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Actualités - ANALYSE

ANALYSE - La légion de candidats, déclarés ou non, donne une apparence démocratique à l’échéance L’inconnue présidentielle : l’importance du facteur libanais dans le choix final de la Syrie

Dans la campagne présidentielle enflammée qui occupe actuellement le Liban, il y a les candidats déclarés, que tout le monde connaît désormais, et ceux qui travaillent en coulisses, refusant de participer à la violente polémique actuelle. Il s’agit notamment du ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, omniprésent sur les scènes arabe et régionale, et invisible sur la scène présidentielle, de Michel Eddé qui se démène sur plus d’un front en faveur des émigrés et pour la dynamisation et la restructuration de la Ligue maronite, et d’autres sans doute moins bien « cotés » dans la Bourse des présidentiables. Mais ce paysage en ébullition, dont les Libanais avaient perdu l’habitude, qui anime un été des plus mornes, n’est pas le fruit du hasard ou d’un soudain réveil de la conscience démocratique des Libanais. Derrière ce que certains qualifient aujourd’hui de « carnaval », il y aurait même une certaine cohérence, voire de la logique. Pour décoder un peu mieux ce qui se passe sur la scène libanaise, une source bien informée – et peut-être un peu concernée par la bataille présidentielle – remonte aux propos du président syrien Bachar el-Assad, qui a répété à plusieurs reprises que c’est aux Libanais de choisir leur futur président. Même si, pour certains, il ne s’agit là que de propos de pure forme, destinés à améliorer l’image de la Syrie auprès des instances internationales, les responsables syriens ne peuvent décourager leurs alliés lorsqu’ils leur font part de leur désir de se lancer dans la bataille présidentielle. En d’autres temps, ou si tel était réellement leur souhait, ils auraient pu leur déconseiller de présenter leur candidature, mais cette fois, ils n’ont rien dit de tel, ouvrant ainsi la voie à une multitude de candidatures, officielles ou non, émanant pour la plupart de leurs alliés. Les candidats potentiels s’engouffrent dans la brèche En voulant, au moins médiatiquement, augmenter le facteur libanais dans l’enjeu de la présidentielle, ils ont ainsi ouvert une brèche dans laquelle les candidats potentiels se sont aussitôt engouffrés, chacun à sa manière et selon ses propres considérations. Si les Libanais ont leur mot à dire dans le choix de leur président, autant commencer à préparer le terrain. Et s’il ne s’agit pas d’une consultation populaire, ce sont les pôles politiques, ou même religieux, qui pourraient donc avoir une quelconque influence sur la décision finale. C’est donc auprès d’eux essentiellement que la campagne locale se joue, d’où les visites régulières des candidats au président de la Chambre Nabih Berry, au président du Conseil Rafic Hariri, au leader du PSP Walid Joumblatt, au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et, bien entendu, au patriarche maronite Nasrallah Sfeir ainsi qu’à d’autres personnalités influentes. Dans ce contexte, les candidats et ceux qui les appuient ont intérêt à montrer qu’une éventuelle reconduction ou un renouvellement du mandat du président Émile Lahoud serait très coûteuse pour la Syrie, et ce, en tenant le discours suivant : « Ce ne serait pas une solution, mais si vraiment les Syriens y tiennent, on pourrait s’y résoudre. » En somme, personne ne ferme la porte à cette éventualité, mais si réellement le facteur libanais a un poids quelconque sur la décision finale, chaque partie veut donner son avis, selon ses propres intérêts. Mais au fond, les Libanais savent bien que le choix déterminant appartient aux autorités syriennes, qui ont leurs propres critères et leurs intérêts propres. À ce sujet, une source bien informée affirme que contrairement à ce que le climat général laisse supposer, les Américains ne chercheraient pas vraiment à peser sur la décision syrienne au sujet de l’élection présidentielle libanaise. Selon cette source, l’Administration américaine serait tout à fait consciente qu’en définitive, le futur président du Liban ne peut être, en tout premier lieu, qu’un allié stratégique de la Syrie dans l’étape actuelle. D’ailleurs, tous les candidats, déclarés ou non, s’inscrivent dans cette ligne politique. C’est pourquoi, toujours selon cette source, les États-Unis ne seraient pas vraiment intéressés par l’échéance présidentielle libanaise puisque leur marge de manœuvre reste limitée. Ils adoptent donc une position de principe, qui se veut assez ferme, car ils mènent officiellement la bataille de la démocratisation du Moyen-Orient. Tout en connaissant les limites d’une telle démarche dans la phase actuelle, notamment en Égypte, où le fils du président actuel gravit les échelons du pouvoir, et même en Irak, où le chef du gouvernement cherche à se doter de pouvoirs qu’on ne peut qualifier de vraiment démocratiques. Ils se contentent donc de lancer des signaux, sans être prêts à mener une bataille pour un candidat plutôt qu’un autre, en sachant que tous ont finalement, à quelques nuances près, un profil assez similaire sur le plan de la stratégie et de l’alliance avec la Syrie. C’est donc cette dernière qui tient le mot de la fin. Sur quel candidat se portera son choix et quelle sera l’influence des parties libanaises sur la décision finale ? C’est ce qui reste à préciser. Selon une personnalité hostile à la reconduction du mandat du président Lahoud, si ce facteur (libanais) ne devait pas avoir la moindre influence, aucune partie ne mènerait une campagne aussi claire contre une telle éventualité. Mais, pour d’autres, ces campagnes seraient inutiles. Fidèles à leur nouvelle politique, les Syriens n’interviendront donc pas à ce stade, mais ce sont leurs propres considérations qui auront le dessus lorsque viendra l’heure du choix. Une heure qu’il faudra encore attendre au moins jusqu’à la mi-septembre. Un été décidément pourri... Scarlett HADDAD
Dans la campagne présidentielle enflammée qui occupe actuellement le Liban, il y a les candidats déclarés, que tout le monde connaît désormais, et ceux qui travaillent en coulisses, refusant de participer à la violente polémique actuelle. Il s’agit notamment du ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, omniprésent sur les scènes arabe et régionale, et invisible sur...