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Actualités - CHRONOLOGIE

Manifestations - Kornet Chehwane, la gauche et le courant aouniste condamnent la répression des jeunes Violents affrontements FSI-étudiants, rue Huvelin (photos)

Des affrontements particulièrement violents se sont produits hier devant le campus des sciences sociales de la rue Huvelin entre les Forces de sécurité intérieure (FSI) et la brigade antiémeute, d’un côté, et les étudiants de l’Université Saint-Joseph (USJ), de l’autre. Des affrontements qui ont fait quatre blessés, dont deux à la tête, dans les rangs étudiants, et plusieurs interpellations. Des blessés ont été également signalés dans les rangs des forces de l’ordre. Les amicales estudiantines de l’USJ, ainsi que le Parti national libéral, la base Kataëb, les Forces libanaises et le groupuscule de gauche « Sans frontières » avaient appelé mardi à une manifestation contre « l’émigration des jeunes, qui découle de la tutelle syrienne et de la mauvaise gestion du pouvoir ». En soirée, le mohafez de Beyrouth avait rappelé que les manifestations sont interdites. Mais les étudiants avaient maintenu leur décision, ajoutant aux motifs évoqués « la nécessité de respecter le droit naturel aux manifestations et aux rassemblements ». À partir de 11h, le campus de la rue Huvelin était déjà quadrillé par les forces de l’ordre. Entre la rue Huvelin et la rue Monnot, les bérets verts de l’armée et les agents en civil des services de renseignements de l’armée s’étaient déployés, tandis que les camions de la Défense civile prenaient position dans le secteur. La brigade antiémeute patrouillait, pour sa part, la rue Monnot, et cherchait à bloquer les deux issues du campus des sciences sociales, ce qu’elle fera au bout de quelques minutes. Les étudiants, quelques centaines, s’étaient d’abord rassemblés devant l’entrée principale du campus. Ils scandaient des slogans antisyriens et chantaient l’hymne nationale, tandis qu’une chaîne hi-fi diffusait des chansons partisanes. Ils tentaient de sortir une première fois par la porte principale, avant d’être repoussés par les FSI massés derrière les grilles de métal pour empêcher les étudiants de sortir. Deux étudiants, Karim Rifaï et Nemr Farhat sont interpellés, puis relâchés quelques instants plus tard. Amine Assouad, président du bureau de la faculté de droit au sein de l’amicale estudiantine, prend la parole pour protester contre l’interpellation des deux étudiants, et contre la décision du mohafez de Beyrouth d’interdire les manifestations. « Le but de ce mouvement est de dénoncer l’émigration des jeunes, qui résulte de la mauvaise gestion du pouvoir et de la tutelle syrienne sur le Liban », affirme-t-il, devant les manifestants. Sur les grilles du campus, deux calicots : « Non à l’émigration des jeunes, oui à l’émigration du pouvoir », et « Nous ne laisserons pas notre pays. Que le Syrien s’en aille ». L’affrontement Quelques minutes plus tard, les étudiants se replient vers l’entrée arrière du campus, pour tenter une nouvelle fois de manifester à l’extérieur. Un deuxième affrontement, plus violent celui-là, se déroule, avec empoignades et bousculades. La fièvre monte. Une dizaine de minutes plus tard, c’est l’explosion, lorsque les étudiants tentent une nouvelle percée. Devant la détermination des gendarmes et des militaires, qui ne veulent en aucun cas laisser les manifestants sortir, le face-à-face tourne à un affrontement sauvage. Les coups de matraque et de crosses de fusil pleuvent sur les têtes des étudiants, qui répliquent avec les hampes des drapeaux libanais. Même le commandant Démiane, responsable des FSI de la région d’Achrafieh, est roué de coups. Il s’ensuit un corps à corps de quelques minutes. Sous les yeux effarés des responsables estudiantins qui tentent de les retenir, certains étudiants lancent des objets en bois, des pierres, des branches d’arbre et des bouteilles en plastique en direction des gendarmes et des militaires, qui les leur renvoient aussitôt. Gilbert Rizk, responsable de la base Kataëb à l’USJ et étudiant en droit, blessé à la tête, fait quelques pas et s’écroule, ensanglanté. Sami Amine Gemayel, responsable estudiantin de la base Kataëb, boitille. Il a été frappé par un gendarme à la jambe, qui saigne. Entouré de ses « fidèles », qui hurlent son nom et vantent son courage, il reçoit les premiers secours. Jean Tawilé, lui aussi responsable estudiantin, reçoit un coup à la tête, de même que Chrystel Chamaa. De nombreux autres étudiants reçoivent des coups, parmi lesquels Julien Courson, Amine Assouad, Karim Abou Charaf, Nabil Abou Charaf et Édouard