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Encore une fois les décideurs en ligne pour calmer le jeu

Un scénario lassant à force d’être répétitif : les dirigeants se traitent réciproquement de tous les noms d’oiseaux, par médias interposés. En s’entr’accusant, comble d’inconscience ou d’ironie, d’aggraver le marasme économique. Et de mettre le système (commun) politiquement en péril, par une escalade inconsidérée. L’enjeu étant évidemment la prochaine présidentielle. La trêve proclamée il y a quelques semaines se révèle, comme tant d’autres auparavant, être un simple mirage. Et les cavaliers masqués du désert, entendre les décideurs, doivent encore une fois accourir comme Zorro pour sauver la situation. À coups de coups de fil pressants, de rencontres discrètes, voire de convocations à Anjar ou à Damas, ils ont d’abord veillé à ce qu’il ne se produise aucun accroc protocolaire comme lorsqu’il s’agissait d’accueillir les participants au sommet arabe de Beyrouth. Les festivités de l’armée se sont donc déroulées sans couacs, sans absences notables. Bien que, très certainement, Hariri s’attendait à être égratigné dans le discours du président. Qui a toutefois pris soin de ne citer personne. Les décideurs ont par ailleurs sollicité le concours de leurs fidèles alliés pour aider à la détente. Plusieurs ministres et députés ont ainsi effectué l’aller-retour jusqu’à Anjar. Pour s’entendre répéter que le match est terminé, qu’on doit s’amuser à autre chose qu’à se quereller. Et c’est sans doute pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, mais au contraire pour arrondir les angles qu’un Walid Joumblatt, interrogé sur la présidentielle, après la visite de Hariri (accompagné par le joumblattiste Aridi) à Ghazalé, a répondu qu’il n’était pas un spécialiste de la théologie. Autrement dit, qu’il n’entre pas dans le secret des dieux. Et que, pour le moment, il vaut mieux songer, passer à autre chose qu’au stérile combat des chefs sur une perspective incertaine. Mais, même si les escarmouches spectaculaires, genre Biel, devaient cesser, des prises de position irrévocables ont été étalées sur la table, de part et d’autre. Autrement dit, le débat reste là, articulé autour de thèmes durs. Comme la menace haririenne de passer à l’opposition ouverte ; ou comme le tir lahoudiste nourri contre ceux qui accusent le régime de fermer les yeux sur la corruption. Le chef de l’État a martelé que le régime n’est pas responsable. Il a riposté aux détracteurs qui soutiennent que son régime a échoué et qu’il doit céder la place. Parallèlement au ministre Murr, qui a transformé la rencontre des édiles au Biel en meeting pro-reconduction, les proches de Baabda rejettent l’idée que toutes les éventualités restent ouvertes. Prenant l’exact contre-pied de Nayla Moawad, qui soutient que la reconduction entraînerait le pays à sa perte, ils affirment que sans renouvellement du bail, le Liban coulerait. Bref, on est en pleine bagarre. Des lahoudistes imputent la responsabilité de la tension à Hariri, qui alimenterait les gazettes en échos venimeux à l’encontre de Baabda. Faisant semblant d’oublier que le chef de gouvernement s’est déjà clairement prononcé, ces loyalistes lui demandent de se déclarer ouvertement. Ils ajoutent qu’il monte les étrangers contre le régime et qu’il a partie liée avec l’opposition de l’Est, naturellement hostile à la reconduction. Pour eux, c’est presque de la trahison. Dans ce sens qu’à leur avis (actuel, car ils n’ont pas toujours pensé ainsi) il ne faut pas composer avec les forces qui n’appartiennent pas à la ligne dite nationale, c’est-à-dire liée directement aux décideurs. Pour faire bonne mesure, ces fléaux avancent que les anti-reconductionnistes font tout simplement le jeu, consciemment ou inconsciemment, des Américains honnis. Bien entendu, leurs contempteurs ne manquent pas d’arguments. Ceux parmi eux qui appartiennent à la fameuse ligne dite nationale s’appuient sur les dires du président Bachar el-Assad pour expliquer que le libre choix des Libanais est tout entier dans leur Constitution. Qu’il faut donc, avant tout, la respecter. Qu’on ne peut les accuser de travailler pour l’étranger, quand ils se réclament avant tout de la libanité. Même en faisant abstraction des principes premiers, pour vitaux qu’ils soient, on ne voit pas pourquoi, ajoutent-ils, on irait accorder une rallonge à un pouvoir qui avoue lui-même avoir échoué. Quoi qu’il en soit, répétons-le, Damas laisse entendre qu’encore une fois les tiraillements entre Libanais l’agacent et l’inquiètent. Ce n’est pas le moment, dit-il, car la situation régionale est délicate, voire dangereuse. Les prosyriens indiquent que la Syrie pense qu’il y a le temps, pour la présidentielle libanaise. Et qu’elle n’a fait encore aucun choix, dans l’attente des résultats de son dialogue avec Washington. Philippe ABI-AKL

Un scénario lassant à force d’être répétitif : les dirigeants se traitent réciproquement de tous les noms d’oiseaux, par médias interposés. En s’entr’accusant, comble d’inconscience ou d’ironie, d’aggraver le marasme économique. Et de mettre le système (commun) politiquement en péril, par une escalade inconsidérée. L’enjeu étant évidemment la prochaine...