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Actualités - OPINION

perspectives - Pas de Conseil des ministres avant le 27 juillet La crise d’autorité au sommet continue de hanter l’actualité

En l’absence d’un Conseil des ministres, la vie politique continuera d’être marquée, cette semaine, par la crise d’autorité qui oppose les deux pôles de l’Exécutif, et dont le monument aux Martyrs vient de faire les frais. La légèreté avec laquelle les statues ont été acheminées de l’Université de Kaslik, en dehors de toute occasion officielle et sans la moindre justification protocolaire, n’a d’égale que la manière cavalière dont le chef de l’État a décidé de corriger cette bavure. Ainsi, la rivalité politique et personnelle qui oppose le président Lahoud au Premier ministre n’épargne même plus les symboles nationaux. On aurait facilement imaginé que le monument aux Martyrs regagne le centre-ville au cours d’une cérémonie officielle, à l’occasion d’une fête nationale, comme la fête de l’Indépendance. Choisira-t-on la fête de l’armée, le 1er août, pour le faire ? L’affaire du monument aux Martyrs semble consommer le divorce entre le chef de l’État et le Premier ministre, à quelques mois de l’échéance présidentielle de novembre. Un divorce qui se traduit, concrètement, par la réduction en nombre des Conseils des ministres, où les deux hommes doivent faire preuve d’un minimum de coopération. Fixé la semaine dernière au lundi 26 juillet, dans une semaine, la date du prochain Conseil des ministres a été reportée d’un jour, en raison de l’arrivée lundi du Premier ministre irakien, Iyad Allaoui. En tout état de cause, le ralentissement du rythme bimensuel du Conseil des ministres a été justifié par la nécessité d’effectuer des travaux d’aménagement au siège de l’institution. Officieusement, bien d’autres raisons peuvent être évoquées. En tout état de cause, à raison de deux réunions par mois, le Conseil des ministres ne devrait se réunir qu’à une seule reprise, en août, alors même que la Chambre se trouvera en vacances. De quoi faire bondir le président de la CGTL, qui s’était juré d’empêcher le Conseil des ministres de se mettre en congé, face à une situation sociale critique. Dans les milieux politiques, on dit même que l’un des ministres aurait décidé de s’absenter systématiquement des réunions du gouvernement, durant toute la durée restante du mandat du président Lahoud, jugeant que sa présence à ces réunions n’est plus vraiment nécessaire. Le pourrissement politique n’empêche pas la bataille, pour et contre un éventuel amendement constitutionnel ouvrant la voie à une reconduction du mandat du président Lahoud, de se poursuivre de plus belle, alors même que la décision finale semble devoir toujours appartenir à la Syrie. À cet égard, les observateurs politiques estiment que le thème de « la libanisation de l’échéance », lancé paradoxalement par le chef de l’État syrien, devrait prendre de plus en plus d’ampleur, dans les prochaines semaines. Le numéro deux du département d’État, Richard Armitage, a fait entendre hier un nouveau son de cloche sur cette question, en déclarant en substance au quotidien al-Raï el-Aam koweïtien : « Quand on a une Constitution, on la respecte. » De telles déclarations ne semblent pas décourager les tenants de la reconduction, comme le ministre Assaad Hardane, qui affirment avec aplomb que le chef de l’État n’a jamais affirmé qu’il cherchait la reconduction de son mandat, et qu’il ne faut donc pas lui faire un procès d’intention. De son côté, le député Boutros Harb, adversaire déclaré de tout amendement constitutionnel, a déclaré en fin de semaine que la libanisation de l’échéance passait nécessairement, selon lui, par l’ouverture d’un dialogue avec le grand électeur de la présidence de la République au Liban. Membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, le député aurait rencontré le chef des SR syriens au Liban, le brigadier Rustom Ghazalé, avec lequel il se serait entretenu, justement, des relations libano-syriennes, avouant qu’il avait eu l’impression d’avoir en face de lui un homme réellement attentif. Cette attention nouvelle constatée par M. Harb devrait favoriser, selon les observateurs, les tenants d’une « présidence de transition » favorables à l’arrivée au pouvoir de personnalités qui, tout en étant intransigeantes sur les constantes qui marquent les rapports actuels entre le Liban et la Syrie, sauraient également faire la part des choses. De tels candidats rendraient justice à l’opposition sur certaines de ses exigences, notamment l’élaboration d’une loi électorale équitable susceptible de déboucher sur l’élection d’une Chambre des députés véritablement représentative. Par ailleurs, le principe de la « libanisation de l’échéance », s’il est sincèrement respecté par le camp qui l’a lancé, devrait permettre de donner le coup d’envoi à un dialogue interne entre les forces politiques en présence, qu’elles soient parlementaires ou extraparlementaires. Or on constate que, sur ce plan, beaucoup reste à faire pour briser les tabous qui interdisent aux Libanais de se rencontrer sans complexe, et sans avoir le lendemain à s’en expliquer devant quiconque. Fady NOUN
En l’absence d’un Conseil des ministres, la vie politique continuera d’être marquée, cette semaine, par la crise d’autorité qui oppose les deux pôles de l’Exécutif, et dont le monument aux Martyrs vient de faire les frais. La légèreté avec laquelle les statues ont été acheminées de l’Université de Kaslik, en dehors de toute occasion officielle et sans la moindre...