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Actualités - OPINION

Une répétition scénique, une générale, en vue des législatives

Nous voici donc en pleine bataille électorale. Malgré le mot d’ordre général de détente, voire d’entente, c’est un climat d’affrontement aigu qui règne dans certaines régions. Où s’annoncent des épreuves de force qui mettent aux prises des opposants et des loyalistes, mais aussi diverses instances locales. Dès lors, on peut se montrer sceptique par rapport aux promesses de fair-play, d’esprit sportif, déployées par tous. Car, quand il s’agit de gagner ou de perdre, on oublie volontiers le sens de la retenue courtoise. Surtout quand il existe, comme dans nombre de localités, de rudes rivalités, quasi séculaires, de familles ou de clans. Le pouvoir pour sa part se montre unifié (pour une fois) autour du thème de la dépolitisation. Le Premier ministre emboîte en effet le pas, sur ce plan, au chef de l’État pour prôner le consensus ou, à défaut, une compétition sainement démocratique. Pour un peu, Koraytem, à l’instar de Baabda, inviterait la population à ne voir dans les municipales qu’une élection gestionnaire, de développement. Cette attitude haririenne ne manque pas de mérite. Dans la mesure où, dans la capitale, le président du Conseil se trouve confronté à un test nettement politique. Dans ce sens que c’est son influence dans le domaine public, son emprise sur la rue, son leadership qui se trouvent en jeu. Ce cas montre par lui-même que les municipales, tout en étant de nature distinctes des législatives, en préfigurent les enjeux et les grandes lignes. Élément notable : à Beyrouth, les fortes pressions exercées par les tuteurs en faveur d’un consensus n’ont, cette fois, pas suffi pour fabriquer une liste unanime. Hariri retrousse donc ses manches. Récemment, il a surpris même ses proches. Il a en effet rassemblé à Koraytem le personnel des institutions qui relèvent de lui. Pour presser les participants de se précipiter aux urnes au titre du sens civique et de la promotion d’une saine démocratie. Il a, dans une allusion lourde de sens, affirmé la nécessité d’expression de la volonté populaire dans le choix de « vrais représentants de la collectivité libanaise au sein des institutions constitutionnelles chargées des affaires publiques ». Un angle de vue qui va du particulier au général et dépasse visiblement le cadre des municipales pour évoquer la démocratisation des institutions dans leur ensemble. Le Parlement compris. Ce qui met indirectement l’accent sur l’opportunité, la priorité, de dégager la voix, et la voie, libanaise plutôt qu’une autre... Pour bien montrer qu’il s’élève au niveau des grands principes, en véritable homme d’État, Hariri a lancé à ses collaborateurs : « Je vous invite à voter. Sans vous demander de vous prononcer pour tel ou tel candidat, telle ou telle liste. L’essentiel est de participer effectivement au scrutin du 9 mai. En élisant qui vous voulez parmi ceux qui vous semblent aptes à vous représenter. » Il a cependant souligné qu’à ses yeux, ce qui compte avant tout, c’est l’unité de Beyrouth, le caractère national de la capitale, la formule de coexistence, d’équilibre, qui y est à l’honneur. En précisant que dans cet esprit, chacun doit voter à parité égale pour les musulmans et pour les chrétiens. Tout panachage devrait se faire, à son avis, en restant au sein de la communauté du nom biffé. En tant que parrain de liste, Hariri ne se montre pas aussi élastique. Dans ses tractations avec les partis, il a d’abord refusé de céder. D’accepter l’adhésion de candidats représentant le parti Kataëb ou l’ancien député Tammam Salam. Car, selon ses dires, il n’accepte pas de traiter, à Beyrouth, avec certaines forces politiques. Qui l’ont déçu. Cette position en flèche semble avoir agacé les décideurs. Berry a de la sorte reçu un message syrien d’une clarté aveuglante : il faut agir vite pour colmater les brèches à Beyrouth et y éviter une rude bataille politique. En proposant une liste de consensus équilibrée sur le plan confessionnel. Des efforts restent donc déployés dans ce sens. Tout comme le chef du gouvernement, plusieurs pôles de province voient leur marge de manœuvre politique, et leurs quotas d’influence, mis en balance dans la perspective des législatives de l’an prochain. Car le gain, ou la perte, de municipalités peut entraîner un lourd mouvement de voix en 2005. Plusieurs députés ou hommes politiques sont donc présents sur le terrain et s’activent pour des listes ou des candidats déterminés, comme s’ils étaient en campagne pour eux-mêmes. Un exemple entre autres : le ministre Jean-Louis Cardahi, qui se trouve combattu sur le plan de la popularité pour lui barrer la voie l’an prochain à la députation. Et qui se défend donc du mieux qu’il peut au niveau des municipales, à Jbeil. En tout cas, chacun cherche à marquer des points, à améliorer son score, pour ne pas partir désavantagé, ou perdant, dans la course aux strapontins parlementaires. Il faut souligner cependant que pour Beyrouth, qui est capitale, la tendance reste d’essayer à tout prix d’en faire une sorte de ville ouverte. C’est-à-dire neutre, mise à l’écart des rapports de forces. Philippe ABI-AKL
Nous voici donc en pleine bataille électorale. Malgré le mot d’ordre général de détente, voire d’entente, c’est un climat d’affrontement aigu qui règne dans certaines régions. Où s’annoncent des épreuves de force qui mettent aux prises des opposants et des loyalistes, mais aussi diverses instances locales. Dès lors, on peut se montrer sceptique par rapport aux...