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Actualités - CHRONOLOGIE

Une ambiance conviviale, mais des accusations en sourdine Batailles démocratiques à Dhour Choueir, Beit Méry et Mansourieh, malgré quelques irrégularités (photo)

Au Metn-Nord, les élections se sont déroulées dans un climat calme et convivial, malgré la tension qui régnait dans l’enceinte des bureaux de vote. Si aucune bataille électorale n’a eu lieu dans les villages de Bickfaya, Baabdate et Broummana, l’enjeu était plus important à Dhour Choueir, Beit Méry et Mansourieh, où plusieurs listes croisaient le fer. Tournée dans ces villages où un impressionnant dispositif militaire avait été mis en place pour l’occasion. Dhour Choueir, onze heures du matin. En ce dimanche pluvieux, la place de la municipalité grouille d’une foule dense. Dans le village portant encore les stigmates de la guerre, cette affluence est inhabituelle. Et pour cause, la majorité de la population n’a pas réintégré la région. L’ambiance est bon enfant. On dirait plutôt une kermesse, tellement les enfants sont nombreux. Grands et petits, debout sur les marches du siège de la municipalité, ou sillonnant les rues, affichent leur préférence avec force calicots, chants patriotiques, tee-shirts, casquettes et listes électorales qu’ils distribuent aux électeurs. Les discussions vont bon train. Dans les huit bureaux de vote installés au siège de la municipalité, c’est la même ambiance conviviale que l’on retrouve. À cette heure-ci, même si le hall est plein à craquer, moins de 20 % des électeurs se sont présentés pour accomplir leur devoir électoral. « Ils viendront après la messe dominicale », estime le chef d’un bureau de vote. Et pourtant la bataille est âpre entre les deux listes concurrentes, pour les 15 sièges de la municipalité de Dhour Choueir-Aïn el-Sindianeh. D’une part, le président actuel de la municipalité, Nabil Ghosn, appuyé par le pouvoir, par Michel Murr et par Assaad Hardane, se représente au sein d’une liste qui a l’aval de la famille Sawaya, tout en déclarant vouloir partager la présidence avec son colistier Naïm Sawaya. D’autre part, Chawki Sawaya, ancien président de la municipalité, prône le changement, au sein de « la liste des fils de Choueir et de Aïn-el Sindianeh ». Une liste formée de jeunes gens éduqués et actifs, qui se déclarent politiquement neutres. Si de part et d’autre, on se lance des accusations en catimini, si les familles sont partagées, on tient à déclarer, ouvertement, que l’on est tous du même village et de la même famille et que l’on désire juste travailler pour le pays, sans tenir compte des appartenances politiques. D’ailleurs, ces élections se déroulent dans le respect de la démocratie, selon l’avis de tous. Il est midi un quart à Bickfaya. Dans le hall de l’école officielle du village, les habitants se retrouvent et bavardent. L’ambiance est détendue. La communauté francophone est importante et a fait le déplacement de Beyrouth ou d’ailleurs, pour accomplir son devoir électoral. Dans ce fief de la famille Gemayel, le chef de la base Kataëb, Amine Gemayel, et le président de la municipalité, Toufic Dagher, se sont mis d’accord sur une même liste de 15 personnes, présidée par Fouad Abi Hayla et qui englobe les principales familles du village. Une liste qui semble avoir toutes les chances de passer, à moins d’une percée des six candidats regroupant des familles qui se sont senties peu ou pas représentées au sein de la liste complète. C’est la même atmosphère conviviale que l’on retrouve à Baabdate, où une liste des grandes familles du village, présidée par Imad Labaki, neveu de l’ex président de la municipalité défunt Assaad Labaki, a reçu l’appui conjoint du député Nassib Lahoud et du notable Sélim Salhab, proche du Bloc national. Au bureau de poste du village, vers 13 heures, point de calicots, de tracts, ou même de listes, juste les familles et les parents qui se retrouvent, échangent des commentaires et encouragent les candidats. D’ailleurs, la fréquentation n’est encore que de 30 %. Certes, les pronostics sont en faveur de cette liste de l’opposition, mais quatre candidats indépendants gardent l’espoir