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Actualités - OPINION

Controverse - Le dialogue et le rôle de Damas en balance Mésentente sur l’entente, à l’Est

Au Liban, « on ne peut rien faire si les Syriens ne sont pas d’accord, que nous le voulions ou non. C’est regrettable, mais c’est ainsi ». Dixit Fouad Boutros. S’empressant de lui faire dire ce qu’il n’a pas dit, des pôles de Kornet Chehwane mènent pratiquement campagne pour un pacte d’honneur avec Damas. Afin qu’il prenne lui-même l’initiative, puisque toute décision reste entre ses mains, de réconcilier les Libanais. Et de se retirer ensuite gentiment. Sur le terrain comme sur la scène politique intérieure. Où pourrait alors se nouer, facilement, ce dialogue généralisé menant à une véritable entente nationale. Encore mieux : ces stratèges pensent qu’une fois rassurée, la Syrie aurait à cœur d’organiser elle-même la réunification libanaise. Ce projet effare d’autres opposants. Dont l’un va jusqu’à reprendre à son compte l’invective lancée dimanche à Imola par Montoya contre Schumacher. Repoussé hors de la piste par le champion allemand qu’il voulait doubler, le Colombien a fulminé : « Ou il est aveugle, ou il est stupide. » À propos des optimistes du coin, le radical cité tonne à son tour : « Ou ils sont malvoyants, ou ils sont peu éclairés. » Ce qui n’est du reste pas incompatible. Un autre grand esprit, moins emporté, remarque que pour le fond, en courant après les décideurs, « c’est un peu comme si on avait demandé à Napoléon, quand il occupait l’Espagne, de réconcilier le roi et son fils, ennemis à mort. Alors qu’il avait tout intérêt à ce qu’ils restassent divisés ». Toujours à l’Est, une troisième frange, qui colle sans doute de plus près aux vues de Bkerké, affirme que la voie à suivre, pour le moment, se situe au milieu. C’est-à-dire que le moment ne se prête pas du tout à une attitude de défi à l’encontre des décideurs. Qu’il faut au contraire soutenir face aux pressions abusives des Américains et aux menaces israéliennes. Mais que, par contre, il ne faut pas céder sur les constantes nationales. Sur des droits aussi vitaux que légitimes, comme l’indépendance, qui ne sont en aucun cas négociables. Dans cette même logique, les tuteurs ne devraient plus intervenir dans les affaires intérieures libanaises. Ni en bien ni en mal. Cette même tranche souligne, après le patriarche Sfeir, que l’on a certes entendu ces derniers mois beaucoup de bonnes paroles de la part de la direction syrienne. Mais sans résultats positifs pratiques, à ce jour. Au contraire même, ces pôles constatent que dans les municipales, tout en se déclarant neutre, la Syrie favorise ouvertement les formules de consensus. Soi-disant au nom de l’unité des rangs comme de l’entente. Mais au mépris, à la fois, de la démocratie et de la libre volonté des Libanais. Il reste que pour le fond, le Liban se présente comme le seul pays au monde où la sémantique, l’étude du sens des mots, joue un rôle capital. Retour au mentor, à Fouad Boutros. Sortant d’un entretien avec le patriarche Sfeir, il a mis le doigt sur la plaie : il n’y a pas d’entente, au sens auditif du terme, sur les questions fondamentales. Ainsi, « chacun interprète à sa guise ce qu’on appelle les constantes nationales. Mais si le sens n’en est pas clair, n’en est pas identique, pour tous, il ne peut y avoir d’entente authentique dans le pays ». Tout arrangement intérieur, cautionné forcément par les décideurs, ne serait alors, aux yeux du sage, qu’une « grosse supercherie ». En attendant, il y a déjà méprise. Comme la focalisation extrême sur le conflit entre les présidents. Qui n’est qu’un aspect, une résultante, du problème général. « Les gens, observe Boutros, s’arrêtent aux apparences. Sans aller en profondeur pour découvrir les causes de ce qu’ils voient en surface. Des problèmes graves se posent. Au niveau des fondements mêmes de l’entente. » Qui se résume à ce jour, selon lui, à un simple pacte de non-agression, à ne pas s’entre-tuer. Sans aucun contrat de gestion d’une coexistence durable. Fondée sur une acception commune des droits de l’homme, des libertés, de l’indépendance, de la souveraineté, des relations comme de la communauté de sort avec la Syrie. Il répète qu’il y a autant d’interprétations des constantes nationales qu’il existe de courants. Et martèle derechef : « C’est lorsqu’elles auront un même sens pour tous que nous pourrons avancer. » Boutros assène enfin ce constat définitif : il reste « interdit aux parties libanaises de se réunir. D’engager un dialogue franc. De discuter de ce qu’elles veulent vraiment ». J. I.

Au Liban, « on ne peut rien faire si les Syriens ne sont pas d’accord, que nous le voulions ou non. C’est regrettable, mais c’est ainsi ». Dixit Fouad Boutros.
S’empressant de lui faire dire ce qu’il n’a pas dit, des pôles de Kornet Chehwane mènent pratiquement campagne pour un pacte d’honneur avec Damas. Afin qu’il prenne lui-même l’initiative, puisque toute...