Chamoun. En fin de compte, seul l’usage abondant par les FSI des jets d’eau, qui propulsent certains manifestants en arrière, met fin à la bagarre. Il faudra ensuite négocier avec les gendarmes pour permettre à la Croix-Rouge d’évacuer les blessés. Sami Gemayel prend la parole devant les caméras de télévision : « À Jnah, ils s’en prennent à l’armée, et on les laisse faire. Dans les camps palestiniens, il y a des combats au mortier, et on les laisse faire. Ici, tout ce que nous voulons c’est manifester en paix contre l’émigration, et nous sommes réprimés d’une manière inadmissible. » La manifestation prend fin, mais certains étudiants, notamment ceux qui étaient aux avant-postes au moment de la confrontation, sont interpellés par les SR et menottés alors qu’ils quittent les lieux. L’un des agents des SR n’hésite pas à gifler les étudiants en les conduisant vers le fourgon. Mais il est immédiatement repris par le commandant des FSI qui lui hurle de cesser de donner des coups. En tout, une dizaine d’étudiants seront embarqués puis relâchés en soirée, parmi lesquels Mohammed Khalkiss, Khaled Ramadan, Joe Sadek, Bilal Hakim, Wassim Sayyed, Ali Cheaïb, Chéhadé Kassis et Hayane Bourji. Il faudra ensuite l’intervention de la députée Nayla Moawad et du recteur de l’université, le père René Chamussy, pour négocier avec les autorités la sortie des étudiants du campus. Condamnations Plusieurs personnalités et forces politiques ont condamné la répression des étudiants par les FSI, parmi lesquels les députés Farès Souhaid, Pierre Gemayel et Nehmétallah Abi Nasr, le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), le Mouvement réformiste kataëb, le Renouveau démocratique et l’ancien conseiller politique de Samir Geagea, Toufic Hindi. Réunis au moment de l’incident, MM. Farès Souhaid, Samir Frangié, Samir Abdel Malak, Habib Sadek, porte-parole du Forum démocratique, Élias Atallah, Nadim Abdel Samad et Hikmat el-Eid ont publié un communiqué conjoint dans lequel ils ont exprimé leur inquiétude devant la répression. Ils ont également dénoncé la reprise des poursuites contre le professeur Adonis Akra, qui avait publié un ouvrage, interdit de diffusion, sur les événements du 7 août 2001, et les arrestations de militants dans différentes régions du Liban. Ils ont enfin appelé les « forces démocratiques du Liban à faire face à cette répression ». Plusieurs universités ont fermé leurs portes hier suite à l’incident, notamment la NDU et l’AUST. L’AUB observera pour sa part aujourd’hui un arrêt de cours d’une heure. Il convient de noter que le courant aouniste manifestera demain vendredi à 12h devant La Sagesse. En soirée, le procureur général près la Cour de cassation Adnane Addoum a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’arrestations dans cette affaire. Il a demandé au commissaire du gouvernement près le tribunal militaire Jean Fahd de « recueillir des informations concernant l’agression dont ont été victimes un brigadier et cinq membres des FSI ». M. Addoum devait montrer ces six militaires à la presse, dont l’un, officier, aurait reçu une pierre au cou. Michel HAJJI GEORGIOU Le communiqué des FSI En soirée, la direction générale des FSI a publié un communiqué, dans lequel elle a indiqué que les étudiants « avaient tenté de sortir de l’enceinte de l’université pour organiser une manifestation sans permis ». « Ils ont reçu un avertissement les sommant de rester à l’intérieur du campus, mais ils ont lancé des pierres et des bouteilles en plastique et en verre sur les forces de l’ordre, chargées d’assurer la sécurité », a poursuivi le communiqué. « Ils ont cherché à sortir. Les agents sont restés en place. Les étudiants ont poursuivi leurs provocations et les ont bousculés, avant de faire pleuvoir sur eux des pierres, des bâtons et des bouteilles vides. Ils ont également scandé des slogans hostiles aux responsables libanais et à la présence au Liban de la Syrie sœur. Les forces de l’ordre ont été obligées de riposter », ajoute le texte. « Trois officiers des FSI ont été blessés, parmi lesquels un officier supérieur, à la main et au visage. Cinq gendarmes ont été contusionnés et sont entrés à l’hôpital pour être soignés. Du matériel militaire a également été détruit », a ajouté le communiqué.

Des affrontements particulièrement violents se sont produits hier devant le campus des sciences sociales de la rue Huvelin entre les Forces de sécurité intérieure (FSI) et la brigade antiémeute, d’un côté, et les étudiants de l’Université Saint-Joseph (USJ), de l’autre. Des affrontements qui ont fait quatre blessés, dont deux à la tête, dans les rangs étudiants, et...