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FESTIVAL DE BAALBECK - Le ténor espagnol rencontre la presse dès son arrivée au Liban Placido Domingo tient sa promesse : se produire au temple de Jupiter

Il faut être de l’envergure et de l’affabilité d’un Placido Domingo pour effacer, par sa simple apparition, entouré de son agent, de sa discrète épouse et de certains des membres du comité du Festival de Baalbeck, les quelque 45 minutes d’attente qui ont précédé le début de la conférence de presse que le ténor espagnol a accordée dès son arrivée à l’hôtel al-Bustan. À peine débarqué de l’avion qui l’a emmené de Vérone, où il a donné, mercredi soir, un récital devant 15 000 spectateurs, à Beyrouth il a accepté de répondre aux questions pressantes d’une assistance pour le moins fournie, avant son récital de dimanche qui débutera à 20h très précises. Soixante-trois ans à peine visibles, c’est la pensée qui traverse l’esprit en écoutant cet homme à la forte carrure, aux cheveux presque blancs mais toujours fournis et à la gestuelle qui trahit aisément le métier qu’il exerce depuis 42 ans et qui l’a poussé sur le piédestal d’une authentique légende. « Pourquoi voudrais-je devenir orgueilleux ? J’ai la chance, par l’intermédiaire de la musique, de pouvoir apporter aux gens la paix, la félicité et même la santé. J’ai reçu des lettres d’anciens malades qui me remerciaient de chanter et disaient que mes airs leur avaient apporté la guérison. » Comme il l’a dit à Beyrouth en 1999, Placido Domingo ne sait pas quand il va arrêter de chanter. « En 2005, au Met, je chanterai dans Oreste et Iphigénie, dans Tamerlan et dans la création du Cyrano de Bergerac de Franco Afano, qui a achevé d’écrire l’opéra Turandot de Puccini. » Ce dont il est sûr, en revanche, c’est qu’il « aime tellement la musique » que, s’il devait renaître et choisir son destin, « très probablement » il aurait « fait le même métier ». Heureusement pour ses admirateurs, qui buvaient littéralement du petit lait lyrique. « J’aime particulièrement le football. Mais, ajoute-t-il avec un léger sourire, à 63 ans, je serai déjà à la retraite. » Famille nombreuse et bête de scène Chant et direction d’orchestre : pour l’artiste, « c’est la même chose. » « Mais j’ai encore le trac quand je dois chanter, alors que je dirige dans un grand calme. Je ne pense jamais à diriger quand je chante. Je suis simplement heureux d’accompagner l’orchestre. » Pour ce qui est de l’élaboration du programme, dont il n’est « jamais sûr », parce qu’il veut que « le public soit content », le chanteur glisse un « idéal » touchant, « répéter tout le répertoire avec l’ensemble et ne choisir qu’à la dernière minute une poignée d’airs ». Entre récital et opéra, son cœur ne balance qu’à peine : « Dans l’opéra, il y a la continuation d’un personnage, et puis je peux me cacher derrière le costume et le maquillage. Tandis que dans un récital, je me sens nu. C’est un peu difficile, mais le contact avec le public y est beaucoup plus fréquent. » Il ajoute, comme une manière d’enfoncer le clou : « En opéra, je suis une bête de scène. » « Me demander quel est mon opéra préféré, ce serait un peu comme demander à une mère de famille nombreuse espagnole, comme il en existait autrefois, lequel de ses huit ou dix enfants elle préfère, dit-il en souriant. Chaque soir, sur scène, le personnage que je chante est celui que je préfère, quelle que soit la qualité superbe ou normale de la musique qui m’accompagne. Je pense toujours qu’il s’agit de la plus belle mélodie possible pour que je puisse donner le meilleur de moi-même. » En matière de site, Placido Domingo répétera à plusieurs reprises son bonheur de chanter sur les marches du temple de Jupiter. « C’est un endroit magnifique, qui a accueilli les plus grands artistes. C’est sûr, c’est là que je voulais être. Je suis impatient d’aller dans ce lieu historique depuis des siècles et d’y chanter. » Le ténor, avec l’amabilité qui le caractérise, regrette « de ne pas connaître l’arabe ». « Pourtant, souligne-t-il sur le ton de la plaisanterie, avec le passé arabe de l’Espagne, je devrais parler cette langue. » Operalia au Liban ? Les dernières questions auront porté sur le destin des jeunes chanteurs au Liban. « Si vous avez du talent, que vous soyez au Liban, en Espagne ou en Italie, votre carrière se déroulera très bien en temps voulu. » Très attentif aux cassettes et autres supports que lui envoient des voix qui cherchent à percer, il annonce la tenue éventuelle et prochaine, au Liban, du concours Operalia, qu’il a créé en 1993, tandis que son agent fait les éloges de Walid Gholmieh et des musiciens de l’orchestre national, « de très haut niveau », qui l’accompagneront dimanche, sous la houlette d’Eugène Kohn. Domingo tient donc sa promesse faite à ses amis libanais : se produire à Baalbeck. Il sera accompagné, dimanche soir, de la soprano espagnole Ainhoa Arteta dans un programme en deux parties, la première consacrée aux grands airs d’opéra (Händel, Meyerbeer, Gounod, Verdi, Puccini et Cilea), la seconde aux zarzuelas (Penella, Luna, Moreno Torroba, Jimenez, Chapi et Sorozabal). D. G. L’Orchestre symphonique national libanais ce soir au temple de Jupiter Entre hommage et répertoire varié Placé sous la houlette du maestro Walid Gholmieh, l’Orchestre symphonique national libanais est à l’honneur cette année aussi au Festival de Baalbeck. Récidive d’un succès bien mérité. Après avoir laborieusement officié toute la saison dernière dans la capitale en groupant régulièrement un chiffre record de mélomanes, voilà que le temple de Jupiter l’accueille, de même qu’il accompagnera le grand chanteur Placido Domingo, pour une prestation unique, le dimanche 8 août 2004, mais placé, pour la circonstance, sous la baguette du maestro Eugène Kohn. Programme riche, comme d’habitude, avec des œuvres que les assidus de ces concerts ont déjà applaudi plus d’une fois et un répertoire nouveau qui ravira les amateurs de la belle et grande musique. En ouverture, hommage à Gabriel Saab, éminent membre fondateur du Festival de Baalbeck décédé l’année dernière et fin compositeur, dont on écoutera ici la Symphonie n°4 dans ses quatre mouvements. Ensuite place à des partitions colorées, vives, chatoyantes de Berlioz, Tchaïkovsky, Brahms, Vivaldi, Strauss, Dvorak, Rimsky-Korsakov et Sibelius. Joli panaché de notes qui embrasera le ciel de la plaine de la Békaa.
Il faut être de l’envergure et de l’affabilité d’un Placido Domingo pour effacer, par sa simple apparition, entouré de son agent, de sa discrète épouse et de certains des membres du comité du Festival de Baalbeck, les quelque 45 minutes d’attente qui ont précédé le début de la conférence de presse que le ténor espagnol a accordée dès son arrivée à l’hôtel al-Bustan. À...