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Sur les Campus L’Appel de Beyrouth, un document qui concerne directement la jeunesse

Réunir une trentaine de jeunes étudiants et étudiantes de diverses appartenances communautaires, politiques, intellectuelles, et universitaires pour un dialogue interlibanais... L’idée en soi n’est pas neuve. Et pourtant, rares sont les occasions où des jeunes musulmans et chrétiens ont pu dialoguer ensemble, librement, autour d’un projet fédérateur, qui puisse les rassembler dans leur diversité, sans les astreindre, sans les enfermer dans un moule, loin des suivismes de toute sorte. S’il y a eu des tentatives de dialogue au cours des années précédentes, surtout au niveau interpartisan ou interuniversitaire, entre étudiants musulmans et chrétiens, elles ont fait long feu, en raison d’une multitude de facteurs. Il convient cependant d’en citer deux, majeurs : l’un, macropolitique, est relatif au grand tabou, à la grande ligne rouge instaurée par des forces occultes dès qu’il est question de discuter de la réconciliation nationale et de sortir des carcans communautaires. La preuve la plus éclatante de l’existence de cet interdit a été les rafles du 7 août 2001 et la ratonnade du 9 août 2001 devant le Palais de justice, réaction du pouvoir à la réconciliation druzo-maronite de la Montagne entre Mgr Nasrallah Sfeir et Walid Joumblatt. L’autre facteur est d’ordre micropolitique, mais découle en grande partie du climat créé par le premier facteur. Il concerne les étudiants eux-mêmes, et ce négativisme préalable qui touche toutes les actions communes qui pourraient déboucher sur une dynamique sérieuse et efficace. Une expérience à retenir reste sans doute celle d’un groupe de jeunes, « Éveil et changement », fondé par Khattar Torbey à la fin des années 90, et qui a regroupé, avec un certain succès, des étudiants de différentes communautés, de sensibilités diverses. Mais l’expérience a plus ou moins failli au plan de la continuité, malgré des débuts retentissants (la quasi-totalité des sièges remportés au bureau des étudiants de la faculté de droit de l’Université Saint-Joseph, lors de la première année où les élections estudiantines ont repris dans cette université, en 1999). L’initiative prise la semaine dernière par L’Orient-Le Jour d’organiser une séance-débat autour de l’Appel de Beyrouth, en collaboration étroite avec M. Samir Frangié et le bureau des étudiants de la faculté de droit au sein de l’amicale estudiantine de l’USJ, avait pour objectif d’inviter une trentaine d’étudiants ou de récents diplômés – qui ont chacun une sensibilité hors pair pour les affaires politiques et la chose publique – à dialoguer et à interagir avec quelques-uns des piliers de l’Appel de Beyrouth : Samir Frangié, Mohammed Hussein Chamseddine, Okab Sakr et Mayyad Haïdar. Pourquoi l’Appel de Beyrouth ? Parce qu’il s’agit d’un projet de document qui vient s’inscrire dans la tradition libanaise consensuelle, qui renoue avec l’esprit du pacte, après quinze ans d’une gestion du pouvoir jugée par la grande majorité des personnalités politiques libanaises comme illégitime à bien des égards. L’Appel refait la jonction entre les différents thèmes caractéristiques du Liban de l’indépendance : le consensus, la convivialité, la souveraineté, l’identité, le tout en tirant des leçons de la guerre. Cette dynamique consensuelle, affirme le document, s’adresse à plusieurs catégories de personnes, parmi lesquelles « les jeunes, qui n’ont pas connu la guerre, mais qui en paient néanmoins le prix et souffrent de ne pas avoir d’avenir dans leur propre pays ». Depuis la publication – mouvementée – du document, une seule séance-débat a porté sur le texte de l’Appel de Beyrouth : c’était au couvent Notre-Dame de la Montagne, à Fatqa, lors du séminaire organisé par Farès Souhaid. Mais les jeunes n’étaient pas au rendez-vous. Et pour cause : le séminaire s’était déroulé en pleine période d’examen. La semaine dernière, les jeunes étaient bien au rendez-vous, pour discuter dans le fond et sur la forme l’Appel de Beyrouth, son essence, les principes qu’il formule, l’aura qu’il dégage. Mais la fonction latente de cette réunion était de permettre l’ouverture d’un dialogue entre des membres de la société politique et de jeunes libanais engagés, et parfois même militants, sur des sujets importants : ceux qui constituent les fondements mêmes du Liban, du Liban de demain dont ils sont responsables. Il s’agirait donc de former à long terme une sorte de cénacle ouvert principalement aux étudiants et aux membres de la société civile et politique, orienté non plus sur la construction du Liban de l’indépendance, objectif du Cénacle libanais de Michel Asmar dans les années 50 et 60, mais sur l’inévitable et nécessaire renouvellement des élites libanaises et, partant, sur la reconstruction d’un Liban de l’indépendance. Et, pourquoi pas, d’un monde arabe neuf et moderne. Point sur lequel conclut d’ailleurs l’Appel de Beyrouth, en stipulant que « ce texte s’adresse à tous nos concitoyens, chrétiens et musulmans, hommes et femmes, jeunes et vieux, résidants et émigrés, pour engager avec eux un dialogue sur les thèmes contenus dans cet appel, et parvenir à lancer une nouvelle dynamique pour jeter les bases d’un “autre Liban” dans le cadre d’un “autre monde arabe” ». Le résultat de cette séance a été concluant : des jeunes – certes, qui représentent une élite au sein de la société – de différentes communautés peuvent tenir ensemble un dialogue mûr et serein sur des questions vitales, notamment sur la souveraineté et le devenir du Liban. Et, plus important que tout, ils peuvent, et savent aussi, s’écouter. Michel HAJJI GEORGIOU
Réunir une trentaine de jeunes étudiants et étudiantes de diverses appartenances communautaires, politiques, intellectuelles, et universitaires pour un dialogue interlibanais... L’idée en soi n’est pas neuve. Et pourtant, rares sont les occasions où des jeunes musulmans et chrétiens ont pu dialoguer ensemble, librement, autour d’un projet fédérateur, qui puisse les...