas il y aurait une élection à laquelle le président en place pourrait participer face à d’autres postulants. Et si l’on ne veut pas que l’initiative vienne de l’Exécutif, on aurait mis en branle dix députés, pour qu’ils signent une motion demandant l’amendement. Motion qui, avant d’être adressée à l’Exécutif, doit être votée par les deux tiers des membres de l’Assemblée en première lecture ; par les trois quarts en deuxième lecture, c’est-à-dire en cas de renvoi du texte par le gouvernement. Qui a un délai de quatre mois pour répondre. On voit donc que la procédure aurait dû être engagée dans le courant de la session ordinaire du printemps ouverte en mars dernier. Car durant la prochaine session d’automne, certains juristes estiment que la Chambre ne peut pas légiférer, du fait qu’elle se transforme alors en collège électoral. Quoi qu’il en soit, le président Rafic Hariri pourrait se braquer contre la reconduction et refuser de signer le projet de loi. Il est cependant improbable qu’il défie la volonté syrienne. S’il le faisait quand même, en refusant de démissionner, on inciterait facilement 11 ministres à rendre leur tablier, et le gouvernement tomberait ipso facto. Car l’article 69 de la Constitution prévoit qu’en perdant un tiers de ses effectifs, l’équivalent de la minorité de blocage, le gouvernement chute automatiquement. En tout cas dans quelques semaines on devrait être fixé. Si la Syrie demande au Parlement de procéder à l’élection entre le 24 septembre et le 24 octobre, cela voudrait dire qu’elle veut un nouveau chef de l’État. Et si elle opte pour la reconduction, elle l’aura, que les règles soient respectées ou non. Émile KHOURY

Ce politicien chevronné, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la façon de penser du pouvoir syrien, et qui a suivi de près les présidentielles organisées sous l’égide de Damas, se dit convaincu que le président Bachar el-Assad n’a encore rien choisi. Ni la reconduction, ni la prorogation, ni l’élection d’un nouveau chef de l’État, ou son...