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Actualités - OPINION

Beaucoup de combativité, mais un peu d’amertume, du côté des reconductionnistes

Dans les joyeuses fêtes de village, comme chez les scouts, un jeu universel : le tirage de corde. Ce sport populaire, éminemment estival, nos politiciens s’y livrent avec frénésie. Les équipes, mixtes, sont formées d’un côté par les lahoudistes-reconductionnistes, et de l’autre par un mélange de loyalistes et d’opposants qui, de ce fait, sont plus nombreux. Sinon plus forts. En tout cas, malgré (ou à cause) du Biel, ils ont la cote auprès de l’opinion publique et de la plupart des médias. L’idée d’une retouche de la Constitution pour permettre une rallonge du bail présidentiel semble en effet assez impopulaire. Or, plutôt que de s’en faire grief à eux-mêmes, et à leur maladresse, les reconductionnistes reprochent à leurs adversaires de manipuler le bon peuple. Autrement dit d’être démagogues. L’amertume (relative, car tout espoir n’est pas perdu) que les inconditionnels du régime éprouvent provient surtout du lâchage qu’ils imputent à des figures de proue de la ligne prosyrienne, dite nationale. En oubliant que c’est bien normal au fond, puisque bon nombre de candidats potentiels, ou déclarés, sont issus de ces mêmes rangs. Étant donné qu’en pratique, pour avoir des chances d’être élu, il faut être dans les bonnes grâces des décideurs. Qui ont eux-mêmes ouvert le jeu, sinon la compétition, en annonçant qu’ils s’en remettraient cette fois au choix des Libanais, pour peu qu’il ne leur soit pas hostile. Cela étant, les décideurs ont également donné un signal contraire. C’est-à-dire que ces derniers temps, vu qu’ils sont entrés en négociations avec les Américains, ils ont prié leurs fidèles de refréner leurs ardeurs. De ne pas trop s’aventurer sur le chemin de la présidentielle, de ne pas prendre de positions en flèche. Car l’heure des options décisives est encore loin d’avoir sonné. Pour tout dire, les Syriens redoutent surtout qu’on leur attribue des directives qu’ils n’ont pas données. Ils enjoignent dès lors à leurs alliés de ne laisser entendre en aucune manière qu’ils seraient pour ou contre la reconduction, pour ou contre tel candidat. Ils ajoutent un vœu pieux, déjà impossible à réaliser : que le camp loyaliste se réunifie et serre les rangs, sur base d’une mise au frigo de la présidentielle. Cela faciliterait un contrôle d’ensemble qui pourrait leur être utile dans leurs tractations avec les Américains. Concrètement donc, toutes les éventualités restent envisageables. Et c’est bien pourquoi les reconductionnistes ne baissent pas les bras. Ils s’activent, au contraire, et au maximum, pour compenser le retard manifestement pris dans la course en cours. Ils multiplient donc les propositions, pour se gagner le plus possible d’appuis. L’une des dernières en date serait que tout le monde profiterait de l’amendement de la Constitution. Dans ce sens que les hauts fonctionnaires seraient libérés de l’obligation de démissionner deux ans avant l’échéance présidentielle pour s’y présenter. Un tel déblocage pourrait éventuellement avantager des personnalités majeures comme le commandant en chef de l’armée ou le gouverneur de la Banque centrale. Dont le statut est cependant particulier, puisqu’il est lié à l’État par un contrat de six ans. Ce qui fait dire à certains juristes qu’il n’est pas touché par la disposition restrictive contenue dans l’article 49. Quoi qu’il en soit, en généralisant la retouche, les loyalistes concernés espèrent que l’on cessera de dire qu’elle privilégie une seule personne. Ils redoublent d’efforts pour promouvoir l’idée à fond durant ce mois d’août, afin d’avoir des chances de la négocier dès septembre, pour qu’elle soit éventuellement adoptée en octobre, juste avant que l’on n’entre dans les délais électoraux. Les stratèges de la reconduction pensent que la formule est susceptible d’être admise par l’opinion, dans la mesure où elle paraît servir le principe populaire de l’égalité des chances. Ce qui aurait des effets positifs parmi les députés, sensibles à la sensibilité de leur électorat. Dans le même sens, redisons-le, ils croient que beaucoup de grands commis de l’État, qui disposent d’une marge d’influence certaine, seraient séduits par la perspective de pouvoir briguer la présidence. Ou même de voir un ami, un collègue, entrer dans la compétition, avec des chances de devenir encore plus influents sous un nouveau régime. Philippe ABI-AKL

Dans les joyeuses fêtes de village, comme chez les scouts, un jeu universel : le tirage de corde. Ce sport populaire, éminemment estival, nos politiciens s’y livrent avec frénésie. Les équipes, mixtes, sont formées d’un côté par les lahoudistes-reconductionnistes, et de l’autre par un mélange de loyalistes et d’opposants qui, de ce fait, sont plus nombreux. Sinon...