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Actualités - OPINION

FLÉCHETTES C’est comme ça, on n’y peut rien

Le sens de la dignité nationale se perd, remarquent les évêques maronites. Ils ont bien raison. Sauf qu’on peut se demander s’il a jamais existé. Peut-être un peu en 88, quand on a envoyé paître les Américains et les Syriens, alors complices. Et encore, va savoir si le sursaut était alors plus patriotique qu’intéressé. On peut en effet se demander quelle aurait été la réaction « libanistique » si le choix extérieur était tombé sur un Michel Aoun ou un Samir Geagea. Retour à la déperdition actuelle, que les prélats pointent du doigt. Sans trop s’apercevoir, du reste, qu’ils devraient peut-être commencer par balayer devant leur propre porte. Parce que, en termes de doux yeux à l’égard de Damas, (où certains d’entre eux ont d’ailleurs été autorisés à se rendre pour « y faire leur cour », comme susurre tante Amélie,) les piliers de Kornet Chehwane ne sont pas en reste. Il en est même qui, tout en restant inscrits sur la « black list » syrienne, soutiennent en privé que le concept d’assainissement des relations, que Bkerké ne dénigre pas, suppose qu’il faut faire des efforts des deux côtés. Ce qui implique que la faute, ou l’erreur de trajectoire si on préfère arrondir les angles, est partagée. Cette culpabilisation autoflagellante relève du syndrome de Stockholm. Voire de la logique inversée qui rend la victime, ou son entourage, responsable de son malheur. Pour tout dire, en matière de droit, et la dignité en est un (essentiel), une attitude d’ouverture, de propositions, d’empathie, de sympathie même ne peut commencer que lorsque ce droit est au moins, dans un premier temps, reconnu par le vis-à-vis. Ce n’est pas encore le cas, hic et nunc. Il peut sembler regrettable dès lors que des candidats dits opposants, parfaitement « libanais », se réfèrent publiquement au chef de l’État syrien et à son feu vert de « libanisation » pour justifier leur démarche. Qui, autrement, aurait été aussi légitime que naturelle. Mais, à propos de nature justement, ce pays composite, régi par la loi du troc concessionnaire, ne peut produire que des lignes de compromis. Floues, forcément floues, voire équivoques. Même, et c’est là où le bât blesse, sur des principes premiers qui n’admettent pas de discussion. Ce phénomène, ce moule magnétique d’altération, d’aliénation, on ne peut vraiment y échapper que si l’on est un surhomme. Un Libanais différent en somme. J. I.
Le sens de la dignité nationale se perd, remarquent les évêques maronites. Ils ont bien raison. Sauf qu’on peut se demander s’il a jamais existé. Peut-être un peu en 88, quand on a envoyé paître les Américains et les Syriens, alors complices. Et encore, va savoir si le sursaut était alors plus patriotique qu’intéressé. On peut en effet se demander quelle aurait été...