Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Le réquisitoire du FMI suscite des commentaires désabusés La place de Beyrouth réclame un président du changement

Le rapport du Fonds monétaire international provoque, dans les cercles d’affaires, d’amères réactions quant aux responsabilités. Car ce réquisitoire, tout en fustigeant le manquement du Liban aux engagements de réforme pris à Paris II, n’en précise pas les causes, ne pointe pas du doigt les parties coupables de cette faute de trajectoire. Dès lors, les partisans du régime sautent sur l’occasion pour imputer la dégradation, en coulisses, au camp haririen. Qui en a autant au service de ses contempteurs, qu’il accuse d’avoir sciemment entravé ses plans de redressement économique ou financier. Les professionnels, pour leur part, renvoient dos à dos ces protagonistes en soulignant que la faute incombe finalement aux deux parties qui se partagent autant les responsabilités que le pouvoir. Et qui, par leurs tiraillements même, ont alourdi la dette publique et le déficit budgétaire, au lieu de les alléger. Partant de là, le traitement du problème de fonds revêt un aspect politique. Comme le résument des économistes, à y regarder de près, les chiffres du bilan technique sont modulables en fonction des changements de climat régnant sur le front politique intérieur. Ils se trouvent donc conditionnés par la lutte d’influence entre les dirigeants, comme par les multiples conflits qui opposent diverses forces, majeures ou secondaires. Cette façon de voir les choses est confortée par les dires mêmes des responsables. L’on a pu ainsi entendre le président de la République soutenir que s’il n’avait pas pris soin d’assister à toutes les séances du Conseil des ministres, s’il n’y avait pas mis du sien en somme (sous-entendu, s’il avait laissé faire le gouvernement et les haririens), la dette publique aurait atteint les 50 milliards de dollars. Chiffres contre chiffres, le président du Conseil rétorque que le maintien du statu quo, entendre du régime, sans réalisation de l’entente ou des réformes, porterait la dette publique à 45 milliards en moins de trois ans. Ses fidèles rajoutent que ce sont les lahoudistes qui ont empêché les privatisations et la titrisation, par attachement à la notion socialiste d’État-providence. Et cela alors même que nul n’avait officiellement contesté la nécessité de telles mesures, demandées par la Banque mondiale comme par les donateurs, lors de Paris II. De ce fait, des quelque 10 milliards de dollars que l’on espérait faire fructifier grâce au plan indiqué, il n’est parvenu au Trésor qu’un quart à peu près, sous forme d’aides diverses ou de prêts privilégiés. Un hors-d’œuvre rapidement gommé par l’accroissement de la dette publique et la hausse de son service (paiement des intérêts). Que le swap n’a fait que rééchelonner. Comme la partie de ping-pong se poursuit, les lahoudistes ripostent en affirmant que les largesses inhérentes au libéralisme sauvage dont les haririens sont adeptes sont la principale cause de l’aggravation de l’ardoise publique et du manque de ressources du Trésor. Ils affirment que le président du Conseil a rendu les choses encore plus compliquées en les politisant. Cependant, la livre libanaise ne se ressent plus, comme par le passé, des orages politiques. D’une part parce qu’à la longue les marchés se sont immunisés contre de telles contagions. D’autre part parce que, sous la conduite du gouverneur Riad Salamé, la Banque centrale a suivi une stratégie efficace de protection. Par le stockage de devises fortes (12 milliards de dollars) comme par la dynamisation du secteur bancaire privé, à travers des programmes bien ciblés. Cette stabilité, cette solidité de la monnaie nationale est l’un des rares facteurs qui inspirent de l’espoir sur le plan économique général. Car le rempart ainsi dressé par la Banque centrale incite les investisseurs à dépasser les appréhensions que suscite la situation politique interne, pour placer leurs capitaux au Liban. De source autorisée, l’on indique que les banques libanaises disposent actuellement d’un matelas de quelque 55 milliards de dollars de dépôts. Mais, à moyen terme, les marchés ne cachent pas que la relance ne peut être stimulée que par un nouveau président de la République qui soit un homme du changement. Selon les professionnels, pour que l’élan des capitaux puisse progresser, il faut de toute évidence un pouvoir politique cohérent, uni, qui réhabilite l’indispensable instrument économique qu’est l’Administration. Pour ces milieux, il est clair que seul un président qui jouerait un rôle de catalyseur actif, de rassembleur, peut animer un Exécutif capable de faire face à la dette publique. Dont le Liban doit, en principe, rembourser 24 milliards (sur 35) dans les deux ans à venir. Il faut un plan et un pouvoir cohérent pour le mener à bien... Donc il faut du changement, concluent les marchés. Philippe ABI-AKL
Le rapport du Fonds monétaire international provoque, dans les cercles d’affaires, d’amères réactions quant aux responsabilités. Car ce réquisitoire, tout en fustigeant le manquement du Liban aux engagements de réforme pris à Paris II, n’en précise pas les causes, ne pointe pas du doigt les parties coupables de cette faute de trajectoire. Dès lors, les partisans du...