Liban-Irak - Ansar al-Sunna dément la décapitation du caporal des Marines d’origine libanaise Le sort de Wassef Ali Hassoun toujours incertain

On ignore encore si Wassef Ali Hassoun, le Marine américain d’origine libanaise enlevé en Irak en juin dernier, est toujours en vie. Hier, en soirée, le sort du caporal des Marines demeurait incertain. Le groupuscule fondamentaliste Ansar al-Sunna, lié à el-Qaëda, a démenti hier l’avoir décapité, comme l’annonçait samedi deux sites Internet relevant d’autres groupements intégristes. Et jusqu’à hier soir, l’armée américaine, qui avait immédiatement mis en doute le contenu des communiqués de samedi, ne s’était pas prononcée sur le sort du Marine. Au contraire, elle restait optimiste. Hier matin donc, le site Internet du groupement fondamentaliste Ansar al-Sunna a indiqué que le texte publié samedi et annonçant la décapitation du Marine était faux. « Ce communiqué qui nous est attribué est infondé, même si nous considérons que le meurtre de ces impies est un sacrifice offert à Dieu. Tous nos communiqués sont publiés sur notre site Internet, les autres ne nous engagent pas », indique un message signé du « département de l’information de l’armée d’Ansar al-Sunna ». Deux sites Internet islamistes avaient publié samedi soir un communiqué qu’ils avaient attribué à Ansar al-Sunna, groupe proche d’el-Qaëda, annonçant que Wassef Ali Hassoun, Marine américain d’origine libanaise pris en otage fin juin en Irak, avait été décapité. « Nous vous informons qu’il a été procédé à la décapitation du soldat des Marines d’origine libanaise, Wassef Ali Hassoun, et que vous verrez bientôt de vos propres yeux une vidéo » de sa décapitation, lisait-on dans ce texte repris sur un autre site Internet islamiste. « Il entretenait une relation sentimentale avec une jeune Arabe et il a été entraîné en dehors de sa base » au moment de sa capture, indique le texte sans plus de précision. En outre, « nous présenterons prochainement une nouvelle vidéo de la capture d’un autre otage mécréant », ajoute le texte sans donner le moindre détail à ce sujet. Samedi, peu après la nouvelle connue de la diffusion du communiqué attribué à Ansar al-Sunna, le lieutenant-colonel T.V. Johnson, des Marines, s’était montré prudent. « Pour nous, il est capturé et personne ne peut spéculer sur son sort », avait-il dit. « Il n’y a aucune information qui corrobore cette décapitation annoncée », a affirmé hier un responsable militaire américain à Bagdad. Les Marines « recherchent tout ce qui peut ressembler à une preuve crédible », a-t-il indiqué, sous le couvert de l’anonymat. « Ils sont assez optimistes et restent convaincus qu’il est toujours vivant », a ajouté ce responsable, notant qu’il n’y avait pas de preuves photographiques de la décapitation de l’otage ni d’informations supplémentaires en dehors de celles données par les deux sites Internet. À Beyrouth, interrogé samedi en soirée par les journalistes, le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, avait vivement condamné la décapitation présumée de Wassef Ali Hassoun. Il s’agit d’un acte « barbare, immoral, inhumain et irreligieux », avait-il dit, soulignant que « ceux qui ont commis cet acte n’ont aucune religion. Ils se cachent derrière des slogans ». Hier, M. Obeid déclarait qu’il n’avait pas eu confirmation de la mort du caporal Hassoun. Une source au sein du ministère des AE avait pourtant déclaré un peu plus tôt que le Marine d’origine libanaise avait été tué, alors qu’à Bagdad, le chargé d’affaires de l’ambassade du Liban en Irak par intérim, Hassan Hijazi, avait contacté le ministère des AE pour l’informer de l’exécution du caporal Hassoun. Caporal de la première division des Marines dont l’unité est stationnée à Falloujah (50 km à l’ouest de Bagdad), Wassef Ali Hassoun, est porté disparu en Irak depuis le 21 juin. Son enlèvement avait été revendiqué le 27 juin sur la chaîne de télévision satellitaire qatariote al-Jazira par un groupe armé autre qu’Ansar al-Sunna. Se faisant appeler « Mouvement de la riposte islamique – branche armée de la résistance », ce groupe avait montré ce GI et menacé de le décapiter si tous les Irakiens détenus dans les prisons de la coalition n’étaient pas libérés. Il n’avait toutefois pas fixé de date d’expiration à cet ultimatum. Se présentant comme une alliance entre plusieurs groupuscules islamistes « jihadistes », Ansar al-Sunna a revendiqué les attentats antikurdes du 1er février qui ont fait plus de cent morts à Erbil, dans le nord de l’Irak. Plus récemment, il a revendiqué vendredi, via Internet, l’assassinat d’un fonctionnaire irakien tué jeudi à Bagdad et a sommé policiers et soldats irakiens de jeter les armes et de ne plus défendre « le gouvernement apostat » du Premier ministre intérimaire, Iyad Allaoui.