d’effectuer une percée. « C’est plus démocratique de la sorte », dit André Corbani, l’un des candidats. Pas d’enjeu à Broummana À Broummana, comme à Bickfaya ou à Baabdate, point de bataille électorale. C’est en famille que les électeurs se rendent aux urnes, avant d’aller déjeuner, à l’école officielle du village. En cette heure creuse de la journée, alors que près de 35 % de la population a déjà voté, sandwiches, gâteaux arabes et boissons circulent dans les bureaux de vote. Les scrutateurs partagent leur casse-croûte avec les responsables et les nombreux soldats, postés à l’entrée de chaque pièce. La convivialité règne, car ici, il n’y a pas de véritable enjeu. Le président actuel de la municipalité, Pierre Achkar, est quasiment certain d’être réélu, à la tête de son actuelle équipe de travail. Même si quelques indépendants tentent de se frayer un chemin. Il est 14 heures 40 à Beit Méry. L’école publique regorge d’habitants. Même si trois listes, dont une incomplète, croisent le fer et se livrent une âpre bataille « démocratique », même si des apartés se forment et traduisent une certaine tension, l’ambiance est conviviale. Après tout, dans ce village, comme dans tant d’autres, tout le monde est apparenté, tout le monde se connaît et se salue. Tout le monde demande aux nouveaux venus de voter pour son candidat, son proche ou son ami. L’affluence est d’ailleurs à son comble. Devant les portes des bureaux de vote, les queues d’attente se forment, les chiffres battent des records. À 15 heures, un bureau accueillant des femmes affiche plus de 75 % de participation. Les officiels et les scrutateurs n’ont pas le temps de souffler. Quant aux candidats, tantôt accueillant les électeurs, tantôt bavardant au téléphone, ils affichent un calme trompeur. Et pour cause, l’enjeu est important. Beit Méry-Aïn Saadé est une grande municipalité et trois listes se disputent les 15 sièges. D’une part, « la liste pour le peuple » est menée par l’actuel président de la municipalité Antoine Assaf et soutenue par le député Ghassan Moukheiber et par Dory Chamoun. D’autre part, « la liste de la décision libre », présidée par Elie Raad, se réclame de l’opposition aouniste. Quant à la liste dirigée par Joseph Raad, quoique incomplète, elle regroupe des noms connus. Quoi qu’il en soit, les grandes familles sont présentes dans les trois listes. C’est à Mansourieh que la tension est à son comble entre les candidats et les partisans des deux listes concurrentes. Autour du siège de la municipalité, des flots de jeunes sillonnent la route principale, à pied ou en voitures ornées de photos de leurs candidats favoris, mais aussi de Béchir Gemayel, Samir Geagea ou Michel Aoun, chants patriotiques à l’appui. L’ambiance n’est pas loin de ressembler à une kermesse, mais çà et là, les partisans de William Khoury et Joseph Zeidan, les deux présidents de listes concurrentes, s’agitent, s’énervent même un peu. On accuse l’autre de triche, à voix basse évidemment, on dénonce le nombre de naturalisés que William Khoury, qui bénéficie du soutien de Michel Murr, aurait inscrits sur les listes du village. On déplore que les partisans de Joseph Zeidan, appuyé du courant aouniste et de Amine Gemayel, n’aient pas obtenu leurs cartes d’électeurs. Dans les bureaux de vote, les scrutateurs sont très nombreux. Trop nombreux. Le taux de participation atteint 80 %. Le bruit des voix est assourdissant. Certains partisans ne se privent pas d’accompagner les électeurs jusqu’aux urnes. Mais derrière l’isoloir, chaque candidat se retrouve seul. Tant pis s’il ne sait pas lire et ne peut distinguer entre une liste et l’autre. Tant pis s’il s’est trompé entre la liste des candidats aux municipales et celle des moukhtars. Hier dans le Metn-Nord, les habitants ont fait leur choix. Anne-Marie EL-HAGE
Au Metn-Nord, les élections se sont déroulées dans un climat calme et convivial, malgré la tension qui régnait dans l’enceinte des bureaux de vote. Si aucune bataille électorale n’a eu lieu dans les villages de Bickfaya, Baabdate et Broummana, l’enjeu était plus important à Dhour Choueir, Beit Méry et Mansourieh, où plusieurs listes croisaient le fer. Tournée dans ces...