Rechercher
Rechercher

Actualités

France-Liban - L’ancien député européen est accusé de trafic d’influence et d’abus de biens sociaux Marchiani, un des médiateurs dans l’affaire des otages français, écroué à Paris

Jean-Charles Marchiani, ancien agent du renseignement, ex-préfet, ancien député européen proche de l’ancien ministre de l’Intérieur français Charles Pasqua et qui avait joué un rôle déterminant dans la libération des onze otages français capturés au Liban en 1988, a été inculpé pour corruption par un juge parisien et écroué dans la soirée. M. Marchiani devait être conduit à la prison parisienne de la Santé. Selon son avocat, Me Jacques Trémolet de Villers, l’ancien député a été mis en examen (inculpé). Il est poursuivi par le juge d’instruction parisien Philippe Courroye pour « trafic d’influence par personne dépositaire de l’autorité publique » et « recel d’abus de biens sociaux ». Son avocat a annoncé qu’il ferait appel des mandats de dépôts délivrés contre lui. L’homme a été ex-conseiller de Charles Pasqua à l’Intérieur entre 1986 et 1988 puis entre 1993 et 1995, et, partant, jugé comme étant un homme-clef de nombre de dossiers secrets et de nombreuses affaires diplomatiques et politiques de la Ve République. L’un des trois dossiers pour lesquels l’ancien préfet du Var a été mis en examen et écroué hier – et qui n’impliquent pas à ce stade son ancien mentor Charles Pasqua – concerne le Liban. Ce dossier vise les relations entre Jean-Charles Marchiani et Iskandar Safa, homme d’affaires libanais impliqué dans la libération des otages français, quand Jacques Chirac était à Matignon et Charles Pasqua place Beauvau. Cet épisode n’a jamais été totalement éclairci, les gouvernants de l’époque ayant toujours nié toute contrepartie à cette libération, rançon ou concessions diplomatiques. Iskandar Safa a successivement versé à l’ex-conseiller 5,150 millions de francs, puis 5,7 millions de francs, puis 48 millions de francs dans les années 1990. Le juge enquête sur une possible rémunération en marge d’une vente de navires par les Constructions mécaniques de Normandie au Koweït, en 1995. La piste d’un hypothétique détournement de la rançon que la France aurait versée pour libérer les otages français du Liban, en 1988, n’a pas été étayée par l’enquête. « L’autorité judiciaire a placé en détention le seul préfet de la République qui a libéré onze otages sans que cela coûte un seul sou aux contribuables français. C’est une performance que je vais exposer à la cour d’appel », a indiqué l’avocat de l’inculpé à la presse. « Je pense que nous assistons à un règlement de comptes entre anciens ministres et entre services, qui ont été extrémement jaloux des succès », a-t-il ajouté, dans une allusion à une éventuelle volonté d’atteindre Charles Pasqua à travers cette affaire. Deux autres dossiers Jean-Charles Marchiani se voit par ailleurs reprocher d’avoir perçu dans les années 1990, sur des comptes secrets logés en Suisse et dans des paradis fiscaux, un total d’environ 85 millions de francs (13 millions d’euros) de commissions occultes, qui auraient récompensé des interventions frauduleuses. Il serait intervenu pour favoriser un contrat de fourniture de pièces pour les chars français Leclerc passé entre la société allemande Renk et le ministère français de la Défense, percevant entre 1994 et 1999 cinq millions de DM, dont une partie alors qu’il était député européen. Dans la troisième enquête, il aurait perçu frauduleusement 9,703 millions de francs en Suisse entre 1991 et 1994 pour une intervention favorisant un marché entre la société Vanderland Industrie et Aéroports de Paris concernant l’installation d’un système de tri des bagages à l’aéroport de Roissy. Ces mises en examen portent à cinq le nombre des dossiers où Jean-Charles Marchiani est poursuivi. Il était en effet déjà poursuivi dans l’affaire des ventes d’armes en Angola en 1993-1994 et dans la nouvelle procédure visant des détournements de fonds à la société pétrolière Elf après 1993. Il avait jusqu’ici pu échapper aux poursuites grâce à son mandat de député européen acquis en 1999 sur les listes RPF de Charles Pasqua. Son statut d’élu lui conférait une immunité que le Parlement de Strasbourg refusait de lever. Il a perdu ce mandat après avoir été battu aux élections européennes de juin. Il convient enfin de noter que l’ancien ministre de l’Intérieur Charles Pasqua a déclaré « ne se sentir aucunement concerné par les affaires » qui ont valu une mise en examen à M. Marchiani, dont l’incarcération l’a « profondément peiné ». « M. Pasqua ne se sent aucunement concerné par les affaires dans lesquelles le juge cherche à mettre en cause M. Marchiani », a indiqué Me Gilbert Collard. « Il n’y a pas de raison pour que M. Pasqua soit inquiété dans ces affaires », a-t-il poursuivi. « Je l’ai eu au téléphone ce matin. Il est profondément peiné par l’incarcération de M. Marchiani, son ancien collaborateur, dont il rappelle les immenses services qu’il a rendus à la République », a rapporté l’avocat. Il convient de signaler que Charles Pasqua est lui-même mis en examen dans le dossier de l’Angola et pour le financement présumé frauduleux du RPF. Son fils Pierre fait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans d’autres affaires. Par ailleurs, en qualité d’ex-ministre, il est visé par trois autres procédures de « corruption et d’abus de biens sociaux » confiées à la Cour de justice de la République (CJR).

Jean-Charles Marchiani, ancien agent du renseignement, ex-préfet, ancien député européen proche de l’ancien ministre de l’Intérieur français Charles Pasqua et qui avait joué un rôle déterminant dans la libération des onze otages français capturés au Liban en 1988, a été inculpé pour corruption par un juge parisien et écroué dans la soirée. M. Marchiani devait...