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Justice - Réquisitoire virulent du bâtonnier contre le laxisme des autorités face aux agressions qui visent les avocats Une vague criminelle vise la justice, dénonce Sélim Osta

«Une vague criminelle vise la justice ». Tel est le cri d’alarme que le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Sélim Osta, a lancé hier dans le cadre d’une conférence de presse sur les agressions dont sont victimes les avocats d’une manière récurrente. En présence de l’ancien bâtonnier Raymond Chédid et des membres du conseil de l’Ordre, M. Osta est immédiatement entré dans le vif du sujet, affirmant qu’il n’a jamais vu, de mémoire d’avocat, une telle vague criminelle s’abattre sur l’avocature, fustigeant au passage le laxisme des autorités concernées face à ce phénomène. « C’est comme si le but était de faire sentir à la justice qu’elle est menacée au Liban, de donner l’impression aux magistrats et aux avocats qu’ils sont dans la ligne de mire », a-t-il affirmé. Évoquant la « tentative de meurtre » dont a été victime il y a trois jours l’avocat Assaf Hachem « pour l’empêcher d’accomplir sa mission », M. Osta a énuméré une série d’agressions similaires au cours des dernières années : celle qui a visé l’avocat Fouad Hanna el-Daher il y a quelques mois, lorsqu’un homme lui a tiré dessus à bout portant, l’atteignant à la poitrine, ou encore la tentative de meurtre dont a été victime l’avocat Sélim Gharios, tabassé par un groupe d’inconnus il y a quelques années. Sans oublier, bien entendu, le martyr des quatre magistrats de Saïda, assassinés alors qu’ils étaient dans l’exercice de leurs fonctions. « Qui a tué les quatre juges ? Pourquoi l’enquête n’a-t-elle toujours pas avancé ? Qui profite de l’envoi de ce dossier aux oubliettes – ce qui n’adviendra jamais, contrairement à ce que souhaitent les criminels et leurs complices ? » a-t-il demandé, évoquant d’autres agressions contre deux magistrats à Zahlé et à Beyrouth, et plaidant en faveur des plus lourdes sanctions à l’encontre des criminels. M. Osta s’en est ensuite pris au pouvoir pour ses négligences à ce niveau, estimant qu’il s’agissait là d’une « volonté délibérée et préméditée d’affaiblir l’esprit de justice, de porter atteinte au droit sacro-saint du citoyen à se défendre et de laminer la détermination de la personne humaine à revendiquer ses droits au sein de l’État des institutions et de la loi ». Le bâtonnier s’en est pris aux autorités, qui font plus que jamais preuve de laxisme en n’arrêtant pas les agresseurs afin de les mettre sous les verrous, et ce même s’ils sont bien connus et à portée de main, comme c’est le cas dans l’affaire de l’agression contre Fouad Hanna el-Daher. Tout au contraire, ces criminels vaquent à leurs occupations en toute liberté, a-t-il déploré. « Est-il plus difficile d’attraper cet individu dont l’identité et le lieu de résidence sont connus, que de mettre le grapin sur Abou Ali Sadek el-Masri, le baron de la drogue ? Ou bien la main de l’État est-elle tantôt longue, et tantôt très courte, en fonction de son humeur ? » s’est-il interrogé. Et de demander au ministre de l’Intérieur, Élias Murr, qui est avocat de formation : « Quand est-ce que vous allez arrêter l’agresseur de Fouad Hanna el-Daher ? Nous attendons la réponse. » Le bâtonnier est ensuite revenu à la charge, évoquant la « campagne criminelle pernicieuse, préméditée et organisée qui vise la justice, parce que cette dernière cherche à combattre les pressions ». « L’objectif est de mettre la corde au cou de la justice et de l’empêcher d’atteindre les corrupteurs, les corrompus et les criminels », a-t-il souligné. « L’indépendance de la justice reste un souhait qu’il va être difficile de matérialiser. La justice est victime de tentatives diverses d’ingérences, lesquelles ne proviennent que du côté de ceux qui craignent son pouvoir. Après cela, ils vous parlent de dossiers judiciaires politiques, qui sont tantôt ouverts et tantôt refermés. Si c’est le cas, c’est parce que eux sont des politiciens véreux qui font pression sur la justice par mille et un moyens », a-t-il précisé, appelant la justice à ouvrir tous les dossiers, à poursuivre tous les criminels et à dévoiler tous les corrupteurs. « Qui gère les affaires de cet État, et en fonction de quels critères ? Où va le navire, et qui en est le capitaine ? » s’est-il enfin demandé.
«Une vague criminelle vise la justice ». Tel est le cri d’alarme que le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Sélim Osta, a lancé hier dans le cadre d’une conférence de presse sur les agressions dont sont victimes les avocats d’une manière récurrente.
En présence de l’ancien bâtonnier Raymond Chédid et des membres du conseil de l’Ordre, M. Osta est immédiatement...