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SPECTACLE - Au septième Festival international de théâtre universitaire (LAU) Une production saoudienne, «Le fils du silence»(photo)

Depuis le 22 juillet 2004, la Lebanese American University vit à l’heure de son 7e Festival international de théâtre universitaire où les œuvres présentées se succèdent sans se ressembler... Musique et verbe sont les deux pivots d’une manifestation culturelle estudiantine qui prend de l’ampleur et vise les expériences et les spectacles de qualité. De l’Université de Yale (USA) au Koweït, en passant par la Tunisie, le Liban, le sultanat d’Oman et l’Arabie saoudite, les voix se multiplient. Phénomène inédit et méritant un moment d’attention avec la pièce venue du pays des sables et dont la culture dramaturgique, jusqu’à ce jour, demeure très limitée si ce n’est absente. Il s’agit, bien entendu, de cette pièce, en arabe, Le fils du silence, écrite et mise en scène par Ibrahim Ghanam Badi avec les étudiants de l’Université du roi Fahd pour le pétrole et les minéraux venus en droite ligne d’Arabie saoudite. Pièce courte sans présence de femmes avec un verbe véhément, emphatique et ne présentant pas d’articulation dramaturgique. Mais travail courageux et, de l’aveu même des acteurs voulant présenter «une image différente, un regard différent» de la société, des besoins et de la présence du royaume wahabite. La scène commence avec un nuage de fumée, des brûloirs à l’orientale suspendus en l’air, un tambour et des personnages «monastiques» en noir, jaillis presque du Moyen Âge… Atmosphère étrange et lugubre, sans frontières précises, ni de temps ni de lieux, mais tout invite à croire que l’action se déoule en terre d’Orient. Au-devant des feux de la rampe, une sorte de Quasimodo bossu dont on ne comprendra pas la signification et qui pourrait, peut-être, représenter les masses laborieuses écrasées par les épreuves de la vie et le carcan des sociétés étouffantes. Hiératiques, outrancièrement grimés, les deux protagonistes, un orphelin et son père adoptif, sorte de poète illuminé, occupent l’aire de la flaque de lumière. Discours larmoyant, «hystérisé», symbolique sans nul doute tout en gardant beaucoup d’ombre et d’opacité, et invitant à venger une mère violée et un père mort au champ de bataille. Un théâtre balbutiant Les embrasements de l’Orient sont parfaitement perceptibles dans cette œuvre aux lancées chargées d’une certaine poésie aux tonalités violentes et guerrières. De la souffrance, des larmes, du sang mais aussi un élan pour la création. Notamment avec cette séquence d’un être déchiré, lacérant une toile sur un chevalet, éclaboussant de peinture sanguinolente tout ce qui l’obsède, le hante, le tourmente jusqu’à la blessure purulente. C’est un véritable lamento qui finit, bien entendu, par la mort donnée à soi-même comme une délivrance. Devant tant de revers, d’infortunes et de malheurs, il n’y a pas d’issue. Œuvre sombre, pessimiste et peuplée de cris. En fait, toute cette pièce est un cri. Celui de vouloir se faire entendre. Celui de briser le cercle du silence. Pompeux et violent d’un bout à l’autre, colérique et révolté, ce spectacle est beaucoup plus une œuvre de débutant qu’un travail sérieusement élaboré. Les acteurs, Ibrahim Ghanem Badi en tête, Jalwah al-Jalwah, Nidal Abou Nawwas et Ali Mohammed al-Omran, défendent bec et ongles ce texte désordonné et chaotique. Ils en font trop ou pas assez, vu qu’il n’y a là nulle dramaturgie ou progression dramatique mais une succession d’images sonores menant à une déclamation appuyée. Tout effort louable mis à part, on pourrait considérer là, peut-être, que ce sont les balbutiements du théâtre saoudien qui, en fait, n’a pas encore ponton sur scène, pas plus qu’une tradition pour y puiser expérience ou expérimentation. Edgar DAVIDIAN

Depuis le 22 juillet 2004, la Lebanese American University vit à l’heure de son 7e Festival international de théâtre universitaire où les œuvres présentées se succèdent sans se ressembler... Musique et verbe sont les deux pivots d’une manifestation culturelle estudiantine qui prend de l’ampleur et vise les expériences et les spectacles de qualité. De l’Université...