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Actualités - REPORTAGE

Ce qu’ils en pensent MUNICIPALES DE BEYROUTH

En pleine bataille municipale au Mont-Liban, l’annonce du retrait de Abdel Hamid Fakhoury de l’échéance à Beyrouth a jeté un froid sur la fièvre électorale. À quelques jours du scrutin, la situation dans la capitale commence à ressembler à une victoire d’office, sans choix véritable pour les électeurs, ni possibilité de changement. M. Fakhoury, ancien PDG de la MEA, qui avait commencé avant tous les autres à travailler pour la formation d’une liste d’opposition unifiée, s’est brusquement retiré de la course. Dans une conférence de presse, il a expliqué les causes de sa décision, arguant de la difficulté de former une grande liste d’opposition. Il a ainsi critiqué la position floue du Hezbollah, celle de Tammam Salam et l’initiative des six partis, qui a pratiquement détruit, selon lui, les efforts en vue de la formation d’une liste d’opposition capable de tenir la route. Même si l’heure du grand déballage n’a pas encore sonné, «L’Orient-Le Jour» a essayé d’en savoir plus. M. Abdel Hamid Fakhoury, actuel membre du conseil municipal Q : En vous retirant de la course, n’êtes-vous pas en train de faire un grand cadeau à la liste de M. Hariri ? R : « Ce n’est pas pour cela que je me retire. En fait, il m’a semblé que je n’avais plus que cette possibilité si je voulais rester fidèle à mes principes. Lorsque Najah Wakim et le courant aouniste ont annoncé leur liste, les chrétiens indépendants se sont retirés de la bataille. Il ne me restait plus que la possibilité de former une liste musulmane. Ce qui est contraire à mes choix et à mes convictions. Et cela aurait renforcé l’argument selon lequel seul le président du Conseil est en mesure d’assurer l’équilibre à Beyrouth. En fait, dans la liste Wakim-Aoun, l’équilibre est de façade, et dans celle de Hariri, il est préfabriqué. Mais moi, je n’avais plus d’autre choix que celui de me retirer. À moins de former une liste musulmane. Pour moi, tous ces choix sont mauvais. » Q : N’aurait-il pas été préférable de vous entendre avec M. Assem Salam, pour former une liste d’opposition unique ? R : « Je travaillais depuis un mois et demi, multipliant les contacts avec les différentes parties et je pense que j’ai suffisamment de contacts pour attirer les chrétiens, peut-être pas les partis, mais les gens compétents, ceux qui souhaitent servir la ville. Et voilà que du jour au lendemain on me demande de travailler dans l’esprit suivant : moi je devrais attirer les musulmans et M. Assem Salam devrait attirer les chrétiens. Cela me paraissait là aussi contraire à toute ma carrière et peu conforme à la situation sur le terrain. Mais je ne pense pas que la faute doit en être attribuée à M. Assem Salam. Ce serait plutôt la responsabilité de M. Najah Wakim, qui avait pourtant joué un rôle essentiel dans la formation de notre liste en 1998 (Abdel Hamid Fakhoury avait été le seul à être élu de cette liste). À mon avis, c’est lui qui a commis une faute, cette fois. En ce qui me concerne, je considère avoir déployé de grands efforts pour la formation d’une liste d’opposition unifiée. Je dois reconnaître que j’ai échoué. » Q : Ne pensez-vous pas que l’attitude de l’ancien président du Conseil, M. Sélim Hoss, a été incohérente, et n’avez-vous pas le sentiment qu’il vous a laissé tomber ? R : « Je ne suis pas Sélim Hoss et je ne tiens pas à le défendre. Mais je pense qu’il est toujours resté cohérent avec lui-même. Il n’a pas voulu d’une alliance avec le courant aouniste et je n’ai pas du tout le sentiment qu’il m’a laissé tomber. C’est moi qui ai renoncé à me lancer dans la bataille. Car, lorsque j’ai voulu former une liste, je m’étais fixé des objectifs : créer un large front unifié d’opposition, avoir une liste équilibrée et adopter une méthode d’action différente dans l’action publique. Lorsque ces conditions n’ont pas été remplies, j’ai préféré me retirer. Si j’avais été un politicien, j’aurais sans doute pu arrondir les angles, mais comme je n’en suis pas un, j’ai voulu quitter la course. » Q : Que dites-vous aujourd’hui aux électeurs de Beyrouth, surtout ceux qui s’apprêtaient à voter pour vous ? R : « Je ne suis pas avec le boycott, ni avec les bulletins blancs. Il faut voter et choisir les gens qui peuvent améliorer l’action municipale. Il y a toujours des candidats qui, pris individuellement, sont très valables. Rien n’oblige les électeurs à voter pour une liste complète. » Chryssoula Fayad, électrice à Beyrouth Q : Comptez-vous exercer votre droit de vote ? R : « Je l’espère, si on me donne ma carte électorale à temps. J’ai présenté ma demande la semaine dernière et j’attends encore. Peut-être que je ne la recevrai jamais, puisque je suis passée par un bureau du CPL. Je ne suis pas une militante aouniste, mais une simple sympathisante, car, pour moi, c’est aujourd’hui la seule opposition valable, les autres me paraissant peu sérieuses. En tout cas, je ne compte pas voter pour des personnes, mais pour l’opposition. » Q : Abdel Hamid Fakhoury comptait former une liste d’opposition. Auriez-vous voté pour lui ? R : « Non, je vous l’ai dit. La seule opposition valable me paraît être aujourd’hui celle du CPL. C’est pour ses candidats que je vais voter. Même si je sais que mon vote ne changera pas grand-chose, mais, au moins, j’aurais le sentiment de faire quelque chose. C’est une sorte de vote de désespoir. » Q : Que pensez-vous lorsque le président du Conseil demande aux électeurs de voter pour la liste qu’il parraine afin de préserver l’équilibre confessionnel au sein du conseil municipal ? R : « Je n’y crois pas. Cela fait des années qu’on entend M. Hariri donner des conseils et faire des promesses, qui s’avèrent sans lendemain. J’en suis revenue depuis longtemps. » Q : Le CPL a noué une alliance avec l’ancien député Najah Wakim. Voterez-vous donc pour toute la liste ? R : « Non, uniquement pour les candidats du CPL. Pour moi, il s’agit simplement d’exprimer mon mécontentement et de cautionner ceux qui prônent le changement véritable. Mais je crois de plus en plus que je n’aurais pas ma carte à temps. » Scarlett HADDAD
En pleine bataille municipale au Mont-Liban, l’annonce du retrait de Abdel Hamid Fakhoury de l’échéance à Beyrouth a jeté un froid sur la fièvre électorale. À quelques jours du scrutin, la situation dans la capitale commence à ressembler à une victoire d’office, sans choix véritable pour les électeurs, ni possibilité de changement. M. Fakhoury, ancien PDG de la MEA,...