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Actualités - CHRONOLOGIE

Téléphonie mobile - Le projet a été transmis au Conseil des ministres Cardahi : Cent millions de dollars d’économie par an pour les usagers des cellulaires

La campagne menée par les syndicats, les organismes économiques et l’association de protection du consommateur avait certes fait du bruit, mais le ministre des Télécommunications ne l’avait pas attendue pour réfléchir à une éventuelle réduction des coûts du téléphone mobile. Jean-Louis Cardahi avait même été le premier à s’élever contre les bénéfices considérables des deux sociétés longtemps en charge du secteur. Aujourd’hui, et avec la nouvelle gestion, il a mis au point un projet complet qui permettra aux usagers de faire une économie de cent millions de dollars par an. Le projet a été transmis au Conseil des ministres et s’il est approuvé – ce qui ne devrait pas poser de problèmes –, il sera aussitôt mis en application. Une première dans un pays où la tendance est à saigner le citoyen, non à l’aider. Dans son bureau où la seule note personnelle vient d’une icône, à laquelle il allume chaque jour un cierge, Jean-Louis Cardahi ne s’accorde aucune pause. En près de quatre ans passés au ministère, il a montré qu’il peaufine ses dossiers, ne négligeant aucun détail, d’abord parce qu’il est très méticuleux et ensuite parce qu’il sait que ses adversaires s’empresseraient de profiter de la moindre lacune. Depuis le début de l’année, avec les membres de son équipe, il a tenu plusieurs réunions avec les syndicats, les organismes économiques et l’association de protection du consommateur, pour tenter de trouver un moyen de rabaisser le coût du téléphone cellulaire. Il fallait aussi analyser les conséquences financières d’une éventuelle réduction sur les caisses du Trésor, d’autant que le ministre est tenu de respecter les chiffres du budget adopté par le Parlement, concernant son ministère. Un tableau très précis a été établi pour tenter d’équilibrer le manque à gagner avec d’autres recettes éventuelles. Et désormais, c’est un projet cohérent en sept points qu’il a envoyé au secrétariat général du Conseil des ministres. Il devrait être étudié très prochainement et sans doute adopté, puisque, avec l’équilibrage des économies et des recettes, même le ministre des Finances, Fouad Siniora, ne devrait rien trouver à y redire. Des tranches horaires et des week-ends moins chers Le projet prévoit ainsi une réduction de 30 % du coût des communications, chaque jour, de 22h à 7h du matin et le dimanche toute la journée. Il n’a pas prévu un tarif spécial pour les jours fériés, car les fêtes sont trop nombreuses au Liban. Sur le plan de la tarification globale, le projet adopte ce qui est prévu dans la plupart des pays, à savoir que la première minute est comptée comme telle et par la suite, le temps ne sera plus compté par minute de conversation, mais par bloc de 15 à 20 secondes. Le troisième point du projet consiste à rabaisser l’abonnement mensuel actuel de chaque ligne de 25 dollars à 19 dollars. En quatrième lieu, il est prévu de réduire le coût des SMS de 15 à 10 cents quand il s’agit d’un envoi au Liban et de 30 à 20 cents pour les envois en dehors du Liban. À ce sujet, il faut préciser que l’une des deux sociétés a déjà un prix identique, 20 cents, pour tous les envois SMS au Liban et à l’étranger. Son tarif ne baissera donc que pour les messages locaux. Le cinquième point prévoit une baisse de 30 pour cent pour un numéro privilégié choisi par l’usager, celui qu’il appelle le plus souvent. Le problème de la spéculation sur les cartes prépayées Le sixième point prévoit d’ouvrir la voie à de nouveaux packages. Enfin, le septième point concerne les cartes prépayées. Celles-ci ne doivent pas avoir une durée de moins d’un mois. Ce qui élimine les cartes de quinze jours. De plus un délai de grâce d’une semaine, au lieu de trois jours, sera accordé à l’usager qui souhaite recharger sa carte. Enfin, des cartes d’une durée de six mois, qui seront appelées « les cartes économiques », seront mises en vente. Elles permettront à ceux qui les achètent de parler 360 minutes pour 120 dollars. Ce qui est la moitié de la moyenne européenne. Elles sont plutôt destinées à un usage professionnel, car selon les études, 360 minutes en six mois sont suffisantes pour des conversations de travail, mais seraient forcément insuffisantes pour des conversations privées. Au sujet de la rareté des cartes prépayées qui font l’objet, actuellement, d’un marché noir et sont payées très cher, notamment pour des touristes en visite au Liban et soucieux d’avoir une ligne provisoire, le ministre affirme que le coût élevé est dû aux spéculations dont font l’objet les cartes prépayées. Le trafic porterait sur un millier de lignes et son ministère essaie d’y mettre un terme. Mais ce n’est pas évident. Car certains achètent les cartes pour les revendre au prix fort. Il faudrait donc interroger les acheteurs pour pouvoir remonter les filières. Mais le meilleur moyen d’arrêter ce trafic et de revenir à des coûts raisonnables, c’est de mettre de nouvelles lignes sur le marché. C’est ce que prévoit le ministre qui mettra très bientôt 40 000 nouvelles lignes à la disposition des acheteurs. Près de 40 000 autres seront ensuite mises sur le marché d’ici à un mois. Au total, le projet du ministre prévoit de mettre en circulation 160 000 nouvelles lignes. Ce qui portera le nombre des abonnés du téléphone portable au Liban à un million. Ces nouvelles lignes permettront à l’État d’enregistrer une augmentation de recettes de près de neuf millions de dollars par mois, de manière à compenser les pertes dues à la réduction des prix et qui s’élèveraient à huit millions de dollars, c’est-à-dire cent millions de dollars par an. Car, aujourd’hui, le secteur rapporte 60 millions de dollars par mois. Si le projet de réduction est adopté, le montant ne sera plus que de 52 millions de dollars et avec les nouvelles lignes, il s’élèvera à 61 millions de dollars. De la sorte, le projet aura équilibré les pertes dues à la réduction avec les gains enregistrés par la vente de nouvelles lignes. Sur ce plan, le ministre a veillé à tous les détails, avec le souci de ne pas causer des pertes au Trésor. Mais le plus important pour lui, est d’adresser un message aux citoyens, pour leur montrer que l’État pense à eux. Même si certaines parties politiques cherchent à récupérer le mouvement de protestation, Jean-Louis Cardahi ne l’a jamais pris à la légère, et c’est dans un climat de positivisme qu’il travaille depuis sept mois pour mettre au point ce projet, avec des tableaux comparatifs sur ce qui se fait dans d’autres pays. Désormais, le projet n’attend plus que l’aval du Conseil des ministres. Espérons qu’il fera l’unanimité, dans l’intérêt, une fois n’est pas coutume, du citoyen. Scarlett HADDAD

La campagne menée par les syndicats, les organismes économiques et l’association de protection du consommateur avait certes fait du bruit, mais le ministre des Télécommunications ne l’avait pas attendue pour réfléchir à une éventuelle réduction des coûts du téléphone mobile. Jean-Louis Cardahi avait même été le premier à s’élever contre les bénéfices...