Rechercher
Rechercher

Actualités

RAPPORT - Transparency International établit un « top 10 » des chefs d’État ayant détourné le plus d’argent au monde L’Afrique toujours rongée par la corruption, mais les choses changent

Du simple policier qui demande un petit billet au chef d’État qui pioche dans les caisses, l’Afrique continue d’être rongée par la corruption mais, sous la pression des bailleurs de fonds et de la société civile, les choses commencent à évoluer. Selon le dernier rapport 2003 de l’organisation non gouvernementale Transparency International, le Bangladesh est le pays perçu comme le plus corrompu au monde, immédiatement suivi par le Nigeria, géant démographique et premier producteur de pétrole du continent. Cette organisation spécialisée dans la lutte contre la corruption place en bas de classement, en Afrique, par ordre décroissant de corruption, le Cameroun, l’Angola, le Kenya, la Libye, la Côte d’Ivoire, l’Ouganda, la Sierra Leone, le Congo-Brazzaville, le Soudan, la Tanzanie, la Gambie et l’Éthiopie. Dans le « top 10 » des chefs d’État ayant détourné le plus d’argent au monde, selon Transparency International, après les ex-présidents Mohammed Suharto (Indonésie) et Ferdinand Marcos (Philippines), l’ancien président du Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo, RDC) Mobutu Sese Seko occupe la troisième place. Il aurait ainsi détourné pendant son long règne (1965-97) quelque 5 milliards de dollars, avant d’être renversé par des rebelles. Une somme astronomique à comparer au produit intérieur brut par habitant, qui était de 99 dollars seulement en RDCongo en 2001. Juste derrière Mobutu vient l’ancien dictateur du Nigeria, Sani Abacha qui, en cinq ans de pouvoir (1993-98), aurait détourné entre 2 et 5 milliards de dollars, selon Transparency International. La corruption ne touche pas seulement les élites. Pour bénéficier de soins à l’hôpital, passer la douane, obtenir un document administratif, une ligne de téléphone, l’électricité ou un diplôme, des dessous de table sont souvent nécessaires. Pourtant, depuis la fin de la guerre froide, les choses ont changé. L’Afrique a perdu de son importance stratégique, et les bailleurs de fonds ne ferment plus les yeux sur des pratiques tolérées dans le passé au nom de la « lutte contre le communisme » ou contre le « grand capital ». L’aide publique a diminué, les investisseurs étrangers restent frileux. Pour tenter d’inverser cette tendance, plusieurs grands pays africains ont lancé en 2001 le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Objectif : sortir le continent du sous-développement, en attirant les investissements étrangers en contrepartie d’un engagement des États africains à la bonne gouvernance. Depuis lors, cette nécessaire « bonne gouvernance » ponctue inlassablement tous les discours officiels, et les organismes de lutte contre la corruption fleurissent un peu partout. Depuis la « vague démocratique » qui a progressivement touché le continent à partir du début des années 90, la société civile fait de plus en plus entendre sa voix. La presse gagne en liberté et en autonomie par rapport au pouvoir et n’hésite pas à dénoncer les scandales de la corruption. Au Kenya, les travaux d’une commission d’enquête publique sur le plus important scandale politico-financier depuis l’indépendance, l’affaire Goldenberg, sont ainsi relatés quasi quotidiennement par la presse. Et récemment, les photos et les noms des juges les plus corrompus ont fait la une des journaux. Quatre hauts fonctionnaires kényans ont été suspendus en mai dernier dans une enquête pour malversations lors d’un contrat pour l’impression des passeports et le contrôle de l’immigration.
Du simple policier qui demande un petit billet au chef d’État qui pioche dans les caisses, l’Afrique continue d’être rongée par la corruption mais, sous la pression des bailleurs de fonds et de la société civile, les choses commencent à évoluer.
Selon le dernier rapport 2003 de l’organisation non gouvernementale Transparency International, le Bangladesh est le pays...