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Des confidences lourdes de sens Nouvelle orientation pour le régime, en cas de reconduction

Selon ses visiteurs, le président Lahoud affirme que si jamais on devait demander pour lui la reconduction, il adopterait lors de son deuxième mandat une tout autre approche du pouvoir, une méthode de travail différente. Comme il ne dévoile pas de détails, les professionnels se posent des questions : comment compte-t-il procéder ? Avec qui voudra-t-il faire équipe ? À l’ombre de quelle Constitution, de quelle règle de jeu, de quelle praxis... Ses objectifs, toujours selon les mêmes sources fiables sont clairs: opérer une réforme, autant que faire se peut. Traiter les problèmes urgents qui se posent à la population. Protéger le Trésor et les intérêts de l’État, qui doit cesser d’être livré à tous les appétits. Ne plus accepter que l’on ferme les yeux sur les fautes commises. Il répète que les programmes réformateurs qu’il avait initialement en vue ont été entravés, bloqués par un climat politique délétère. L’on a passé l’éponge sur beaucoup de dérives, sous prétexte de préserver la stabilité au sein du pouvoir. Il ne l’admettra plus. Même en cas de conseils régionaux visant à calmer le jeu. Car, toujours selon ses visiteurs, il n’est plus possible de continuer à laisser le pays s’effilocher. L’intention y est, c’est indéniable. Mais, se demandent les professionnels, comment le régime peut-il raisonnablement espérer réaliser, grâce à une rallonge, ce qu’il n’a pu faire au plus fort de son pouvoir effectif ? Quand il a déboulé sur la scène locale, muni d’un soutien total des décideurs, en plaquant les accords retentissants d’un discours d’investiture réformateur. Écartant Hariri, il avait pris Hoss. Mais au bout de deux petites années, la configuration politique, et des facteurs extérieurs avaient eu pratiquement raison de sa première tentative. Il s’est heurté par la suite toujours aux mêmes obstacles, dont certains du reste provenaient (proviennent toujours) du système lui-même. On sait en effet que la Constitution issue de Taëf prive le régime du pouvoir exécutif pour le confier au Conseil des ministres. Sur ce plan, Baabda (et les autres pôles du pouvoir le lui reprochent) a souvent contourné les textes par une pratique parallèle. Mais cela ne suffit évidemment pas pour lui redonner le pouvoir qu’avaient les présidents sous la précédente république. Des présidents du reste qui, pour conforter la coexistence, évitaient d’appliquer à la lettre une Constitution qui en faisait de véritables monarques absolus. En les autorisant, par exemple, à nommer les gouvernements, puis à désigner parmi leurs membres un Premier ministre, ce dont ils s’abstenaient sagement. Préférant recourir à des consultations parlementaires non contraignantes, débouchant sur la désignation d’un président du Conseil, avec qui ils s’accordaient ensuite pour composer le gouvernement. Sur ce point précis, Taëf a été très loin dans le sens contraire, puisqu’il impose au président de la République les résultats des consultations parlementaires. Donc, même pour retrouver le taux de pouvoir que ses prédécesseurs limitaient de leur propre chef, le régime actuel (ou reconduit) aurait du chemin à faire. Et surtout, pour le fond, l’exemple de Fouad Chéhab est là pour montrer que réformer la politique au Liban, pays composite aux équilibres délicats, est une tâche pratiquement impossible. Elle est même probablement, avec le nouveau système, encore plus difficile qu’avant Taëf. Chéhab, constatant son impuissance, avait décidé de dételer, malgré les sollicitations quasi unanimes, et de ne pas se risquer dans un deuxième mandat. Dans un communiqué, il précisait que les coutumes autant que le système gommaient tout espoir dans le redressement, dans la renaissance. Le président Lahoud, concluent les professionnels, pourrait-il, avec des pouvoirs réduits, réussir là où Chéhab avait échoué. Pour fonder ce rêve : un État de droit et des institutions exemptes de corruption. Émile KHOURY
Selon ses visiteurs, le président Lahoud affirme que si jamais on devait demander pour lui la reconduction, il adopterait lors de son deuxième mandat une tout autre approche du pouvoir, une méthode de travail différente. Comme il ne dévoile pas de détails, les professionnels se posent des questions : comment compte-t-il procéder ? Avec qui voudra-t-il faire équipe ? À...