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Actualités - OPINION

Les émigrés nous écrivent

Plus Libanais que Belge Je suis un Belgo-Libanais (de père libanais et mère belge), mais, franchement, je me sens beaucoup plus Libanais que Belge. Je vis en Belgique depuis ma naissance et je passe mes vacances d’été au Liban. Chaque fois que je retourne en Belgique, j’en ai les larmes aux yeux de quitter le Liban. Je lis tous les jours votre journal sur le Net et je vous remercie de m’informer sur la vie au Liban lorsque je suis en Belgique. Ziad EL-BEZRI Bruxelles – Belgique Je suis arrivée à Cleveland sans savoir ce qui m’attendait là-bas. J’ai découvert le Midwest américain, le « jurd » comme on dit chez nous, l’Amérique rurale qu’on pense voir uniquement dans les films. Une ville morbide qui a acquis sa renommée grâce à son hôpital où se côtoient surtout la population noire américaine, majoritaire dans cette région, et les richards du golfe Persique, venus de très loin se faire soigner, et ce pour la qualité des services médicaux. Beaucoup sont donc de passage dans cette ville, heureusement pour eux et malheureusement pour les autres. Mis à part le ronronnement des grosses voitures américaines, tout est calme ici : pas de cris, pas de pleurs, pas de rires, pas d’odeur, bref un endroit incolore et inodore comme il en existe des milliers dans l’Amérique profonde où la vie paraît être en suspens, une survie dans l’attente d’un ailleurs meilleur. Après de longues journées passées à l’hôpital, je pars à la découverte de la ville. Et je comprends vite qu’il n’y a pas grand-chose à découvrir... Je longe la grande route bordée d’églises baptistes et de fast-foods qui mène au centre-ville et, à ma grande surprise, je lis sur une enseigne : « Cedarland Restaurant ». Cela ressemble beaucoup à un fast-food mais l’odeur semble venir du pays. « Hello, how u doin ? How can i help you ? » « Oh, tu est Libanaise ! Comment vas-tu ? D’où viens-tu ? De quelle famillle es-tu ? » C’est ainsi que le propriétaire du restaurant m’accueillit. « Oh ! Si tu dis le nom de mon père Abdo Élias à Douma, tout le monde le reconnaîtra, il accompagnait l’évêque du Nord et c’était le choriste le plus connu de la région. Voilà un fattouch on the house pour toi. » Je suis ravie de manger du djej mechwé al-fahm avec du toum. L’odeur du chich tawouk, chich kébab et autre mezzé m’enivre. – « Alors comment vas-tu aujourd’hui ? » me demande-t-il. – « Autant qu’on peut être bien dans cette ville, répondis-je. Comment faites-vous pour vivre ici ? » – « Allah wakilik, ça fait 24 ans qu’on vit ici, on ne s’y est pas encore habitué. Khallike ndayfik ‘ahwe ! » J’avais envie d’accepter l’invitation, même si le café n’est pas dans mes habitudes, mais je me suis poliment excusée et, le sourire aux lèvres, je suis ressortie rassasiée d’odeur et de goût de ce restaurant du pays du Cèdre, bâti au bord d’une large route du Midwest américain. Vingt-quatre ans au milieu de nulle part mais où quand même le djej mechwé al-fahm avec toum a le même goût, le goût du pays. Et où on termine la conversation de la même manière que chez nous, avec l’envie de la prolonger par une tasse de café. Zeina SAWAYA L’initiative de consacrer une page à la diaspora libanaise et à son environnement m’apparaît comme un chemin inéluctable si le Liban souhaite tirer profit de sa toile tissée à travers le monde, et cela pour plusieurs raisons : – aider à déterminer les principaux enjeux de la politique étrangère libanaise, une idée qui est encore très peu développée ; – créer une réaction chez les citoyens libanais face à l’adéquation et à la mise en œuvre de la politique étrangère libanaise ; – fournir une base d’informations fiable et récente aux familles libanaises possédant un proche à l’étranger. Jean-Paul FÉGHALI Le succès de cette rubrique de L’Orient-Le Jour consacrée à nos concitoyens émigrés prouve bien l’intérêt que ces derniers portent au Liban, leur patrie-mère. Aujourd’hui, les émigrés ne vivent plus coupés de leurs racines. L’Internet leur permet de lire la presse et regarder la télévision au même moment à Beyrouth, Paris et Sao Paolo et d’entrer en contact quasi quotidien avec leur famille au Liban. Ainsi, la culture et les traditions libanaises restent vivantes et le sentiment d’appartenance reste très fort. Cependant, les pouvoirs publics ne vivent pas, eux, la révolution informatique. Combien de fois on nous fait attendre 2 à 3 mois, voire un an pour obtenir un document d’une ambassade sous prétexte que le courrier est long.... Soyons patients, ne demandons pas pour les émigrés ce que les Libanais sur