Rechercher
Rechercher

Actualités - interview

Interview - Son rival à la tête du conseil municipal « manque de crédibilité », estime le chef du PNL Dory Chamoun : « Deir el-Qamar ne sera pas gouverné par la botte » (photo)

Dory Chamoun est plus déterminé que jamais. Le chef du Parti national libéral (PNL), qui brigue actuellement un deuxième mandat à la tête de la municipalité de Deir el-Qamar, n’a pas le moins du monde été ébranlé par l’agression dont il a été victime mercredi soir. Des « fantômes de la nuit » ont en effet lancé une grenade offensive dans un coin du jardin de sa maison, dans son village du Chouf, près de dix jours seulement avant le scrutin. Pour Dory Chamoun, l’acte est révélateur en lui-même : « C’est le genre de comportements auxquels nous ont habitués les gens du Deuxième bureau depuis l’ère chéhabiste. Il est inévitable, dès lors, que les doigts se pointent vers ces gens-là. D’autant plus que Deir el-Qamar n’avait plus été témoin de ce genre d’exactions depuis bien longtemps. Nos relations avec Nagy Boustany (NDLR : son rival à la présidence du conseil municipal en 1998) n’en sont jamais arrivés à cette extrémité. Nous avons toujours respecté les règles du jeu. C’est donc un élément nouveau dans la bataille qui est à l’origine de ce genre de comportements. » « Le plus comique, c’est que les services de renseignements n’ont rien trouvé de mieux à faire que de se lancer à la poursuite des membres du PNL, à la suite de cet incident », indique M. Chamoun, faisant état d’interpellations et de convocations dans les rangs des militants du parti entre jeudi soir et hier matin. « “À qui profite le crime ?” ont pensé les esprits des SR. Ils ont décidé que c’était à Dory Chamoun. Voilà l’excuse qu’ils cherchent à trouver. Personnellement, je pense que tout cela vise à m’intimider. L’on ne veut pas que Dory Chamoun réussisse à Deir el-Qamar », martèle-t-il. Pour le chef du PNL, ceux qui se cachent derrière l’agression cherchent à « créer un climat malsain à Deir el-Qamar pour dissuader les habitants et les opposants d’aller aux urnes ». Fait-il allusion à son rival à la présidence du conseil municipal, le général Adonis Nehmé ? « Certainement. Il s’est déjà permis beaucoup de bavures. À titre d’exemple, certains parents de jeunes qui servent actuellement dans l’armée ont reçu des appels téléphoniques... Le plus souvent, ce sont des menaces voilées. Mais parfois, elles sont claires. Par ailleurs, plusieurs habitants ont reçu des promesses d’amélioration prochaine de leur situation. On leur a promis des emplois... », répond-il. À partir de Baabda Selon le chef du PNL, le général Nehmé « mène campagne contre Dory Chamoun parce qu’il est dans l’opposition ». « Comment n’en serais-je pas convaincu lorsqu’on lui permet de mener campagne à partir du palais de Baabda ? Cela veut dire que les hautes autorités du pays sont impliquées. Le général Nehmé convoque des électeurs dans un bureau à Baabda pour tenter de les impressionner. En plus, les voitures de ces visiteurs ne sont même pas fouillées à l’entrée du palais... » Pour M. Chamoun, cela en dit long sur beaucoup de choses. « Mais ces procédés dignes du Second bureau ne passeront pas. L’histoire de Deir el-Qamar est faite de révoltes : Fakhreddine contre les Ottomans ou encore Camille Chamoun contre les Français, puis contre toutes les dominations étrangères. Deir el-Qamar refuse d’être gouverné par la botte, parce qu’il s’agit bien d’un projet de botte qui déferle sur le village. Tout “Deiriote” considère ce défi comme personnel. Je n’ai pas confiance dans l’esprit démocratique du général Nehmé », souligne-t-il. Pourtant, les rumeurs lui prêtent des affinités avec le PNL par le passé... « Écoutez, quelqu’un qui va, devant une dizaine de témoins, raconter à Camille Chamoun, le jour de l’assassinat de Béchir Gemayel, que Béchir n’a que quelques blessures et qu’il l’a lui-même accompagné à bord d’un hélicoptère à l’Hôtel-Dieu... Cette personne ne peut être prise au sérieux. Elle n’est tout simplement pas crédible », poursuit Dory Chamoun. Qu’en est-il de l’axe Nagy Boustany-Adonis Nehmé à Deir el-Qamar ? « Il y a eu une tentative de compromis avec