Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

De Varsovie à Bkerké en passant par Jbeil, les pro et anti-reconduction campent sur leurs positions

Chaque jour doit apporter désormais son lot de réactions, prises de position et autres commentaires au sujet d’une éventuelle reconduction d’Émile Lahoud à la tête de l’État. Et ce sont hier trois ministres et trois députés qui se sont employés, de l’extérieur comme de l’intérieur du pays, à défendre les thèses des deux camps : celui qui s’oppose à tout amendement de la Constitution (et surtout de l’article 49), et celui qui estime que la prorogation du mandat Lahoud ne pourrait être que bénéfique au pays et aux citoyens. À Varsovie d’abord, et au cours d’une discussion à bâtons rompus avec les journalistes qui accompagnaient le n°1 de l’État en Pologne, le ministre d’État, Abdel-Rahim Mrad, et son collègue à la Défense, Mahmoud Hammoud, se sont tous deux longuement arrêtés sur l’échéance présidentielle de novembre. Abdel-Rahim Mrad a ainsi réaffirmé son attachement à l’amendement de l’article 49 « si les circonstances régionales l’exigeaient », estimant que les positions « nationales » d’Émile Lahoud ont été « exceptionnelles ». Indiquant que la décision finale n’est pas encore claire et qu’elle est fonction des développements qui précéderont et accompagneront la diffusion du mot d’ordre, il a néanmoins affirmé que si le choix devait se faire « en cet instant, il se porterait sûrement sur le président Lahoud ». Le ministre d’État, réputé particulièrement proche de Damas, s’est également étonné des campagnes menées par certains contre tout amendement constitutionnel visant à reconduire l’actuel locataire de Baabda dans ses fonctions – « ces mêmes gens qui avaient mené campagne il y a quelques années pour la reconduction du président Hraoui ». Il en a profité pour rappeler qu’à l’époque, il s’était prononcé en faveur de cette prorogation, et qu’il avait conseillé de ne pas s’y opposer. En outre, il s’est demandé « comment ceux qui mettent en garde aujourd’hui contre l’amendement de la Constitution s’étaient pliés en quatre en 1998 pour amender cette même Constitution, afin de porter Émile Lahoud au pouvoir. Peut-on toucher à la loi fondamentale lorsque cela sert nos intérêts et s’y opposer lorsque cela les dessert ? » a-t-il poursuivi. Pour sa part, Mahmoud Hammoud – qui a toujours su éviter les prises de position politiques depuis qu’il est ministre – a profité de sa légendaire diplomatie pour répondre aux questions des journalistes. Il a ainsi laissé entendre que les performances du gouvernement « auraient pu être meilleures », notamment en ce qui concerne les dossiers urgents. Pour chacun desquels, a-t-il rappelé, il a souvent demandé des séances spéciales du Conseil des ministres. Et en ce qui concerne l’échéance présidentielle, le ministre de la Défense n’a pas voulu se prononcer, assurant qu’il était « en faveur de tout ce qui sert l’intérêt et le bien du Liban » et soulignant que le sujet de l’amendement constitutionnel n’est pas la priorité. À Jbeil ensuite, où il inaugurait la deuxième étape du reboisement du caza, le ministre de l’Environnement – et présidentiable 2004 – Farès Boueiz a rappelé son opposition de principe à tout amendement constitutionnel qui serait « ponctuel, personnel ou lunatique ». Concernant le volet politique de sa position, il a déclaré sans ambages que « le pays a besoin de changement, d’un nouvel état d’esprit, d’un nouveau comportement et d’une nouvelle réforme – et la reconduction ne servira en rien chacun de ces objectifs », a-t-il assuré. Interrogé ensuite sur le point de savoir quelle serait sa réaction au cas où le courant reconductionniste triomphait, Farès Boueiz a soulevé l’éventualité de son adhésion aux rangs de l’opposition. Et sur la crédibilité d’une rumeur faisant état d’un ministre délégué à Washington pour défendre et faciliter la reconduction, le ministre de l’Environnement a affirmé qu’il ne possédait aucune information à ce sujet. « Je doute que quelqu’un ait été envoyé là-bas », a-t-il néanmoins estimé. À Bkerké, les députés haririens de Beyrouth, Ghattas Khoury et Bassel Fleyhane, ont évidemment apporté leur part d’eau dans le moulin des anti- reconductionnistes. « Un nouveau départ est nécessaire, et il doit se faire de l’avant et non vers l’arrière si l’on veut construire un avenir florissant, si l’on veut que la vie politique se renouvelle et qu’il y ait une espèce d’entente nationale autour des diverses constantes » sur lesquelles sont d’accord les Libanais. « Le Liban est capable aujourd’hui d’élire un nouveau président de la République », a poursuivi Ghattas Khoury, assurant que son collègue et lui-même ne se sont pas rendus à Bkerké pour convaincre le patriarche du bien-fondé des positions de Rafic Hariri. Enfin, c’est au micro de la LBCI que le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, a rappelé que le choix du parti de Dieu sur la présidentielle pourrait être connu « une heure ou un instant » avant l’échéance.
Chaque jour doit apporter désormais son lot de réactions, prises de position et autres commentaires au sujet d’une éventuelle reconduction d’Émile Lahoud à la tête de l’État. Et ce sont hier trois ministres et trois députés qui se sont employés, de l’extérieur comme de l’intérieur du pays, à défendre les thèses des deux camps : celui qui s’oppose à tout...