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Actualités - OPINION

Confusion sur la scène locale Rumeurs sur une adjudication syrienne en base d’un cahier des charges US

On ne s’entend plus, aux deux sens de l’expression, dans cette tour de Babel qu’est le Liban politique marqué du sceau de la présidentielle. Chacun y va de son laïus, de ses propositions, de son analyse, voire de ses conditions. Alors que tout le monde sait, et les évêques maronites le constatent avec regret, que la décision est aux mains des Syriens. Qui sont eux-mêmes surveillés de près par les Américains. Comme les deux parties sont en pourparlers, certains prévoient qu’elles vont finir par s’entendre, au moins sur ce sujet relativement facile qu’est la présidentielle libanaise. Pour appliquer ce processus déjà expérimenté ici : une adjudication syrienne en base d’un cahier des charges américain. La désignation de fait reviendrait donc à la Syrie, sous réserve d’une approbation de Washington, qui garderait donc, comme jadis, non pas un bulletin de vote, mais un droit de veto. Une nuance cependant : cette fois, les critères du feu vert américain ne se rapporteraient pas à des considérations de personnes. Mais au respect des formes, sinon des principes conjointement énoncés par le président Bush et par son homologue français, le président Chirac. À savoir qu’il ne faudra pas que l’intervention syrienne soit flagrante. Par égard pour cette autonomie de choix libanais que d’ailleurs Damas s’est lui-même engagé à ménager. Mais, selon les bruiteurs de salon, une fois les apparences sauves, le pays se retrouverait avec un président venu en droite ligne, justement de la ligne prosyrienne dite nationale. Certains, un peu plus optimistes ou un peu plus convaincus par la volonté de correction de tir qu’affiche Damas depuis l’avènement de Bachar el-Assad, voient cependant dans le prochain président un homme plutôt indépendant, qui ne serait évidemment pas hostile à la Syrie, sans en être un féal. Autrement dit, pour ces personnalités, ce serait cette fois Damas qui aurait, plutôt que le droit d’élection, le droit de veto. Au stade actuel, tout est possible, comme l’indiquent les Syriens eux-mêmes. Qui s’étonnent de l’agitation des Libanais, alors que rien ne peut encore être décidé. Ni la reconduction ou son rejet, ni l’identité du prochain président. Quoi qu’il en soit, même à l’Est, on ne semble pas vouloir trop s’arrêter à la leçon de dignité nationale donnée par les évêques maronites. Dans ce sens que la plupart des professionnels admettent in petto, et agissent en conséquence, que tout est pratiquement dans les mains de la Syrie. Ainsi, l’on entend des politiciens naturellement opposés à l’amendement de la Constitution avouer qu’ils voteront la reconduction sans ciller si la Syrie en exprime le souhait. Ils ajoutent qu’il ne faut pas se faire d’illusions et que dans une Chambre majoritairement parachutée, il est évident que le mot d’ordre des décideurs, quel qu’il soit, sera fidèlement suivi. Courageux mais pas téméraires, certains indiquent que pour ne pas trop trahir leurs convictions, le jour de l’élection ils n’iraient pas à la Chambre s’il y a de la reconduction dans l’air. D’autres précisent qu’ils seraient en voyage. Une infime minorité laisse entendre qu’elle démissionnerait de la députation. Une charge démocratique que le député de Jbeil-Kesrouan, Abbas Hachem, tient à assumer avec conscience. Dans une approche plutôt inédite, ce parlementaire juge utile de revenir à la base. Il sillonne donc sa circonscription pour recueillir l’avis des électeurs sur la présidentielle afin de s’en inspirer au moment voulu. Selon ses premières impressions, beaucoup de gens réservent leur réponse, se montreraient attentistes ou même assez craintifs. Certains, selon le député, lui auraient resservi la fameuse équation tripartite, qui a les faveurs des reconducitonnistes : du moment que Berry et Hariri restent, pourquoi pas le président Lahoud. C’est un tout autre son de cloche, c’est le mot, du côté de Kornet Chehwane. L’un des piliers de la Rencontre soutient en effet que de jour en jour, la cote de la reconduction décroît. À son avis, la mesure serait éminemment impopulaire. Bkerké est contre. La caste politique y est majoritairement opposée à cause de différents contentieux avec le régime. Enfin, selon ce pôle opposant, la Syrie n’aurait pas intérêt à défier les Occidentaux qui prônent l’alternance. Philippe ABI-AKL
On ne s’entend plus, aux deux sens de l’expression, dans cette tour de Babel qu’est le Liban politique marqué du sceau de la présidentielle. Chacun y va de son laïus, de ses propositions, de son analyse, voire de ses conditions. Alors que tout le monde sait, et les évêques maronites le constatent avec regret, que la décision est aux mains des Syriens. Qui sont eux-mêmes...