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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE «Al-Moutamasel», ou l’apprentissage facilité de la langue arabe(photos)

WASHINGTON - Irène MOSALLI On connaît les difficultés que rencontrent les personnes désireuses d’apprendre l’arabe, qui n’est pas leur langue natale. Pour commencer, il faut qu’elles s’habituent à lire de droite à gauche, alors que l’on fait l’inverse pour les langues latines. Puis il y a à retenir les différentes manières dont chaque lettre est écrite. Sans compter la complexité de la grammaire et de la syntaxe. Saad Abulhab, un Américain d’origine irakienne et actuellement directeur du département d’informatique de la Newman Library of Baruch College (État de New York), a voulu rendre cet apprentissage plus aisé. Il a créé un alphabet arabe qui uniformise chaque lettre (qui, d’habitude, s’écrit différemment selon qu’elle est au début, au milieu ou à la fin d’un mot) et qui permet d’écrire aussi bien de droite à gauche (direction propre à l’arabe) ou de gauche à droite (comme pour les langues latines). De plus, cette manière de faire, qu’il a appelée «al-Moutamasel» (l’identique), s’adapte mieux à son utilisation sur l’ordinateur. Comment a-t-il dessiné les lettres et selon quel principe? Il lui a fallu deux ans de travail pour mettre au point un type de caractères qui peuvent également être utilisés dans les langues dérivant de l’arabe: notamment le persan, l’ourdou, le kurde, le dari et le pachtou. Ainsi abordées, ces langues peuvent être classées dans une catégorie qu’il a appelée «Arabetic», comme on dit langues latines pour le français, l’italien, l’espagnol. Saad Abulhab, qui a fait breveter ce système, a supprimé l’aspect cursif des lettres arabes et les a retracées d’une manière plus géométrique et plus linéaire pour qu’elles soient lisibles là où elles sont placées. «Cette simplification ne vise nullement à remplacer l’écriture arabe traditionnelle, explique-t-il. Elle est une option qui se propose, au contraire, d’élargir le cercle de ceux désirant connaître la langue d’al-Moutanabbi en leur facilitant le moyen d’y accéder». Comment pourront-ils, à partir de là, être capables de déchiffrer des textes rédigés en arabe traditionnel. Sa réponse: «Une fois assimilée, cette forme d’écriture permet de reconnaître la classique, à laquelle elle ressemble beaucoup.» À noter que Saad Abulhab a été, au départ, poussé à faire des recherches dans ce domaine parce qu’à l’âge de six ans, sa fille refusait d’apprendre l’arabe sous prétexte qu’il s’écrivait de droite à gauche. De plus, il avait présent à l’esprit «le complexe atatürkien» qui fait que l’on craint que l’arabe ne puisse pas se mettre rapidement au pas de la révolution informatique. «J’ai alors pensé, dit-il, à des lettres ayant une forme bidirectionnelle et qui ne perdent pas pour autant leur caractéristique. À chacun de les utiliser à sa guise. Cela a été le cas du chinois qui, à l’origine, s’écrivait de haut en bas et qui, aujourd’hui, s’écrit de gauche à droite par beaucoup de jeunes Chinois .» L’initiative de Abulhab s’inscrit dans l’évolution de la typographie en Europe, qui a passé du manuscrit à l’imprimé pour élargir l’audience des lecteurs. Il revient à cette époque: «Avant l’apparition de l’imprimerie dans l’Europe du XVIe siècle, la production des livres était limitée car ils étaient copiés à la main. Après la découverte de Gutenberg, on n’a plus compté que sur la machine. La conséquence en a été la modification des caractères de l’alphabet latin aussi bien que ceux de l’alphabet arabe.» Il était donc normal de se mettre, de la même sorte, à l’heure de l’âge de l’ordinateur.

WASHINGTON - Irène MOSALLI

On connaît les difficultés que rencontrent les personnes désireuses d’apprendre l’arabe, qui n’est pas leur langue natale. Pour commencer, il faut qu’elles s’habituent à lire de droite à gauche, alors que l’on fait l’inverse pour les langues latines. Puis il y a à retenir les différentes manières dont chaque lettre est écrite....