Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

À Tripoli et Sfiré, la cruelle attente de la famille

Tripoli, quartier Abou Samra et Sfiré, caza de Denniyé. Sixième jour d’attente pour la famille du caporal des Marines, Wassef Ali Hassoun. Mais l’attente et l’inquiétude de ce dimanche ne rassemblaient pas à celles des jours précédents. Tout au long de la journée d’hier, la nouvelle de la décapitation du jeune Américain d’origine libanaise, diffusée samedi en soirée par les médias arabes, n’a pu être infirmée ou confirmée. Et au lieu d’espérer une éventuelle libération ou de rêver à de belles retrouvailles, la famille Hassoun se posait une seule et unique question : est-il mort ou vivant ? De mardi à samedi, la famille avait passé son temps à lancer des appels de clémence aux ravisseurs, à effectuer des contacts auprès des instances musulmanes libanaises et irakiennes, et à s’adresser aux médias. Pas hier. Tripoli, quartier Abou Samra. Les habitants de la zone vous indiquent l’immeuble où vit la famille de Wassef, relevant cependant qu’elle « n’est pas là. Tous sont partis à Sfiré dans la nuit ». Pourtant, le frère du jeune Marine, Sami, 27 ans, employé de banque à Dubaï, venu au Liban au début de la semaine dernière, rencontre quelques journalistes, à l’entrée – et uniquement à l’entrée – du bâtiment. « Peut-être que les médias détiennent plus d’informations que nous », explique-il. « La nouvelle n’a pas encore été confirmée ; dans la nuit, j’ai contacté les Marines en Irak, ils ne savent pas si Wassef a été exécuté », dit-il. « Je n’ai pas encore mis mes parents au courant, mes deux frères Mohammed et Mazen qui se trouvent aux États-Unis ont – eux aussi – appris la nouvelle par les médias, tout à fait comme nous au Liban, ajoute-t-il. Je n’ai pas vu Wassef depuis deux ans. On a su qu’il avait été transféré au Moyen-Orient au début de la guerre d’Irak. » Sami ne veut pas parler de son frère, encore moins recevoir des journalistes à la maison. Il veut juste savoir si Wassef a été effectivement exécuté. Il veut aussi protéger sa famille. Son père, Ali, n’a pas été informé de la nouvelle de l’exécution, et sa mère, Halimé, qui habite avec ses fils à West Jordan dans l’État de l’Utah, est rentrée jeudi des États-Unis. Dans la nuit de samedi à dimanche, elle a été transportée à l’hôpital. Elle ne sait pas que son fils, enlevé par une faction fondamentaliste irakienne, aurait pu être décapité. « Ma mère est très fatiguée, elle vient de rentrer à la maison », déclare Sami, affirmant que ses parents se trouvent à Tripoli, chez des membres de la famille. S’en remettre à Dieu Caza de Denniyé, le village de Sfiré. Un immeuble fraîchement construit. Quelques voitures et une petite foule venue aux nouvelles. Halimé et Ali, les parents du jeune Marine, sont confinés dans l’un des appartements du troisième étage. Au rez-de-chaussée, les oncles et les cousins de Wassef reçoivent les visiteurs qui se sont déplacés jusqu’au village. « Que la volonté de Dieu soit faite », « Nul ne peut échapper à son destin ». Telles sont les phrases que l’on entend auprès de cette famille sunnite de Denniyé. Moustapha, l’oncle maternel de la victime, rappelle quelques faits : « Le 21 juin, il a été porté disparu par l’armée américaine. Le 28, la chaîne al-Jazira diffusait ses images où on le voit détenu par le Mouvement de la riposte islamique – branche armée de la résistance. Samedi en soirée, Ansar al-Sunna déclaraient l’avoir décapité, pour démentir l’information sur leur site Internet quelques heures plus tard. » « On ne sait plus que ou qui croire », soupire-t-il. Les cousins du jeune Marine évoquent l’Irak, « où la situation est pire que celle du Liban des années soixante-dix et quatre-vingt ; n’importe qui peut créer une faction armée, enlevant et exécutant des étrangers », disent-ils. Moustapha, qui est également le moukhtar du village, indique encore : « Son père ne savait pas qu’il était en Irak. Car, avant d’arriver à Falloujah, Wassef occupait le poste de traducteur auprès de l’ambassade des États-Unis au Koweït. » « Il y a trois semaines, il a appelé sa famille au Liban pour l’informer qu’il se trouvait à bord d’un navire de guerre entre l’Inde et le Pakistan », poursuit-il. « Pour ceux qui l’ont enlevé, Wassef est un Américain, un apostat. Ils sont incapables de le considérer comme un musulman arabe », relève calmement un septuagénaire, proche de la famille. Les autres, tous sunnites profondément croyants, acquiescent tout en remettant le sort de Wassef entre les mains de Dieu. Wassef Hassoun est né à Sfiré en 1980. Issu d’une famille de six enfants, il a quitté le Liban en 1999, pour rejoindre sa mère et deux de ses frères établis à West Jordan dans l’État de l’Utah, aux États-Unis. Naturalisé américain, il a rejoint, il y a un peu plus de deux ans, les rangs des Marines où il occupait un poste administratif. Wassef, traducteur auprès de l’armée américaine, devait rentrer prochainement au Liban pour épouser l’une de ses cousines. Patricia KHODER
Tripoli, quartier Abou Samra et Sfiré, caza de Denniyé. Sixième jour d’attente pour la famille du caporal des Marines, Wassef Ali Hassoun. Mais l’attente et l’inquiétude de ce dimanche ne rassemblaient pas à celles des jours précédents. Tout au long de la journée d’hier, la nouvelle de la décapitation du jeune Américain d’origine libanaise, diffusée samedi en...