M. Boustany pour éviter toute bataille électorale, pour créer un climat plus propice et mettre fin aux zizanies. Mais M. Boustany n’a pas pu se débarrasser de son alliance avec Adonis Nehmé. Par ailleurs, on m’a proposé une entente avec Adonis Nehmé, à condition que je l’accepte au sein du conseil municipal. J’ai refusé. La présence d’une telle personne est inacceptable », répond M. Chamoun. Le chef du PNL rapporte par ailleurs la présence d’un curé, le père Jean Moussa, au sein de la liste de M. Nehmé. « Lorsque M. Nehmé a été placer sa liste sous la bénédiction du patriarche maronite, jeudi matin, Mgr Sfeir aurait fait remarquer au père Moussa, selon certaines sources, que les ecclésiastiques devaient rester à l’écart de la politique », dit-il. « D’ailleurs pourquoi a-t-il voulu placer sa liste sous la bénédiction de Mgr Sfeir ? Ne sait-il pas qu’il a constitué un précédent et que des centaines d’autres personnes voudront faire la même chose ? Je pense que le patriarche Sfeir a déjà suffisamment de travail ! » ajoute M. Chamoun. Un bilan positif Interrogé sur ses relations avec Walid Joumblatt, Dory Chamoun évoque des liens d’amitié avec les progressistes de Deir el-Qamar, estimant que M. Joumblatt n’a rien contre sa candidature. Concernant le reproche qui lui a beaucoup été fait depuis 1998, celui de s’être consacré à une municipalité au lieu de briguer d’autres fonctions, le chef du PNL affirme : « J’aime le productivité, et cela a été possible à Deir el-Qamar, où il a été possible de construire toute une infrastructure : les installations de courant électrique, d’eau et d’égouts sont quasiment terminées. Les routes sont asphaltées. Des jardins ont été construits. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour installer la NDU à Deir el-Qamar. Dans un grand bâtiment, qui devait, à la fin des années 60, abriter un projet d’hôtellerie, nous avons hébergé l’École secondaire publique et l’UL. Le bâtiment doit bientôt accueillir l’École technique. Et si l’on n’arrive toujours pas à ajouter de nouvelles ailes à l’hôpital, c’est parce qu’il n’y a pas suffisamment de fonds au sein de l’État. » Sans oublier son grand succès, les Estivales de Deir el-Qamar, qui a ramené le village sur la carte culturelle du pays. « C’est vrai que ce sont de petits actes, mais au moins, nous sommes en train d’agir. C’est mieux que d’être l’un de ces hommes politiques qui produisent de l’air chaud à longueur de journée. Au moins, je sens que je peux être au service de la population et servir tout le monde sur un pied d’égalité », précise-t-il. Une mutation importante Concernant les municipales en général, Dory Chamoun note qu’il s’agit de la première fois où « le citoyen a la possibilité d’opter pour un programme politique et pour sanctionner la politique néfaste du gouvernement, qui est à la base du désenchantement des Libanais ». « Grâce aux erreurs du pouvoir, il y a eu une mutation au sein des élections municipales, qui ne concernent plus que les familles. Maintenant, il y a des listes d’opposition dans plusieurs régions. Mais cette idée d’opposition unifiée est assez nouvelle. Quel que soit son degré de réussite, il convient d’être sûr d’une chose : au lendemain des élections, la page sera tournée, et c’est une unité pour les législatives qui sera à l’ordre du jour. Nous réalisons tous qu’il y a un même combat à mener pour la souveraineté et l’indépendance du pays. Cependant, je pense qu’il ne faut absolument pas laver son linge sale en public », affirme-t-il. M. Chamoun est par ailleurs contre toute intervention dans le scrutin de Beyrouth : « La loi électorale ne se conforme pas du tout à la formule libanaise de convivialité. Et je pense que même la liste du courant aouniste ne vise qu’à exprimer un grand “non” à tout ce qui se produit. » Michel HAJJI GEORGIOU
Dory Chamoun est plus déterminé que jamais. Le chef du Parti national libéral (PNL), qui brigue actuellement un deuxième mandat à la tête de la municipalité de Deir el-Qamar, n’a pas le moins du monde été ébranlé par l’agression dont il a été victime mercredi soir. Des « fantômes de la nuit » ont en effet lancé une grenade offensive dans un coin du jardin de sa...