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Actualités - OPINION

Sur les Campus À l’Usek, des jeunes motivés et une administration prudente

L’Université (catholique) du Saint-Esprit Kaslik (« Kaslik » vient d’ailleurs d’une compression en arabe du mot « catholique », affirme l’ancien recteur de l’université, le père Joseph Mouannes, dans son ouvrage sur la Personnalité libanaise ). L’Usek. Un haut lieu d’études académiques, point de rencontre entre culture et mysticisme, entre le savoir, la connaissance et la foi. Un peu en retrait du centre de la capitale, qui abrite les locaux de l’Université Saint-Joseph (USJ) et de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), l’Usek, à l’instar de l’Université de Balamand, n’en est pas moins un établissement très prisé par les étudiants, surtout pour ceux qui habitent au Kesrouan et au Liban-Nord. Aux premiers abords, les étudiants de l’Usek adoptent un profil bas dès qu’il s’agit de parler du mouvement estudiantin, des questions politiques, économiques et sociales qui les concernent directement. Et pour cause : les activités politiques à l’Usek sont très discrètes et, selon les dires des étudiants, elles seraient plutôt « découragées » par l’administration de l’établissement. L’Usek a joué, durant la guerre, un rôle d’encadrement des jeunes, notamment des Forces libanaises. Tout le monde se souvient des repères qu’ont constitués, pour certains groupes de jeunes, des figures comme celles du père Charbel Kassis ou de l’abbé Boulos Naaman, à certaines périodes de la guerre. Mais il pourrait bien s’agir aujourd’hui d’une époque révolue, dans la mesure où la direction de Kaslik semble avoir opté, depuis la fin de la guerre, pour la prudence et le développement de nature académique. Plusieurs indices laissent à penser que cette orientation prime sur toutes les autres depuis au moins le milieu des années 90. Selon les témoignages de plusieurs anciens étudiants, l’ancien recteur de l’Usek, le père Joseph Mouannes, faisait signer des papiers aux jeunes inscrits à l’Usek, « pour leur interdire toute activité politique, sous peine de sanctions disciplinaires ». Depuis ce temps, la position de l’administration n’aurait pas beaucoup changé, affirment les étudiants. Étudiant en droit à l’Usek, Hikmat Abou Zeid affirme : « La direction n’est pas très favorable aux activités politiques à l’université. Ces dernières sont informelles et quasiment interdites. » M. Abou Zeid précise qu’avec un groupe d’étudiants, il a proposé la création d’une amicale pour permettre aux étudiants d’avoir des représentants, mais que la réponse de l’administration a été négative. Il a ensuite proposé la formation d’un comité pour monter consulter le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, à ce sujet, mais cela lui aurait été également déconseillé. « Pourtant, il existe un terrain politique à l’Usek, qui souhaite œuvrer au niveau citoyen. Il existe plusieurs tendances. Certes, il y a des jeunes désengagés, mais il y a aussi des militants aounistes et FL. En réalité, la direction veille à ménager les susceptibilités entre les différents courants. Elle préfère que les délégués n’aient qu’une fonction strictement administrative », ajoute-t-il. Habib Haddad, étudiant en droit, affirme « avoir été obligé de signer, lors de son entrée à l’Usek en l’an 2000, un document pour le dissuader de mener des activités politiques », mais il ne sait pas si cette pratique a toujours lieu. « Plusieurs hypothèses circulent concernant cette volonté de maintenir l’Usek à l’écart du politique. Mais la conséquence est la même : pour nous exprimer, nous sommes obligés de participer aux manifestations qui se déroulent ailleurs », indique-t-il. Tous les étudiants contactés déplorent cette absence de structures politiques pour encourager les jeunes à commencer à assumer leurs responsabilités de citoyens sur les campus. Pourtant, cela n’a pas empêché les jeunes de Kaslik de se solidariser avec leurs camarades de l’USJ le mois dernier, lors de la confrontation entre les étudiants de l’opposition et les forces de l’ordre devant le campus de la rue Huvelin. Réunis sur le campus de Kaslik, ils ont observé un sit-in pacifique et ont organisé une exposition-photos en guise de condamnation du principe de la répression des manifestations et des jeunes. Cette initiative prouve, à elle seule, que les étudiants de l’Usek ne sont pas dépolitisés, mais qu’ils aspirent, tout au contraire, à mener des activités politiques, dans l’acception civique et citoyenne du terme. M. H. G.
L’Université (catholique) du Saint-Esprit Kaslik (« Kaslik » vient d’ailleurs d’une compression en arabe du mot « catholique », affirme l’ancien recteur de l’université, le père Joseph Mouannes, dans son ouvrage sur la Personnalité libanaise ). L’Usek. Un haut lieu d’études académiques, point de rencontre entre culture et mysticisme, entre le savoir, la...