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Actualités - CHRONOLOGIE

COMMERCE - Le cycle de Doha est loin d’être entamé Accord conclu à Genève : un « petit triomphe » pour l’OMC (photo)

Les principaux acteurs de l’OMC ont mis de l’eau dans leur vin cette semaine pour parvenir à un accord global et taire les divergences Nord-Sud qui avaient fait échouer la conférence de Cancún en 2003, tout en restant sur des positions très prudentes avant les batailles à venir. Hier soir, l’ensemble des délégations officielles ont exprimé leur satisfaction après l’approbation par les 147 membres de l’OMC d’un compromis qui permet de relancer le cycle de négociation lancé en 2001 à Doha. Les grands pays du Sud, surtout, auront confirmé leur montée en puissance et marqué de leur empreinte cette conférence, obtenant des concessions de la part des pays du Nord qui, si elles restent vagues pour certaines, constituent des avancées pour l’OMC. Après l’accord signé hier, les négociateurs européen Pascal Lamy et américain Robert Zoellick ont ainsi rendu hommage au travail du ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, pour fédérer les pays en développement dans un esprit propice à la négociation. Mais les pays industrialisés ont également fait preuve d’ouverture. Avant Cancún, un accord agricole euro-américain avait provoqué en réaction l’émergence du G20, un groupe de pays émergents emmené par le Brésil, l’Inde et la Chine, qui réclament l’élimination des subventions agricoles. De plus, sur place, l’inflexibilité des Européens, dans leur volonté d’ouvrir de nouvelles négociations pour favoriser les échanges (sujets dits de Singapour), comme des Américains dans leur refus d’aborder avec l’Afrique la question des subventions au coton, avait également fâché les pays pauvres et entraîné l’échec de la conférence. Cette fois, le G20 a pu célébrer « le début de la fin des subventions agricoles », selon l’expression de Celso Amorim, après que l’UE ait accepté à terme d’éliminer ses subventions à l’exportation, et que les Américains aient convenu de discipliner leurs crédits à l’exportation et leur aide alimentaire. De même, l’accord américano-africain sur le coton, s’il ne comporte rien de concret pour réduire les subventions américaines, a-t-il été salué comme un « premier pas » par les pays africains. « Nous avons trouvé une délégation américaine très sensible à nos arguments », s’est félicité le ministre sénégalais du Commerce, Ousmane Ngom. Quant aux pays en développement, ils ont accepté, au sein d’un accord « assez vague pour contenter tout le monde et faire rester tous les pays dans le même bateau », selon l’expression d’un observateur à Genève, d’ouvrir des négociations sur l’un des sujets de Singapour (la facilitation des échanges) et d’envisager une accélération de la libéralisation des services. Ces deux dernières concessions étaient demandées par les États-Unis et l’UE, qui concèdent chaque fois un peu plus sur l’agriculture (moins de 10 % des échanges mondiaux) pour pouvoir s’ouvrir les marchés bien plus importants des services et des produits industriels des pays en développement. Sur les produits industriels, une astuce a été trouvée à Genève pour atteindre le compromis : la formule « non linéaire » (baisse plus importante pour les droits de douane les plus importants) voulue par les Américains et les Européens mais refusée par les pays en développement a été conservée... mais précédée d’un paragraphe précisant qu’elle devra faire l’objet de « négociations additionnelles ». Une formulation qui fait craindre à l’économiste thaïlandais Martin Khor, du réseau Third World Network, proche des pays du Sud, que les pays du Nord « parviennent in fine à obtenir des pays pauvres une libéralisation plus importante de leurs marchés qui peut être trop brusque au regard de leur niveau de développement ». Les pays de l’OMC doivent à présent négocier les modalités (chiffres, dates) des baisses des droits de douane et des subventions définies à Genève, « où le compromis sera bien plus difficile à trouver », selon M. Khor.
Les principaux acteurs de l’OMC ont mis de l’eau dans leur vin cette semaine pour parvenir à un accord global et taire les divergences Nord-Sud qui avaient fait échouer la conférence de Cancún en 2003, tout en restant sur des positions très prudentes avant les batailles à venir.
Hier soir, l’ensemble des délégations officielles ont exprimé leur satisfaction après...