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Actualités

Sur les Campus - Le renouvellement des élites à travers les jeunes générations de cinéastes

Lundi 12 juillet. 19h. Académie libanaise des beaux-arts (Alba – Sin el-Fil). Séance de projection des films de diplôme des étudiants en audiovisuel. Les sept étudiants diplômés avaient à présenter chacun trois œuvres : un court-métrage de près de vingt minutes en moyenne, une publicité, et un sujet libre. Les résultats sont souvents déroutants, inattendus. La technique est au rendez-vous, une technique très souvent bien maîtrisée, avec quelques véritables petits chef-d’œuvres qui surprennent, au détour d’un regard. À titre d’exemple, l’éclairage – réalisé par l’un des étudiants au talent fou, Nadim Sawma – est tout simplement parfait, fort bien adapté au climat de chacun des films. Mais on pourrait tout aussi bien évoquer le montage, le son, la qualité de l’image, le décor... Par-delà le technique, les émotions sont au rendez-vous. Ces jeunes diplômés se sont tellement investis dans ces œuvres qui revêtent pour eux un caractère sacral – ce sont leurs premières « vraies » réalisations – qu’ils ont fait des films à leur image. Qu’ils se sont mis en scène, qu’ils ont recréé – mais ont-ils eu besoin de recréer ? – des parcelles du cadre dans lequel évolue actuellement leur génération. Ainsi ces sept tableaux animés se succèdent-ils, dévoilant quelques grands talents, mettant à nu quelques-un(e)s de leurs auteurs, transmettant des émotions souvent très intenses, car toutes surprenantes pour des talents en éclosion. Parmi les thèmes abordés : le paradoxe de la proximité et de l’absence de communication entre deux êtres (Rana Salem, major de promotion, et auteur d’un très grand film de 26 minutes, Awwal tabe’aal yamin – Premier étage à droite, qui serait digne de représenter le Liban dans des festivals internationaux), l’absurdité underground des rues citadines de Beyrouth de nuit (Nadim Sawma, très jarmuschien), la vie d’un couple doux-dingue sur fond de voyeurisme romantique, à la fois tendre et inquiétant (Yara Nachawati), le dernier voyage dans la solitude d’une femme âgée vers sa dernière demeure, une maison de retraite (Nadine Ghanem, servie par une actrice au visage formidablement expressif, et qui évoque la Straight Story de David Lynch). Autres sujets évoqués : l’homosexualité, dans un court-métrage qui est aussi une dénonciation de l’émigration (Chaker Chihane). Le film qui s’est classé premier, celui de Rana Salem, exprime parfaitement le malaise d’une génération de jeunes qui se font, se défont, se croisent, se déchirent, se retrouvent, dans le silence de l’incommunication, dans l’absurdité du silence. Le piano d’Erik Satie et le refrain lancinant de la chanson Sweet Dreams des Eurythmics accompagnent les personnages tout au long du film et reviennent pour accentuer l’effet de spirale dans lequel sont emportés des personnages tristes, qui cherchent chacun sa voie dans les labyrinthes d’un appartement. L’intérêt politique, au sens large, de ces films – car il en existe un – est de prouver qu’il existe réellement une génération de la relève au Liban, sur le plan artistique, et plus spécialement sur le plan cinématographique. Une relève jeune qui, s’inspirant de son vécu, de ses problèmes, de son entourage, de l’espace dans laquelle elle évolue, commence à produire de l’art pur, et contribue par là-même à la renaissance culturelle du pays. En restant attachés à leur pays et en s’inspirant de la société pour créer – malgré toutes les difficultés que rencontrent ces étudiants, souvent obligés soit à émigrer, soit à aller sacrifier leur talent au service de la publicité –, ces jeunes diplômés (qui ont le plus souvent envie de faire des films) contribuent également à apporter une lecture critique, un regard neuf sur leur pays. Ils peuvent ainsi assumer leur fonction latente d’objecteurs de conscience (tout en restant des « marchands de rêve »), mais aussi et surtout, faire partie intégrante d’une nouvelle dynamique ultranécessaire, fondamentale, de renouvellement des élites culturelles et politiques du pays. Michel HAJJI GEORGIOU


Lundi 12 juillet. 19h. Académie libanaise des beaux-arts (Alba – Sin el-Fil). Séance de projection des films de diplôme des étudiants en audiovisuel.
Les sept étudiants diplômés avaient à présenter chacun trois œuvres : un court-métrage de près de vingt minutes en moyenne, une publicité, et un sujet libre.
Les résultats sont souvents déroutants, inattendus. La technique est...