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Compétence, honnêteté, charisme : portrait-robot du futur président

Vendredi 16 juillet 2004, c’était hier. Une fois de plus, la Banque mondiale, à l’occasion de la publication de son rapport périodique couvrant le premier trimestre 2004, nous rappelait par l’intermédiaire de son chef de bureau à Beyrouth, les tristes réalités de notre situation économique et nous invitait à en prendre conscience au plus vite : « La dette libanaise est insoutenable… Les Libanais doivent voir la réalité en face, c’est-à-dire prendre conscience qu’ils devront tôt ou tard affronter le dilemme de la dette publique ». Suite à cette prise de position d’une extrême gravité, n’est-on pas en droit d’espérer voir accéder à la première magistrature de l’État une figure de proue de la société et de la terre libanaises dont la compétence, l’honnêteté, la sincérité, le charisme et la forte personnalité feraient l’objet d’une reconnaissance générale ? N’est-on pas en droit d’espérer voir surgir, grâce à l’union sacrée de tous les Libanais, classe politique et société civile confondues, dans un sursaut général et unique de patriotisme, un visage dans lequel chaque Libanaise et chaque Libanais retrouveraient leur âme ? Une personnalité qui, si l’on peut se permettre de le suggérer, serait en mesure au niveau de la politique étrangère de comprendre les nouveaux enjeux dans la région, de traiter de manière sage et adéquate avec les forces et puissances émergentes dans cette partie du monde et de gérer de manière appropriée une situation appelée à se trouver en constante évolution dans les années à venir ; d’entretenir de très bonnes relations avec la Syrie à tous les niveaux sur base de l’indépendance du Liban, de sa souveraineté et du respect mutuel entre les deux pays ; de souligner la spécificité du Liban tout en reconnaissant sa vocation profondément ancrée dans le monde arabe. Une personnalité qui, au niveau de la politique intérieure, ne porterait pas les stigmates de la guerre, serait appréciée, considérée et acceptée par l’ensemble des parties libanaises en raison de sa valeur intrinsèque et de ses talents de leader (et certainement pas pour sa faiblesse comme ce fut souvent le cas dans l’histoire du Liban) et qui serait par conséquent le résultat d’un consensus national. À égale distance de tous Le futur président de la République devrait savoir se placer à égale distance de toutes les parties libanaises. Son expertise dans les problèmes politiques et sociaux serait reconnue et il serait ainsi à même d’administrer, avec l’assistance de spécialistes dans tous les domaines, le traitement approprié à une situation économique qui ne cesse de se détériorer et de s’aggraver jour après jour. Serait-ce si difficile de trouver l’homme ou la femme ayant le niveau intellectuel et d’éducation indispensable lui permettant de se poser en interlocuteur à part entière, respecté et fiable à tous ceux qui souhaiteraient traiter avec le Liban en tant qu’État souverain et insérer ce pays, en tant qu’entité indépendante dotée de la pleine maturité, dans leurs calculs à court, moyen et long terme ? À partir d’un certain nombre de valeurs, on pourrait aisément brosser le portrait-robot de la personnalité qui pourrait prendre en charge les destinées du pays pendant les six prochaines années. Première des priorités : le futur président devrait avoir les capacités, l’énergie et le cran de planifier et de mener avec succès les réformes urgentes dans le pays aux niveaux politique, administratif, social et économique. Dans ce cadre, il lui faudrait la volonté, le courage et la détermination d’engager, avec la contribution de toutes les parties en présence, dans un esprit d’ouverture dénué de tout aventurisme, les réformes structurelles complexes qui n’ont jamais ou presque jamais été abordées par ses prédécesseurs ou par une quelconque partie dans le pays. Initier et gérer le dialogue Mais si la question économique demeure un enjeu fondamental, il n’en reste pas moins que le futur chef de l’état devrait être en mesure, selon le souhait de tous, d’initier et de gérer un dialogue politique et social entre toutes les parties et communautés libanaises. Pour ce faire, son passé et ses réalisations devraient effectivement plaider en faveur de pareilles actions. De plus, il devrait pouvoir s’entourer, tout au long de son mandat, d’une équipe de collaborateurs dont le profil des membres refléterait, dans une large mesure, celui de leur président. Ce n’est qu’à ce prix qu’il serait un allié respecté de ses partenaires. Cet allié devrait avoir en outre la droiture et la correction politique de soulever avec ses partenaires, avec franchise, authenticité et souplesse, les vrais problèmes et les conseiller sincèrement et sans détours sur les questions d’intérêt commun. Sans oublier qu’il devrait aussi avoir les capacités de diriger et dynamiser d’éventuelles négociations avec Israël dans le cas où de pareils pourparlers étaient entrepris dans la région à un seuil donné. Aujourd’hui, tous les Libanais sans exception, qu’ils soient résidents sur le territoire national ou membres de la vaste communauté d’émigrés disséminés à travers le monde ont le droit et le devoir de rêver. « I have a dream », disait Martin Luther King. Le nôtre serait de voir accéder à la magistrature suprême la personnalité consensuelle en mesure de saisir ce moment historique afin de construire des fondations solides et durables permettant au Liban non seulement de réintégrer sa place dans le concert des nations sur le plan diplomatique mais aussi et surtout de paver la voie à un développement économique et humain durable. Marie-Claude HÉLOU SAADÉ Docteur en droit des affaires de l’Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne

Vendredi 16 juillet 2004, c’était hier. Une fois de plus, la Banque mondiale, à l’occasion de la publication de son rapport périodique couvrant le premier trimestre 2004, nous rappelait par l’intermédiaire de son chef de bureau à Beyrouth, les tristes réalités de notre situation économique et nous invitait à en prendre conscience au plus vite : « La dette libanaise...