place ont du mal à obtenir. Je salue l’initiative du député Nehmetallah Abi Nasr qui voudrait que les émigrés soient représentés au Parlement libanais. Voilà une façon intelligente d’intéresser les Libanais dispersés dans le monde aux affaires de leur pays d’origine et de les inciter à se regrouper afin qu’ils pèsent sur les décisions des gouvernements des pays où ils se trouvent. Cela est un des droits naturels de tout Libanais. Dr Jean ZAILAH France « Nul n’est prophète en son pays », voila une vérité qui est d’actualité. Bon nombre de Libanais se distinguent hors de leur patrie dans tous les domaines : scientifique, financier, politique et autres, faute de pouvoir le faire dans leur propre pays. La plupart ne cherchent pas les honneurs et la gloire, ils préfèrent l’anonymat et la modestie. Dans ce pays en proie à d’énormes difficultés sociales et économiques, il serait bon de mettre un peu de baume sur leur cœur en leur insufflant un peu de courage et d’espoir ; histoire de leur montrer que ces Libanais du dehors portent haut le flambeau de l’esprit libanais et sont nos meilleurs ambassadeurs à l’étranger. Parmi ceux-ci, le professeur Gébrine Elkhoury, chirurgien, spécialiste des maladies cardio-vasculaires, résidant en Belgique, est mondialement connu surtout dans les milieux médicaux. Le mois dernier, le grand quotidien belge Le Soir lui a consacré un article. Né en 1957 à Sayssouk, dans le Akkar (Liban-Nord), il obtient son bac et part pour la Belgique continuer ses études. Il est issu d’une famille dont la vocation est de servir les âmes dans le besoin. Son père, prêtre (décédé en 2001), fait partie d’une longue dynastie de prêtres remontant à trois siècles. Il ne s’est pas contenté de s’occuper de ses études : il a pris soin d’accueillir des Libanais de toutes les confessions et il les a épaulés et suivis dans leurs années de scolarité, n’hésitant pas à les héberger chez lui. Il s’est spécialisé dans la chirurgie cardio-vasculaire et, aujourd’hui, il s’attaque à la maladie de Marfan et améliore la technique chirurgicale. Il est souvent appelé en Amérique, en Asie (Syrie, Liban, autres pays arabes), en Australie aussi pour procéder à des interventions délicates. Joseph Hanna ELKHOURY Retour aux sources Je m’appelle André Arcache. J’ai émigré il y a 25 ans pour l’Argentine et me voici de retour avec toute ma famille au Liban. J’ai fait un tour d’horizon à la place des Canons ; on l’appelle aujourd’hui le centre-ville. Je n’ai pas reconnu Beyrouth, qui a complètement changé. J’ai été voir et admirer la belle statue du père de l’Indépendance, Riad el-Solh, je l’ai reconnue et admirée ; elle est bien à sa place. Par contre, mon guide m’a fait passer à la rue Béchara el-Khoury, un autre père de l’Indépendance ; j’ai eu la désagréable surprise de voir que son buste a disparu de cette même rue. N’y a-t-il plus un peuple, un parent, des admirateurs pour réclamer ce droit, qui appartient à tout le peuple libanais et surtout au gouvernement, pour réclamer la restitution du buste de notre chef d’État ? Mais que font ses enfants ? Et ses amis ? Et tout le peuple ? Ce sont les pères de l’Indépendance, ainsi que l’a écrit, avec beaucoup de bonheur, Georges Naccache, qui a dit d’eux : « Ils nous ont appris à vivre en symbiose et convivialité entre les deux composantes de ce si bon peuple libanais : musulmans et chrétiens » (...). À propos de feu Fouad Chéhab, j’ai passé par Jounieh ; on m’a montré une statue le représentant, placée dans un réduit d’une ruelle de Jounieh à côté d’un centre sportif. À mon avis, Fouad Chéhab, dont on n’a pas encore vu un chef d’État dans tout le Moyen et Proche-Orient de sa taille, de son envergure et de son intégrité, devrait avoir sa statue en plein milieu du centre-ville, au même titre que les pères de l’Indépendance (...). On m’a parlé d’une institution chéhabiste ; j’ignore son rôle et ses activités ; beaucoup de citoyens sont dans mon cas ; qu’attend cette institution pour déplacer la belle statue de ce président qui a fait honneur à son pays et qui est plus connu parmi nos émigrés ? Tout comme l’est le président martyr René Moawad, digne élève et admirateur du général (...) André ARCACHE PS : Dois-je retourner en Argentine ? Non, plus jamais !
Plus Libanais que Belge




Je suis un Belgo-Libanais (de père libanais et mère belge), mais, franchement, je me sens beaucoup plus Libanais que Belge. Je vis en Belgique depuis ma naissance et je passe mes vacances d’été au Liban. Chaque fois que je retourne en Belgique, j’en ai les larmes aux yeux de quitter le Liban. Je lis tous les jours votre journal sur le Net et je...