SOUDAN - Annan se rend aujourd’hui dans la région sinistrée Powell obtient des promesses de Khartoum d’agir au Darfour

Le secrétaire d’État américain Colin Powell a obtenu hier la promesse du gouvernement de Khartoum d’agir rapidement contre les milices qui lui sont alliées au Darfour, lors d’une visite au Soudan marquée par un passage dans la région sinistrée. M. Powell, lors de sa visite éclair au Darfour, a été assailli par des milliers de réfugiés désespérés dans un camp de personnes déplacées. À son retour à Khartoum, il a rencontré le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan à l’aéroport avant de quitter le Soudan. À New York, les États-Unis ont présenté au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution établissant un embargo sur les armes à destination des miliciens au Darfour, mais ne préconisant pas de sanctions contre le gouvernement soudanais. Le ministre soudanais des Affaires étrangères Moustafa Ismaïl a annoncé, lors d’une conférence de presse commune avec M. Powell à Khartoum, plusieurs mesures pour tenter de mettre fin à la crise dans le Darfour. « Nous ferons de notre mieux pour améliorer la sécurité au Darfour. Nous allons dépêcher davantage de forces de l’armée et de la police dans cette région. Nous allons combattre toute milice ou les Janjawid, afin de protéger les civils », a-t-il dit. Dans le même temps, le gouvernement va « lever toutes les restrictions sur l’aide humanitaire » et « accélérer le rythme des négociations politiques, et nous espérons parvenir à un accord avec les rebelles dans un laps de temps assez court », a encore promis le ministre. M. Powell a répondu qu’il était satisfait des décisions annoncées mais souligné qu’il voulait les voir appliquées. « J’ai dit clairement au ministre que la communauté internationale allait demeurer saisie de ce problème », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une résolution de l’Onu comprenant des sanctions « serait toujours une option » si le gouvernement du général Omar el-Béchir ne tenait pas ses promesses. M. Powell avait présenté mardi au général Béchir trois exigences pour régler la crise : contrôler les milices arabes progouvernementales accusées de massacrer la population, permettre aux organisations humanitaires d’y travailler et entamer des négociations avec les deux mouvements rebelles. Le secrétaire d’État a souligné lors de sa visite dans le camp de réfugiés d’Abou Chouk, proche d’al-Facher, principale ville du Darfour-Nord, que les États-Unis étaient « impatients de voir les Janjawid (milices arabes progouvernementales) ramenés sous contrôle et désarmés, pour que les gens puissent quitter les camps en sécurité et retourner dans leurs villages ». Plusieurs réfugiés du camp, où s’entassent 40 000 personnes, ont affirmé craindre retourner dans leurs villages, de peur d’être tués par les Janjawid. M. Powell a également rencontré à al-Facher dix membres de la force de l’Union africaine chargée de superviser le respect de l’accord de cessez-le-feu conclu le 8 avril à N’Djamena. Le principal mouvement rebelle du Darfour a réclamé le déploiement de forces internationales, estimant que la présence d’observateurs africains n’avait pas empêché les massacres au Rwanda ou au Burundi, et accusé l’armée régulière et les Janjawid de poursuivre leurs attaques contre la population. À Khartoum, 15 étudiants originaires du Darfour, qui tentaient de remettre un mémorandum à M. Annan réclamant une intervention internationale dans leur région, ont été blessés lors de heurts avec la police. M. Powell est le plus haut responsable américain à se rendre au Soudan depuis une brève escale du secrétaire d’État Cyrus Vance en 1978. Pour sa part, M. Annan doit se rendre aujourd’hui dans la région sinistrée du Darfour avant d’aller au Tchad, pays voisin du Soudan qui a donné asile à quelque 100 000 réfugiés. Il a aussi vu le personnel des agences de l’Onu et des ONG et devrait rencontrer demain le général Béchir. Le conflit qui a éclaté en 2003 au Darfour a fait environ 10 000 morts et un million de déplacés.