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Actualités - OPINION

Les émigrés nous écrivent

Non Licet Omnis Berytus Beyrouth n’est pas donné à tout le monde. Comprenez : il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Beyrouth. Il n’est pas si simple d’y demeurer non plus, c’est pourquoi nous sommes si nombreux à l’étranger, partout dans le monde, partout. Il paraîtrait même que Neil Armstrong aurait mangé des sandwiches au chawarma pour se remettre de ses célèbres mais non moins exténuants bonds pour l’humanité. Pathfinder aurait également trouvé des inscriptions puniques sur Mars, mais affirmer ça, à mon avis, c’est pousser le bouchon un peu trop loin. Quoi qu’il en soit, où que nous soyons, nous sommes tous fiers de nos origines, de notre histoire en tant que peuple, aussi honteuse qu’elle ait pu être par moments, fiers de nos cèdres (de ceux qui restent, en tout cas), fiers du Liban. Fiers et confiants. Nous ne quittons pas tous par désillusion, par découragement, ou par crainte d’une malheureuse année au service du drapeau. Nous quittons les larmes aux yeux, soulagés tout autant qu’affligés, pour des raisons économiques ou académiques, mais nous ne perdons jamais confiance en l’avenir. Notre pays se remettra de cette après-guerre décevante, et nous rentrerons, et nous nous remettrons à pester gaiement, tous ensemble, de nouveau. En attendant, camarades d’exil, faites tous la promo du Liban dans votre région, essayez de convaincre que le Mexique et la Floride sont surévalués et qu’il vaudrait mieux aller passer ses vacances au Liban. Moi je vous envoie des touristes québécois. Ils sont polis et aimables. Ne me faites pas honte ! Wafic EL-TIBI Montréal, Québec – Canada Une bouffée d’oxygène Je viens de lire votre rubrique sur les émigrés. Les temoignages sont très touchants, surtout lorsqu’on les lit depuis l’étranger, si loin de sa terre d’origine. Étudiant franco-libanais dans une grande école française de commerce, je suis actuellement au Japon, à Tokyo, pour un stage. Qu’il fait bon d’être Libanais en ce moment au Japon ! La grande popularité de Carlos Ghosn y est pour quelque chose. Désormais, dans mes discours de présentation, je me présente comme Libanais vivant en France... La première question que l’on me pose alors est celle-ci : « Vous êtes donc aussi brillant que le PDG de Nissan ? » Petite anecdote pour rappeler que malgré ses 10 452 km2, l’aura du Liban à l’étranger est bien plus grande. Dans ce pays si étranger qu’est le Japon, la lecture de votre journal est devenue comme une bouffée d’oxygène quotidienne ; que de bonheur et de tristesse par exemple d’apprendre la brève réapparition des martyrs à leur place d’origine... Les mots ne sont jamais à la hauteur des sentiments ressentis lorsqu’on vit à l’étranger ; on a tendance à idéaliser notre pays, et le simple fait de lire les mauvaises nouvelles sur le Liban dans votre journal m’attriste et m’angoisse, car mon désir le plus cher est de pouvoir rentrer au Liban pour y travailler et y vivre malgré tout. Rami FALLAH Tokyo Pour une TV libanaise en France Je m’appelle Aurélie (11 ans) et j’écris cette lettre qui a été corrigée par ma grande sœur (Lynne, 14 ans). Je suis née à Paris et j’aime beaucoup le Liban. J’écris aux grands qui lisent L’Orient-Le Jour (mon papa le lit aussi sur Internet) pour savoir pourquoi en France on n’a pas de télévision libanaise sur le câble. Je comprends le libanais mais je ne le parle pas bien. J’aime la chanson libanaise et j’ai envie d’entendre libanais. Ce serait cool d’avoir une télévision libanaise sur le câble, à Paris. Nous avons des télés arabes mais on ne comprend rien (2 télés du Maroc, une d’Algérie, une de Tunisie et une d’Égypte). On a des télés pour Chinois, pour Italiens... même les animaux ont leur télé sur le câble : on a 350 chaînes. Pourquoi pas une télévision libanaise comme la LBC que j’ai déjà vue au Liban et qui est chouette ? Merci de ne pas nous oublier, nous qui sommes Libanais aussi. Pensez à nous parfois (cette dernière phrase est écrite par Lynne, ma sœur de 14 ans). J’espère que vous passerez ma lettre aux grands de la télé libanaise (je sais que je ne suis pas grande et donc qu’on n’écoute pas les petits). Aurélie ABOU-JAOUDÉ Paris Les chaînes libanaises existent sur le câble en France. Il vous suffit donc, pour avoir la LBC, par exemple, de contacter TPS au numéro de téléphone suivant : 803803000. Trop de formalités Excusez le ton plutôt peu souriant pour un premier message. Les médias et les autorités tendent à présenter les émigrés comme majoritairement aisés et donc capables de payer sans compter. Il est souhaitable de mentionner clairement que tous les Libanais d’outre-mer ne sont nécessairement ni milliardaires ni manœuvres, mais comptent beaucoup de citoyens lambda. Ils ne sont pas non plus forcément concentrés aux alentours des capitales des pays d’émigration. Ces citoyens lambda souffrent énormément des démarches administratives libanaises interminables, coûteuses et kafkaiennes. Souvent, ils sont perçus comme marginaux et suspects, et se retrouvent dans l’obligation de se faire identifier par une appartenance confessionnelle qu’ils ne souhaitent pas, surtout quand ils sont aussi citoyens de pays laïques. Y a-t-il un site Web honnête et sans but lucratif qui peut utilement les renseigner sérieusement et sans publicité touristique sur les possibilités de régler à distance leurs démarches administratives quotidiennes ? Samir ABIAD Durban – France Quel modèle pour nos enfants ? Ayant vécu toutes ces années en Occident, il nous est parfois difficile de comprendre la politique libanaise, l’influence des pays étrangers, la pression des religions et autres éléments probablement uniques au Liban. Où sont donc passés le sens patriotique, le modèle de convivialité, la primauté de l’intérêt national ? Nous étions censés représenter un exemple pour le monde entier de ce que devraient être les citoyens universels des années à venir. Au lieu de quoi, nous voici, nous émigrés, inquiets pour nos enfants qui perdent peu à peu l’attachement à leur patrie d’origine. Serait-il possible d’avoir, via l’Internet, une base d’informations pour les millions de Libanais de la diaspora ? Nicolas HABIB Melbourne – Australie
Non Licet Omnis Berytus
Beyrouth n’est pas donné à tout le monde. Comprenez : il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Beyrouth.
Il n’est pas si simple d’y demeurer non plus, c’est pourquoi nous sommes si nombreux à l’étranger, partout dans le monde, partout. Il paraîtrait même que Neil Armstrong aurait mangé des sandwiches au chawarma pour se remettre de...