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Actualités - OPINION

Présidentielle - Les alliés de Damas priés d’adopter un profil bas Les décideurs seraient vraiment décidés à laisser les Libanais jouer entre eux

Comme un bébé perdu dans la foule. Si le tableau de la présidentielle reste aussi flou, à trois petits mois de l’échéance, c’est parce que ni les Syriens ne disent ce qu’ils veulent. Ni les Américains, électeurs en second par droit de veto, qui ils ne veulent pas. Et cela risque de durer. D’abord parce que les Américains sont occupés par leur propre présidentielle. Et qu’en tout cas, ils ont fait savoir qu’il n’y a rien à négocier du côté du Liban, qui ne les intéresse pas plus que cela. Ensuite, et surtout, parce que selon des sources fiables retour de Damas, les Syriens seraient effectivement attachés, cette fois, à cette libanisation évoquée par le président Assad au Koweït. Dès lors, selon ces personnalités, les décideurs ne sont ni satisfaits ni irrités des prises de position affichées par certains de leurs fidèles. Tout simplement parce que, tôt ou tard, tout le monde comprendra que ces positions n’engagent que leurs auteurs. Et ne traduisent aucune tendance syrienne, vu qu’il n’y en a pas. Cependant, précisent ces pôles, les protagonistes locaux proches de Damas ont été, suite à certains débordements, fermement priés de ne pas tenir de propos équivoques. Qui donneraient à penser qu’ils reflètent les intentions de leurs parrains. Ils restent libres de dire ou de faire ce qu’ils veulent, à condition de montrer clairement qu’ils sont seuls en cause et n’ont pas reçu de directives déterminées. Captant ce message cinq sur cinq, les cadres partis à l’attaque il y a quelque temps, comme Assem Kanso, adoptent désormais un profil bas et ne font plus de vagues. On ne les entend plus clamer que la reconduction est un fait accompli. Ni que quiconque s’y oppose serait un hérétique, par rapport à ce que l’on appelle la ligne nationale coachée par Damas. Pour qui, en réalité, la liberté de manœuvre consentie aux Libanais constitue un double atout. D’abord, parce que les Occidentaux, qui ont mis clairement les points sur les i en exigeant qu’il n’y ait pas d’immixtion, ne peuvent lui reprocher aucune transgression. Ensuite, parce que les Libanais, impénitents querelleurs, voudront finalement solliciter eux-mêmes une solution syrienne, sous forme de conseil discret. Un bon substitut, subtil, pour le classique, mais brutal, mot d’ordre traditionnel. L’épreuve, on le sait, comprend deux étapes principales. D’abord la question de la reconduction. Dont les actions, pour le moment, semblent en baisse. Ainsi Sleiman Frangié et Walid Joumblatt ont, à tour de rôle, souligné que l’option de l’élection, de l’alternance, devrait l’emporter haut la main. Et, toujours selon les proches des décideurs, aucun de ces deux leaders ne s’est vu critiqué par les décideurs pour ses pronostics. Sans se prononcer, Damas a fait savoir qu’il est satisfait de voir les Libanais s’exprimer et prendre position, du moment qu’il leur appartient de trancher seuls. Du côté américain, rien de neuf à signaler. Condoleezza Rice, le département d’État, puis Bush en personne se sont fermement déclarés en faveur d’une élection libanaise libre de toute immixtion. Quant au congressman d’origine libanaise Ray LaHood, il a exprimé un point de vue personnel qui ne reflète pas celui de son gouvernement. Qui, cependant, développe des contacts discrets avec des personnalités libanaises, au sujet des qualifications du prochain président libanais. Ces concertations vont encore se prolonger pendant quelque temps, indiquent les sources relancées. Ajoutant que, selon toute probabilité, le dossier va être abordé lors des échanges syro-américains prévus à la fin du mois en cours en Italie. Une prise de contact qui pourrait conduire à une normalisation de rapports bilatéraux particulièrement tendus. Ou déboucher sur une impasse et un constat de rupture. À cause des divergences connues au sujet du Hezbollah, des infiltrations en Irak, du soutien syrien aux Palestiniens comme de la présence armée au Liban. Quoi qu’il en soit, nombre de professionnels pensent que même en cas de frictions syro-américaines accrues, il n’y aurait pas de retombées notables au niveau de la présidentielle libanaise. Parce qu’il paraît improbable, pour l’heure, qu’après les engagements de dégagement pris par la direction syrienne, elle se rabatte sur une attitude de défi virulente du fait que, répétons-le, l’Amérique, par son indifférence à l’égard de la carte libanaise, donne peu de prise aux pressions. Il est donc vraisemblable, concluent ces professionnels, que, comme en 88, Syriens et Américains s’entendent. Sans nécessairement l’avouer. Philippe ABI-AKL
Comme un bébé perdu dans la foule. Si le tableau de la présidentielle reste aussi flou, à trois petits mois de l’échéance, c’est parce que ni les Syriens ne disent ce qu’ils veulent. Ni les Américains, électeurs en second par droit de veto, qui ils ne veulent pas.
Et cela risque de durer. D’abord parce que les Américains sont occupés par leur propre présidentielle....